La région située aux abords de la mer Méditerranée manque d’eau. Mais paradoxalement, les inondations y font souvent rage. Entre 1990 et 2006, la région a connu plus de 175 cas d’inondations. Mais aussi plus de 29 milliards d’euros de dommages et 4.500 décès. Ces phénomènes sont amplifiés par le changement climatique.
La région Méditerranéenne fait figure de « hot spot » du changement climatique. « En Méditerranée, le changement climatique est déjà observable, révèle Philippe Drobinski, Directeur du Laboratoire de Météorologie Dynamique de l’Ecole polytechnique. Sur les précipitations extrêmes, le changement est subtil mais déjà mesurable ». La région subit des records d’inondations et, paradoxalement, des sécheresses intenses en quantité grandissante ces dernières décennies. La tendance est significative, puisque les précipitations intenses augmentent d’environ 4% par décennie, selon les travaux du chercheur.
Si les précipitations extrêmes augmentent, la quantité totale d’eau déversée annuellement diminue. Depuis les années 1950, le nord de l’Europe subit une augmentation de la quantité d’eau des précipitations moyennes annuelles. Mais celle-ci a diminué jusqu’à 50 mm dans la région bordant la Méditerranée. La plupart des canicules extrêmes observées en Méditerranée et associées à des sécheresses ont eu lieu ces 15 dernières années.
Inondations contre sécheresses
Que nous disent les modèles climatiques régionaux sur les précipitations intenses pour la fin du siècle? La Loi de Clausus-Klapayron explique que plus l’air se réchauffe, plus il s’humidifie. « Si l’atmosphère est capable de contenir plus d’eau sous forme de vapeur, elle va en relâcher beaucoup plus lorsqu’elle va la condenser », explique Philippe Drobinski. Les précipitations pourraient augmenter de 5 % à 7 % par degré de réchauffement climatique pour la plupart des régions méditerranéennes. Cela entre les périodes 1970-1999 et 2070-2099.
En parallèle, selon les modèles climatiques régionaux, tout montre que les sécheresses vont augmenter en nombre et en sévérité. Et si ces phénomènes sont les plus visibles, le changement climatique, et notamment la montée des eaux qu’il engendre, auront des impacts plus pernicieux. Ils redessineront par exemple les côtes, en Camargue, dans Delta du Nil, etc.
De nombreux facteurs à l’oeuvre en Méditerranée
Outre le changement climatique, les canicules, les sécheresses et les inondations évoluent avec l’occupation des sols et le développement anthropique. Plusieurs causes sont à l’oeuvre : l’usage des terres, la croissance démographique, l’usage de l’eau non renouvelable, les échanges mondialisés, l’urbanisation et les développements socio-économiques.
Par ailleurs, une étude parue dans la revue Science en octobre 2016 estime que même si le réchauffement climatique était limité à 2°C en 2100 au niveau mondial, il atteindrait 3°C dans la région méditerranéenne. Les écosystèmes terrestres méditerranéens subiraient des conditions jamais atteintes au cours des dix derniers millénaires. La végétation évoluerait vers des états plus secs dans une grande partie du bassin. « Un réchauffement global de 3 °C induirait une migration du désert vers le nord de l’Afrique et une réduction des forêts alpines. Au-delà de 4 °C, la désertification s’étendrait au sud de l’Europe », estiment les chercheurs du CNRS.
Par Matthieu Combe, fondateur du webzine Natura-sciences
Source de l'article Natura Sciences
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