Des grands projets à la recherche d'investisseurs

Rien que pour financer les 44 projets liés à la dépollution de la Méditerranée, il faudrait plus de 2 milliards d'euros. Casse-tête en perspective.
De la construction d'une usine de traitement des déchets à Alexandrie à la réhabilitation des collecteurs d'eaux urbaines de Beyrouth, les projets susceptibles de donner chair à l'Union pour la Méditerranée sont légion. Aux quatre domaines déjà identifiés il y a deux mois dépollution de la Grande Bleue, autoroutes de la mer, lutte contre les catastrophes naturelles et développement de l'énergie solaire viennent de s'ajouter deux nouveaux objectifs : le renforcement de la coopération entre les entreprises et la création d'une université méditerranéenne.
Dimanche, enfin, certains pays de la rive sud, qui ne veulent pas que l'Europe décide à leur place, pourraient faire valoir leurs propres doléances.


Des capitaux privés en relais
Le blocage risque de se produire au moment de présenter la facture. Le financement des seuls 44 projets liés à la dépollution de la Méditerranée nécessiterait 2,1 milliards d'euros, a déjà prévenu la Banque européenne d'investissement (BEI), principal banquier du processus euroméditerranéen. Les 27 États membres de l'UE devraient se mettre d'accord pour ne pas piocher, sauf en dernier recours, dans les fonds communautaires dédiés à la politique de voisinage. Soit l'équivalent de 3 milliards d'euros affectés d'ici à 2010 à dix pays de la rive sud engagés dans des accords de coopération bilatéraux avec l'Europe. Pour leur part, les projets de l'UPM «permettront d'intégrer des acteurs non étatiques, la société civile, et les entreprises, a expliqué Benita Ferrero Waldner. L'Europe doit être un levier, les capitaux privés un relais.»

Avec plus de sept milliards d'euros déjà investis en Méditerranée depuis 2002, la BEI est sur les rangs. La Banque mondiale pourrait également être mise à contribution. Pour sa part, Paris songe à faire appel à des fonds souverains du Moyen-Orient, susceptibles d'être associés à des projets énergétiques. Enfin, la Caisse des dépôts française et son homologue italienne (Cassa Depositi et Prestiti) ont annoncé le lancement d'un fonds destiné à investir, à hauteur de 600 millions d'euros, dans les infrastructures urbaines, de transport et d'énergie.

À défaut d'être suffisantes, ces contributions institutionnelles sont indispensables, ne serait-ce que pour prétendre attirer, dans un second temps, des investisseurs de second rang. La complexité des projets de dépollution maritime, de même que la fragilité du cadre juridique prévalant, au sud, dans le domaine environnemental, sont susceptibles de dissuader les financiers, redoute la BEI. Les États eux-mêmes pourraient rechigner à garantir les emprunts. Le secrétariat de l'Union pour la Méditerranée sera chargé de la «recherche des financements et de la mise en œuvre des projets, au cas par cas», stipule le projet d'accord. Cette structure sera amenée à opérer des choix drastiques dans la liste.
Pierre Avril, correspondant à Bruxelles - Le Figaro.fr - le 11 juillet 2008

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