Le lancement ce dimanche à Paris de l’Union pour la Méditerranée aura au moins le mérite d’ouvrir un débat sur l’avenir des relations entre les divers pays du pourtour méditerranéen et la place des opinions publiques nationales dans l’évolution des rapports au sein de cet ensemble géographique bigarré et sujet à une instabilité chronique.
Il est à regretter, dès à présent, que certaines puissances européennes non méditerranéennes, dont l’Allemagne, se soient substituées dès le départ aux pays méditerranéens pour imposer leur diktat au sujet des contours de cet ensemble, dilué à bon escient dans un espace européen s’étendant jusqu’au cercle polaire.
Pourtant, l’expérience précédente d’association issue du processus de Barcelone a été un échec patent dont on n’a pas cherché à tirer les conséquences.
C’est la raison pour laquelle règne un profond scepticisme quant à la capacité de la future union à dépasser la conception européocentriste des relations nord-sud, perçues d’abord comme un instrument de perpétuer la suprématie des plus forts sans remettre en cause l’héritage post-colonial.
C’est la raison pour laquelle cette entreprise soulève peu d’enthousiasme chez les peuples du pourtour méditerranéen qui, au nord comme au sud, doivent faire face aux conséquences destructrices de la mondialisation ultralibérale qui laisse peu de place à l’initiative régionale et à la prise en compte des intérêts nationaux.
C’est dire que la tâche des concepteurs de cette union et de ceux qui assumeront la responsabilité de la gestion de ses institutions ne sera pas facile, tant est qu’ils aient réellement la volonté d’en faire un véritable instrument de coopération entre les pays du pourtour méditerranéen.
Et d’abord pour œuvre à l’éclosion d’un climat de confiance et de compréhension mutuelle pour pouvoir dépasser les blocages qui menacent la stabilité et la paix dans la région, à commencer par la question palestinienne. Si pratiquement l’ensemble des pays arabes ont bien accepté de prendre part au sommet de Paris, aux côtés du représentant israélien dont le pays continue à occuper les territoires palestiniens et le Golan syrien et à étouffer les libertés du peuple palestinien soumis à un blocus inhumain, c’est pour donner la preuve de leur disposition à tout mettre en œuvre pour faciliter la solution définitive du conflit israélo-palestinien et ouvrir la voie à une ère nouvelle porteuse d’espoirs pour tous les peuples de la région.
Il est donc de la plus grande importance pour la crédibilité de la future union pour la Méditerranée qu’elle se dote de moyens en mesure de contribuer à faire avancer le processus de règlement de ce conflit et d’éviter de faire la politique de l’autruche en laissant aux seuls Etats-Unis d’Amérique le soin de régenter la région.
Cependant, il appartient aux forces démocratiques dans les divers pays de l’UPM d’agir pour impulser une orientation progressiste à ce regroupement tricontinental afin qu’il puisse, un tant soit peu, faire évoluer la situation des relations entre ses Etats dans le sens de privilégier le dialogue, la coopération mutuellement avantageuse et le respect des valeurs d’humanisme et de démocratie.
Encore faudrait-il que certaines «têtes pensantes» du Nord, qui se croient investies d’une mission civilisationnelle, abandonnent leur attitude arrogante de vouloir dicter leur modèle sans tenir compte des réalités qu’ils ignorent le plus souvent, comme c’est le cas pour l’affaire du Sahara marocain où une certaine gauche, prisonnière de ses préjugés anti-marocains, continue à contrecarrer les efforts de la communauté internationale pour la mise en œuvre des résolutions onusiennes soutenant l’initiative marocaine d’une autonomie des provinces sahariennes.
Il faut regretter d’ailleurs, que l’instance de coordination des parties de gauche de la Méditerranée constituée depuis une dizaine d’années ait restreint ses activités et ne soit pas parvenue à mettre en œuvre son ambitieux plan d’action en faveur du développement des liens d’amitié, de solidarité et de coopération des peuples du pourtour méditerranéen.
C’est peut-être le moment d’y penser.
C’est peut-être le moment d’y penser.
Par Ahmed ZAKI - Al Bayane.Maroc - le 15 juillet 2008
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