Afrique: Pour une réconciliation des états riverains de la 'grande bleue'

Lancement en fanfare pour l'union pour la méditerranée
Une quarantaine de pays représentant 800 millions d'habitants réunis à Paris : Nicolas Sarkozy a lancé en fanfare dimanche son Union pour la Méditerranée, dont il espère rien moins qu'une réconciliation de tous les Etats riverains de la 'Grande bleue'. Reste à savoir si, au-delà du succès du sommet de Paris, l'Upm fera mieux que le processus de Barcelone lancé en 1995 et dont elle s'inspire largement.

Les 43 pays européens et méditerranéens ont adopté 'à l'unanimité' une déclaration créant l'Upm à l'issue de quatre heures de réunion au Grand Palais. 'Nous en avions rêvé. L'Union pour la Méditerranée est maintenant une réalité', s'est réjoui Nicolas Sarkozy. 'Il fallait quelqu'un qui prenne des risques et puis le cercle vertueux s'engage', a-t-il espéré. Co-présidée par Nicolas Sarkozy et le président égyptien Hosni Moubarak, l'Upm réunit la totalité de l'Union européenne et les Etats de la rive sud de la Méditerranée, dont l'Algérie, le Maroc, Israël, la Syrie ou le Liban, ainsi que l'Autorité palestinienne. Seule la Libye a refusé d'y participer. Si le mandat du co-président de la rive Sud a été fixé à deux ans, celui du co-président du Nord reste flou, alors que l'Ue est dans un no man's land juridique depuis le rejet du traité de Lisbonne par les Irlandais. L'Upm tiendra un sommet tous les deux ans. Le lieu où siègera son secrétariat sera fixé lors d'une réunion des ministres en novembre.

Les Etats-membres sont tombés d'accord sur six premiers projets concrets 'à géométrie variable' : l'implication de tous les Etats n'est pas automatique, chacun restant libre de décider de participer ou non à l'un ou l'autre. Pour le reste, l'Upm reprend largement les acquis du processus de Barcelone. Son nom officiel est d'ailleurs 'processus de Barcelone : Union pour la Méditerranée', alors que cette structure était dans l'impasse en raison des conflits régionaux. Mais il y a 'deux nouveautés', a insisté Nicolas Sarkozy : 'une volonté d'égalité entre le Nord et le Sud' symbolisée par la co-présidence et 'une volonté de se retrouver autour de projets concrets'.

Le président français a qualifié ce sommet de 'succès', alors que la chancelière allemande Angela Merkel saluait un 'très bon départ' pour l'Upm. Nicolas Sarkozy a surtout insisté sur la présence à la même table de la quasi-totalité des pays arabes concernés, dont le président syrien Bachar el-Assad, et du Premier ministre israélien Ehoud Olmert. 'Pendant quatre heures (...) personne ne s'est levé pour partir (...) Il n'y a pas eu d'éclats de voix'.

Certes, mais le président syrien n'était pas présent pour le discours du Premier ministre israélien Ehoud Olmert lors de la séance plénière, selon deux représentants du gouvernement israélien. Il a été 'très présent tout au long de l'après-midi', a rétorqué le président français. 'Personne n'a fait d'incident ou quoi que ce soit', a-t-il assuré. 'Si M. Assad a par exemple des pourparlers, s'il a des choses à faire à l'extérieur de la salle, où est le problème?', a estimé de son côté Hosni Moubarak.

Israël et la Syrie ont récemment repris des discussions indirectes de paix sous la médiation de la Turquie mais le président syrien a laissé entendre que des discussions directes n'étaient pas encore pour bientôt. De poignée de main entre MM. Assad et Olmert, il n'a jamais été question à Paris et il n'y a eu aucune photo de famille du sommet. Le roi du Maroc Mohammed VI était quant à lui absent, ce qui lui a évité de côtoyer le président algérien Abelaziz Bouteflika. Mais 'le Maroc était représenté', a insisté Nicolas Sarkozy.

Le succès de l'Upm dépendra surtout de l'avancée des discussions de paix dans la région. 'Pour nous, la priorité, c'est la paix, et il ne pourra y avoir de coopération économique efficace sans elle', a d'ailleurs prévenu Bachar el-Assad. La question du financement des projets reste aussi posée. 'Il y a beaucoup d'argent disponible pour le processus de Barcelone qui n'a pas été dépensé jusqu'à maintenant', a souligné Angela Merkel, en évoquant une somme de 13 milliards d'euros. Mais pour Abdelaziz Bouteflika, 'il est tout à fait clair que les difficultés auxquelles se heurtera l'Union pour la Méditerranée se situeront d'abord au niveau du financement des actions projetées'. 'Nous allons travailler sur le financement' d'ici le mois de novembre, a assuré Nicolas Sarkozy.

En attendant, la quasi-totalité des dirigeants présents assisteront lundi au défilé militaire du 14-Juillet. A la tribune présidentielle siègeront donc à la fois Bachar al-Assad, Ehoud Olmert et le président de l'Autorité palestienne Mahmoud Abbas.

Naissance de l'union pour la méditerranée : L'Upm est fondatrice d'un ordre 'régional rénové', assure le Roi du Maroc
Le Roi du Maroc, Mohammed VI, un des grands absents, dimanche, au sommet de Paris qui a signé l'acte de naissance de l'Union pour la Méditerranée (Upm), a tenu à assurer le président français, Nicolas Sarkozy, de son soutien, qualifiant son initiative de 'louable' et de 'fondatrice d'un ordre régional rénové'. C'est une 'initiative louable, fondatrice d'un ordre régional rénové et génératrice d'une dynamique partenariale vertueuse dans cette région, berceau des religions monothéistes et creuset des civilisations ancestrales', a estimé le souverain chérifien dans un message remis au chef de l'Elysée par son frère, le Prince Moulay Rachid, qui le représente à ce sommet.

'Le Royaume du Maroc, qui a soutenu votre initiative, depuis son lancement, a été très sensible au choix que vous aviez porté sur la ville de Tanger pour y prononcer, en octobre dernier, votre discours historique. Par ce geste fort, vous aviez conforté l'engagement méditerranéen constant et indéfectible du Royaume', lit-on en substance dans le texte, hautement 'significatif', aux yeux des observateurs dans la capitale chérifienne. 'La démarche pragmatique adoptée, le mode de gouvernance paritaire préconisé et l'ouverture projetée sur de nouveaux acteurs territoriaux ou de la société civile, ont suscité notre pleine adhésion au projet et justifié notre active et constructive implication dans les différentes phases de son élaboration', a encore précisé le Roi Mohammed VI, dont l'absence a surpris les observateurs au regard du rôle joué par le Maroc pour la mise en route de ce projet. Les relations entre la France et le Maroc sont 'au beau fixe', a indiqué une source de l'Elysée citée par la presse officielle marocaine en allusion à l'absence du souverain chérifien. Le Roi Mohammed VI était, fin juin dernier, en visite privée en France durant laquelle il a rencontré le président Sarkozy, rappelle-t-on.
C'est dans la ville marocaine de Tanger (nord) que le président français, Nicolas Sarkozy, a lancé, le 23 octobre dernier, ce projet qui se veut une plateforme 'idoine' de coopération multidimensionnelle entre le Nord et le Sud via notamment les pays qui se partagent le pourtour méditerranéen. C'est dans la ville impériale de Fès (nord est du Maroc), en juin dernier, que le projet a été mûrement réfléchi en présence d'un florilège d'experts des deux rives de la Méditerranée pour notamment éviter les blocages et dépasser les hésitations.
Wal Fadjri Sénégal -le 14 juillet 2008

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