L’Union pour la Méditerranée, ou bien le “nouveau processus de Barcelone”, a suscité un débat polémique portant sur les différentes facettes et volets d’intervention de ce projet.
L’objectif ultime : consolider et accélérer la croissance et favoriser le développement durable des pays du Sud notamment. La réalisation des grands projets structurels et la mise en réseau de la technologie et du savoir-faire pour tous les pays méditerranéens, ainsi que le renforcement du partenariat public-privé semblent les solutions les plus appropriées pour réussir ce projet et réaliser ses objectifs du développement souhaité dans toute la région.
Le développement ciblé par ce projet porte pour une grande partie sur l’amélioration du partenariat économique. Le volet économique a été explicitement identifié et débattu dans un atelier de réflexion organisé dans le cadre de la table ronde de Réalités à laquelle des personnalités économiques et politiques ont participé pour étudier les perspectives et les enjeux de l’UPM.
M. Chakib Nouira, qui a présidé l’atelier dédié au volet économique, a souhaité dans son intervention que l’UPM soit une union de grands projets. Il a insisté sur l’importance de la participation du secteur privé dans la réussite du projet. Il a appelé à ce que le partenariat économique ne se limite pas aux secteurs publics-publics. Il faut penser à faire participer le secteur privé et les entreprises privées du Sud.
Trois défis à relever...
Les participants sont tout à fait d’accord que ce sont les opérateurs qui font l’intégration et non pas les politiques. Ils ont convenu que la Méditerranée dispose d’une importante richesse susceptible d’être développée encore dans le cadre des grands projets.
Évoqués par les participants, les défis qu’ils devraient relever sont de l’ordre de trois. Il s’agit en premier lieu d’augmenter les IDE en vue de créer plus de nouveaux emplois. Le besoin de la création d’emplois est significatif dans la région du Sud, qui souffre d’un taux élevé de chômage.
Et le dernier défi est le transfert de la technologie vers les pays du Sud en vue de pérenniser leur processus de développement économique et d’améliorer leur compétitivité régionale.
Deux problèmes sont identifiés au niveau du développement des investissements des pays du Nord dans les pays du Sud.
Ils s’articulent autour du choix des projets et du financement. Les participants ont appelé à la création de fonds structurels pour financer des projets de développement dans la région. Le problème du recul de la croissance dans les pays du Sud se résume selon les participants dans la baisse, voire l’insuffisance du financement européen pour les projets dans la Méditerranée.
Il y a une opportunité de favoriser le partenariat économique dans le cadre de l’UPM, axé sur des volets spécifiques tels que la coopération en matière d’économie du savoir et de la recherche scientifique. La mise en réseau des universités et des pôles de compétitivité devrait se concrétiser dans le cadre du partenariat à long terme prôné par le nouveau processus de Barcelone.
L’amélioration des conditions de la recherche-développement dans les pays du Sud ainsi que le renforcement de leur accès à la technologie des pays du Nord, sont les seules solutions pour lutter contre la fuite des cerveaux sud-méditerranéens. Les participants ont proposé trois facteurs clés pour réussir le nouveau partenariat. Il s’agit de miser davantage sur le capital humain, de développer l’investissement et de renforcer la productivité et dynamiser les économies de la rive sud. L’amélioration de ces indicateurs constitue, selon les intervenants, le fruit attendu par les pays du Sud, comme la Tunisie, de ce projet euro-méditerranéen.
L’UPM doit octroyer plus de fonds
M. Ahmed Ben Arfa, ancien ambassadeur, a considéré que le projet du Président Sarkozy consiste à passer à une union fondée sur les grands projets. Mais il faut, selon M. Ben Arfa, déterminer les bons projets ainsi que disposer du financement requis.
Plusieurs objectifs de développement social, comme la réduction de la pauvreté, la baisse du chômage, n’ont pas été atteints dans le Processus de Barcelone. Pour rattraper ce retard de développement, l’UPM doit octroyer plus de fonds.
Selon M. Ben Arfa, le budget provisoire de l’UPM n’est pas au diapason de la réalisation des défis. Il y a des secteurs qui nécessitent d’être renforcés pour assurer le développement, tels que l’agriculture.
Pour M. Fouad Lakhoua, président de la Chambre de Commerce tuniso-française, cette union pourra aboutir à de grands projets dans l’environnement et dans l’eau notamment. Il a ajouté aussi qu’il faut laisser les sujets politiques à part et se concentrer sur la réalisation des grands projets.
L’absence du secteur privé dans les grands projets du partenariat économique Nord-Sud réside dans le déséquilibre entre les entreprises du Nord et celles du Sud de la Méditerranée au niveau de la capacité et de la taille. Presque la majorité du tissu industriel de cette région est composé de PME. Les activités lourdes et stratégiques sont encore détenues par l’Etat.
Les entreprises privées, selon M. Salah Hannachi, ancien ambassadeur et économiste, n’ont pas suffisamment de capacité financière pour entrer dans des méga-projets concernant notamment l’infrastructure. M. Hannachi a soulevé un point relatif à l’approche de M. Sarkozy.
Il a souligné que M. Sarkozy n’est pas devenu soudain méditerranéen mais son projet de l’Union pour la Méditerranée vient pour rassembler les efforts méditerranéens autour de la lutte contre la menace de l’expansion asiatique en l’Europe.
Ce projet vise essentiellement, selon notre interlocuteur, à augmenter la compétitivité de la région méditerranéenne pour faire face à la concurrence asiatique sur tous les plans.
Le partenariat devrait concerner non seulement la compétitivité économique mais le renforcement des liens d’appartenance à la région. Il est nécessaire de développer une alternative de vie commune s’inspirant d’une culture riche en vue de faire face au modèle asiatique.
L’Europe est une passerelle vers la mondialisation M. Jean-Louis Reiffers, universitaire français, a considéré dans son intervention que la Méditerranée n’est pas vraiment une zone d’attraction forte sur le plan économique par rapport aux autres zones dans le monde. C’est pour cela qu’il est temps d’investir dans le cadre du projet de l’UPM dans le business en matière d’ancrage et d’attractivité. Il faut réduire les risques et augmenter la productivité pour réduire le niveau de pauvreté. Il faut faire des zones franches partout.
Il faut aménager les procédures pour créer des entreprises dans la région sud-méditerranéenne.
Par ailleurs, toujours selon M. Reiffers, les pays du Sud ne devraient pas concentrer toutes leurs relations d’affaires avec l’Europe. Ils sont invités à nouer des partenariats et effectuer des expériences en matière d’investissement au-delà de l’Europe.
Les pays méditerranéens qui se sont orientés vers l’Asie et la Chine en particulier ont réussi à améliorer leur positionnement sur le marché mondial en plus du marché européen. Pour M. Tahar Sioud, ancien ministre, le développement durable exige d’un pays comme la Tunisie d’être compétitif et attractif en matière d’IDE et des réformes structurelles. Concernant le partenariat avec l’Europe dans sa future édition de l’UPM, M. Sioud a estimé que l’Europe doit manifester réellement son soutien au développement des pays du Sud. « Il faut également que le soutien politique soit manifesté par les pays européens », a-t-il ajouté.
Tous les participants ont convenu qu’il y a un manque de visibilité dans le volet de partenariat économique proposé dans l’UPM. Des problèmes devraient d’urgence être soulevés tels que la réduction de la pauvreté et la création de plus d’emplois en vue de réduire le taux de chômage et maitriser le flux d’émigration de jeunes vers le Nord.
Imed Marzouki - Réalités On line - le 9 juillet 2008
Imed Marzouki - Réalités On line - le 9 juillet 2008
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