Pour une participation active de l’Algérie à l'Union pour la Méditerranée

Relatif à un sujet délicat et d’une extrême actualité pour le présent et le futur de l’Algérie, il s’agit d’analyser en toute objectivité l’urgence d’un dialogue fécond entre la rive Nord et la rive Sud, objet du sommet de l’Union pour la Méditerranée (UPM) qui se tiendra à Paris le 13 juillet 2008 en présence de nombreux chefs d’Etat, étant une chance pour le développement, la paix et la sécurité de la région, si l’on dépassionne les relations.
Je rappelle que l’Algérie est liée à un accord de libre-échange avec l’Europe depuis le 1er septembre 2005 et qu’elle espère adhérer à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) en plus des autres pays comme l’Autorité palestinienne depuis le 1er/07/1997 - l’Egypte depuis le 1er/06/2004 - Israël depuis le 1er/06/2000- la Jordanie depuis le 1er/05/2002- le Liban depuis le 1er/03/2003-le Maroc depuis le 1er/03/2000-la Tunisie depuis le 1er/03/1995-la Turquie depuis le 31/12/1995 et la Syrie toujours en négociation, la Libye ayant le statut de membre observateur depuis 1999.
Certes, il faut reconnaître que le résultat du processus de Barcelone dont la responsabilité est partagée des deux rives de la Méditerranée est mitigé, et ce, d’autant plus que le bilan réalisé par la Commission européenne elle-même qui note que même si l’Union européenne reste le principal partenaire commercial de la région moyenne 2006/2007, plus de 50% du commerce régional est à destination de l’UE, le plus important investisseur étranger (36% des IDE). Mais la coopération économique interrégionale atteint seulement 15% de son potentiel et reste le moins élevé au monde pour une région de cette importance.
Autre problème épineux, la libre circulation des personnes, le partenariat euro-méditerranéen n’ayant pas réussi à répondre aux défis migratoires et aux besoins de développement humain dont la dernière en date est le vote sur l’immigration par le Parlement européen le 18 juin 2008 qui ne fait qu’accroître les tensions relatifs à l’aspect clef de la libre circulation des personnes, d’où l’importance d’une autre vision stratégique afin de pouvoir répondre à de nouveaux défis.
Aussi, est-il posé la question suivante : l’UPM apporte-t-elle des réponses à ces questions vitales d’autant plus que le non irlandais au traité de Lisbonne le 13 juin 2008 en cas de blocage aura des répercussions tant sur la future construction européenne que sur le processus de Barcelone et le projet du président Nicolas Sarkozy qui, rappelons-le, initialement devait concerner que les riverains de la Méditerranée et qui a été profondément remanié à l’initiative de l’Allemagne pour devenir le projet pour l’Union de la Méditerrané élargie à l’ensemble des 27 pays de la CEE qui seront présents à Paris le 13 juillet 2008, donc un déséquilibre entre la représentation de l’Europe et des pays du Sud de la rive de la Méditerranée qui partent en ordre dispersé d’où d’ailleurs l’urgence notamment de l’intégration maghrébine.
Entre la lointaine et très présente Amérique et la proche et bien lointaine Europe (tout en n’oubliant pas les pays émergents comme la Chine, l’Inde, la Russie à travers la stratégie de Gazprom, ou le Brésil qui risquent de bouleverser dans un proche avenir la carte géostratégique mondiale), quelle attitude adopter et quel choix faire pour l’Algérie qui sort d’une épreuve particulièrement éprouvante et tragique ? Interpellée et sollicitée, l’Algérie s’interroge légitimement sur le rôle, la place ou l’intérêt que telle option ou tel cadre lui réserve ou lui offre, qu’il s’agisse des résultats du processus de Barcelone, de l’initiative de l’Union pour la Méditerranée, du dialogue méditerranéen, de l’Otan ou du partenariat euro-méditerranéen en matière de sécurité et de défense, dont le projet UPM inclut ce volet.
Partie prenante de cette zone économique dont la dépendance énergétique accrue de l’Europe (plus de 70% horizon 2020), l’Algérie (avec la Russie et la Norvège) y contribue, ayant prévu une exportation de 85/100 milliards de mètres cubes gazeux algériens, notamment à travers les réseaux Galsi ( Italie) et Medgaz (Espagne) ainsi que le projet de gazoduc (Nigal), entre le Nigeria et la côte méditerranéenne qui s’inscrit dans l’esprit de la Nouvelle initiative pour le développement durable en Afrique (NEPAD). Par ailleurs, partisane du dialogue méditerranéen (DM), l’Algérie agit en fonction d’un certain nombre de principes et à partir d’une volonté avérée de contribuer à la promotion de la sécurité et de stabilité dans la région et sans se départir de ses positions et de ses principes traditionnels relatifs aux droits des peuples, au respect du droit international et à celui de la légitimité internationale incarnée par l’Organisation des Nations unies.
Encore que des efforts importants restent à faire pour adapter la diplomatie algérienne face aux nouvelles mutations mondiales du fait que les nouvelles relations internationales ne se basent plus sur des relations personnalisées entre chefs d’Etat et la situation géographique, mais sur la puissance économique et des réseaux influents.
Face à ces situations, la participation officielle à ce sommet du président algérien Abdelaziz Bouteflika traduit la volonté politique de l’Algérie d’une action active au niveau de la scène internationale car il n’est pas souhaitable la chaise vide qui isolerait le pays.
Aussi, je pense que l’Algérie pour défendre ses positons a eu raison d’assister à cet important forum d’autant plus que les principaux concernés directement par le conflit israélo-arabe, à savoir le Liban, la Syrie, l’Etat palestinien et l’Egypte qui par le passé a payé un lourd tribut, seront présents.
Car c’est au sein d’une organisation que l’on défend efficacement ses positions, un pays seul étant insignifiant, surtout lorsqu’il ne pèse pas économiquement, en rappelant des exemples ou au sein de l’OMC, certains pays latino-américains ont pu condamner les USA pour certains litiges commerciaux, ce qui n’aurait pas été possible s’ils avaient été en dehors de cette organisation.
Cependant, comme je l’ai soutenu dans d’autres écrits nationaux et internationaux sur ce sujet, cette initiative ne pourra apporter une valeur ajoutée durable au processus de Barcelone qu’à trois conditions.
Premièrement que si des projets concrets, datés avec leur mode de financement se réalisent permettant par des actions concrètes de promouvoir la synergie de systèmes privés, politiques et administratifs, afin de développer une coopération pour un développement durable.
Deuxièmement au moment de la consolidation des grands ensembles outre la synchronisation de l’efficacité et l’équité entre le Nord et le Sud, il s’agit de favoriser l’intégration du Maghreb arabe, étant suicidaire pour chaque pays de faire cavalier seul, par la consolidation de l’Etat de droit et la démocratie et de l’économie de marché concurrentielle solidaires tenant compte à la fois de la protection de son environnement, enjeu du XXIe siècle, et de ses avantages comparatifs au sein de l’espace euro-méditerranéen et arabo-africain, son espace social naturel.
Enfin troisièmement, tenant compte de l’influence décisive qu’y exercent les Etats-Unis, une paix durable au Moyen-Orient, berceau des civilisations afin de faire du bassin méditerrané un lac de paix et de prospérité partagé où seront bannis l’extrémisme, le terrorisme et la haine, passant par la symbiose des apports de l’Orient et de l’Occident et donc le dialogue des cultures, le judaïsme, le christianisme et l’islam étant des religions de tolérance. Espérons donc une vision commune intégrant les rapports sociaux, loin d’une vision purement mercantile car une seule main ne saurait applaudir.
Docteur Abderrahmane Mebtoul, professeur d’université en sciences économiques (managment stratégique), expert international - LaNouvelleRepublique.com - le 10 juillet 2008

