Pour la presse mondiale, l'Union pour la Méditerranée doit faire ses preuves

Nous en avions rêvé. L'Union pour la Méditerranée est maintenant une réalité." C'est la déclaration de Nicolas Sarkozy lors du sommet de l'Union pour la Méditerranée, dimanche 13 juillet, à Paris.
En apparence, cette rencontre était effectivement une réussite. Quarante-trois chefs d'Etat et de gouvernement réunis au Grand Palais, l'adoption de 6 "initiatives-clés", le rapprochement du président syrien Bachar Al-Assad et du premier ministre israélien Ehoud Olmert... Symboliquement, l'événement était à la hauteur des espérances.
Pour le quotidien burkinabé L'Observateur Paalga, "il faut donc reconnaître au moins à Super Sarko le mérite de faire s'asseoir autour d'une même table des personnalités qui ne veulent pas se voir même en peinture".

Couac au Club Med
Mais les applaudissements s'arrêtent là. La presse mondiale se méfie des apparences et souligne les fausses notes de ce qu'en Grande-Bretagne,
The Economist et The Independent surnomment "le Club Med".

"Il y a eu deux absences retentissantes, relève El Pais. Celle, annoncée, du Libyen Mouammar Kadhafi, et celle moins attentue, du roi du Maroc Mohammed VI, remplacé par son frère, le prince Moulay Rachid". Le journal algérien La Liberté avance une explication à cette absence : "Il fait l'impasse sur le sommet pour que la question sahraouie soit évacuée."

Autre polémique, la présence de Bachar Al-Assad. En Israël, Haaretz critique le fait que le président syrien soit "la nouvelle star" des festivités. "Il est l'homme qui a toutes les réponses aux conflits régionaux. (...) Dans le processus de paix avec Israël, il est considéré comme un brave type."

Au Liban, L'Orient-Le Jour est lui aussi sceptique : "La Syrie a-t-elle vraiment changé de comportement, s'est-elle enfin décidée à passer de la nuisance à la coopération positive ? La France de Sarkozy veut le croire, le Liban, lui, en chat bien échaudé, ne croit plus que ce qu'il voit."

"La nouvelle organisation n'a pas d'argent"
La presse mondiale aborde aussi de front les défis auxquels l'Union pour la Méditerranée devra faire face.

En première ligne, on trouve les problèmes de financement. Comme l'indique le directeur de l'Institut européen de la Méditerranée au Petit Journal (site d'information pour les expatriés français),"il n'y aura pas de financements supplémentaires" par rapport au processus de Barcelone.

Le Temps affirme que "la nouvelle organisation n'a pas d'argent". "Même si les financements de l'Union européenne pour la région sont maintenus, cela ne suffira 'sans doute pas', ajoute le quotidien suisse en citant Bernard Kouchner. Il faudra trouver les sommes manquantes ailleurs – les riches Etats du Golfe sont déjà considérés comme des bailleurs de fonds potentiels."
Enfin se pose la question de la gouvernance, comme l'indique le quotidien algérien
L'Expression : "Comment et en vertu de quoi la présidence du sommet est-elle revenue à Sarkozy et Moubarak? (...)

Quelle est la durée de leur 'mandat' ? Dans quel ordre se fera cette coprésidence tournante ? Que des questions sans réponse.

Même la décision du siège de l'Union est différée. Celui du secrétariat général aussi, ainsi que les prérogatives qui seront les siennes. Les discours anémiques faits par les quarante chefs d'Etat qui se partagent les 180 minutes qu'a duré la réunion au sommet hier après-midi n'ont pas dépassé les généralités." Et le journal d'ajouter que "la naissance de l'UPM à Paris risque de ne revêtir l'aspect historique que pour la France".

Marie Maurisse - Jouranl Le Monde - le 14 juillet 2008

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