Issaâd Rebrab s'exprime sur l'Union pour la Méditerranée

Comment intensifier les relations d'affaires entre les deux rives de la Méditerranée ?
Il faudrait développer des partenariats gagnant-gagnant entre les entreprises des deux rives de la Méditerranée. Il faudrait aussi assurer un certain équilibre dans les échanges commerciaux. Un exemple : l'accord de libre-échange entre l'Union européenne et l'Algérie a créé un déséquilibre flagrant au détriment de l'Algérie. L'UE peut exporter vers l'Algérie 150.000 tonnes de sucre blanc par an à un taux nul de droits de douane et l'Algérie n'a pas le droit d'exporter vers l'Europe un seul kilogramme de sucre ! Les exemples similaires sont malheureusement nombreux. Nous avons demandé que l'accord de libre-échange entre l'Algérie et l'UE soit révisé pour plus d'équilibre dans les échanges commerciaux entre les deux parties.
Qu'attendez-vous de l'UPM, qui est en fait le prolongement de l'Euromed, dont les résultats depuis treize ans sont jugés mitigés ?
Nous attendons du concret. Nous avons des projets importants à soumettre à l'UPM. Par exemple, dans l'énergie solaire, 1 % de la surface du Sahara peut couvrir les besoins de l'Europe en électricité. Dans l'industrie, nous avons un projet de réalisation d'un pôle de compétitivité et d'excellence sur 5.000 hectares à Cap Djinet près d'Alger. Nous pensons que l'UPM pourrait aider à les réaliser. Il faudra du temps à l'UPM, mais je suis très confiant en l'avenir de cette organisation. Les pays de la Méditerranée ont un destin commun. Si l'Europe veut peser sur l'échiquier mondial, elle doit absorber les pays du sud de la Méditerranée et même l'Afrique.
Le partenariat euro-méditerranéen n'a pas bien fonctionné dans le cadre de l'Euromed. Pourquoi fonctionnerait-il avec l'UPM ?
Nous avons compris pourquoi le processus de Barcelone a échoué. Aujourd'hui, avec l'UPM, il y a une meilleure volonté politique. Les pays du sud de la Méditerranée n'ont plus de problèmes d'argent, mais un problème de ressources humaines, d'encadrement et de management. Si l'Europe veut la stabilité des populations de la Méditerranée, il faudrait développer les pays du Sud. L'Europe va perdre d'ici à 2050 près de 40 millions d'habitants pendant que les populations des pays de la rive sud de la Méditerranée augmenteraient de 40 millions d'habitants.
Journal La Tribune - le 11 juillet 2008

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