NB :
Voir concernant le projet de l’Union de la Méditerranée (UPM), les différentes contributions de Abderrahmane Mebtoul disponibles sur les sites internet google et yahoo.
1- Les cinq conditions pour la réussite de l’UPM site journal électronique «tout sur l’Algérie» mars 2008 reproduction de la contribution au forum de l’Unesco paris France 28/30 février 2008 sur la réunion des experts pour l’UPM
2- Le Maghreb face au projet de l’Union pour la méditerranée – site Paris France Ujem (Union des jeunes entrepreneurs euro-maghrébins) avril 2008
3- Le projet de l’Union pour la Méditerranée apporte-t-il une valeur ajoutée par rapport au processus de Barcelone pour les pays du Maghreb ? Site Paris France Ujem mai 2008
4- Les pays du Maghreb face à la problématique de la défense et de la sécurité en méditerranée- site Paris France Ujem juin 2008Abderrahmane Mebtoul , ex-émigré, est titulaire d’un doctorat d’Etat en sciences économiques depuis 1974 ayant effectués ses études primaires -secondaires, supérieur à Lille (France) ex président du Conseil national des privatisations avec rang de ministre délégué ( 1996/1999). A été conseiller des ministères de l’Industrie –Energie de 1974/1979- 1990/1995- 2000/2005 et directeur central des études économiques et premier conseiller à la Cour des comptes de 1980/1983. Est expert international et professeur en management stratégique à l’Université d’Oran ; auteur de 12 ouvrages sur l’économie ayant animé de nombreuses conférences internationales.

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