Elisabeth Guigou : "L'Europe comme les pays du Sud ont intérêt à construire une Union plus étroite"

Elisabeth Guigou : "L'Europe comme les pays du Sud ont intérêt à construire une Union plus étroite

Le projet d'Union pour la Méditerranée a été officiellement lancée lors du Sommet de Paris du 13 juillet dernier, sous la Présidence de Nicolas Sarkozy, et en présence de 43 chefs d'Etat ou de gouvernement des pays d'Europe et du sud de la Méditerranée.
Députée de Seine-Saint-Denis et vice-présidente de la Commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale, Elisabeth Guigou, dans une publication du 6 juillet dernier, explique pourquoi elle soutient ce projet et précise les conditions de sa réussite.
Le 6 juillet dernier, une semaine avant le lancement officiel à Paris du
Projet d'Union pour la Méditerranée, la Fondation Jean-Jaurès a publié une étude, rédigée par Elisabeth Guigou, députée et vice-présidente de la Commission des Affaires étrangères à l'Assemblée nationale, intitulée "L'Union méditerranéenne : une belle idée à ne pas gâcher"[pdf]. Un texte en faveur de ce projet mais dans lequel l'ancienne Garde des Sceaux rappelle qu'un certain nombre de conditions doivent être réunies pour assurer sa réussite.

"L'alternative est claire pour l'Europe comme pour les pays du Sud : s'unir ou se marginaliser"
"L'Europe, comme les pays du Sud, ont intérêt à construire une Union plus étroite". C'est le constat établi par Elisabeth Guigou dans son étude sur le projet d'Union pour la Méditerranée. Elle s'exprime en faveur de ce projet de coopération entre les
Etats membres de l'Union européenne et les pays du pourtour oriental et méridional de la Méditerranée.La députée de Seine-Saint-Denis explique en effet que la plus-value d'un tel projet est importante, que ce soit pour les Vingt-Sept ou pour leurs partenaires du Sud.
L'Union européenne doit faire face au vieillissement de sa population, et "aura besoin de plus en plus du dynamisme démographique du Sud". Sur le plan économique, elle a de plus "intérêt à ne pas laisser le pétrole, le gaz, les métaux précieux, les marchés du Sud méditerranéen lui échapper au profit des Américains, des Chinois ou des Indiens".

Les pays du sud de la Méditerranée ont de leur côté "besoin d'emplois, de transferts de technologie, de logements, d'écoles et d'universités, de systèmes sanitaires performants". Autant de mesures d'aide que l'Union européenne peut leur importer dans le cadre de ce partenariat.

Elisabeth Guigou constate également que l'Europe comme le Sud de la Méditerranée doivent faire face à des défis importants, et de plus à court terme, comme "la crise alimentaire, le réchauffement climatique, les mouvements migratoires, l'insécurité, la poussée des extrémistes, le terrorisme et la mafia".

Une étroite coopération entre ces deux régions leur permettrait donc de relever ces défis et de "réussir quatre transitions : énergétique, climatique, démographique et politique".La députée socialiste considère donc que non seulement ce projet est une "belle idée", mais qu'il est de plus une nécessité, les deux régions n'ayant qu'une alternative "s'unir ou se marginaliser". S'il réussit, le projet d'Union pour la Méditerranée "peut être un grand projet pour l'Europe du XXIe siècle".

"L'Union pour la Méditerranée doit [développer] des projets concrets"
Elisabeth Guigou rappelle que ce projet de partenariat entre les pays de l'Union européenne a été lancé dès 1995, sous l'impulsion de Jacques Delors et Felipe Gonzalez, à Barcelone. Le processus de Barcelone regroupait 39 Etats en 2005.

Le processus de Barcelone a cependant été globalement insatisfaisant, notamment parce qu'il était trop inégalitaire, privilégiant les pays européens au détriment des pays du sud de la Méditerranée, mais également parce qu'il était trop bureaucratique.
L'auteur reconnaît que "Le Président de la République a eu le mérite de donner une impulsion politique décisive en lançant, en 2007, le projet d’'Union méditerranéenne' et en lui donnant une visibilité et une priorité fortes". Elle considère cependant que "cette belle idée a failli être gâchée".

En effet, Nicolas Sarkozy a, selon elle, commis l'erreur de construire ce projet en rupture avec le processus de Barcelone, et en impliquant seulement les pays du pourtour méditerranéen, les pays du Nord bénéficiant uniquement d'un statut d'observateur. Or "les pays du Sud ne voulaient pas la disparition du processus de Barcelone, ne souhaitaient pas se couper des pays européens du Nord, ni des financements accordés par la Commission et le Parlement européen".

Elisabeth Guigou soutient donc la nouvelle version du projet, présentée en mars dernier par la France et l'Allemagne, et intitulé par la Commission européenne "Processus de Barcelone : Union pour la Méditerranée", qui conserve les acquis de Barcelone, regroupe 44 Etats, et n'entend pas se substituer au processus d'adhésion de la Turquie.
Dans une lettre ouverte aux Chefs d’Etats de l’Union pour la Méditerranée, Elisabeth Guigou et ses co-signataires définissent les conditions du succès de l'UPM, "comme la parité Nord-Sud dans la préparation des projets, des décisions et dans la gouvernance". Ce projet doit également jouer un rôle dans la résolution des conflits au Proche-Orient

"L’Union pour la Méditerranée doit toucher les populations de la rive Sud endéveloppant des projets concrets qui leur soient directement utiles ".

Selon Elisabeth Guigou, certains projets sont prioritaires, comme l’éducation, la mise à niveau des systèmes de santé, l’accès à l’eau et à l’assainissement, la sécurité énergétique, la sécurité maritime etc.

Elisabeth Guigou considère que ces projets peuvent être financés sur fonds privés, publics ou mixtes, "les investissements transnationaux qui, aujourd’hui, portent pour l’essentiel sur des secteurs de rente (tourisme, immobilier) [devant] davantage irriguer le système productif."
Touteleurope.fr - le 17 juillet 2008

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