1. Etat des lieux des risques naturels et technologiques
Les pays méditerranéens sont confrontés à des risques de même nature en termes de protection civile. Depuis quelques années, on assiste dans la région, à une forte croissance des sinistres liés à des risques naturels et technologiques.
L’augmentation du risque de catastrophes naturelles ou d’origine humaine nécessite de renforcer les actions en Méditerranée en permettant d'augmenter la capacité des Etats à répondre rapidement à toute catastrophe d'envergure.
Les risques naturels
Les risques sismiques sont très importants en Méditerranée et présents dans l’ensemble de la zone. La zone sismique la plus sensible va de l’Italie à la Grèce, et du Maghreb au Proche-Orient. L’Algérie et le Maroc sont les deux pays les plus touchés ces dernières années par les tremblements de terre.
En Algérie, le tremblement de terre de Boumerdès, le 21 Mai 2003 a provoqué la mort de 2278personnes et fait 10147 blessés.
Au Maroc, le tremblement de terre d'El-Hoceima, le 4 février 2004 a fait 628 victimes.
Les inondations, caractéristiques des pays méditerranéens, sont liées aux averses exceptionnelles. On distingue deux types d’inondations.
L’inondation de plaine, due à une pluie lente et continue ou à la fonte des neiges, peut être anticipée. La seconde, torrentielle, due à de fortes pluies, est soudaine et peut parfois s’accompagner d’autres sinistres: coulées de boue, ruptures de barrages, etc.
L’Algérie a été touchée par ce type de risque naturel (10 novembre 2001: inondation de Bab El-Oued, faisant 771 morts), ainsi que la Tunisie, en 2003 et en 2007, avec des pertes en vies humaines et des dégâts matériels importants.
La sécheresse est le troisième type de risque naturel, la Méditerranée étant l’une des régions les plus chaudes du monde. C’est un phénomène bien identifié dont les conséquences peuvent être graves : destructions de récoltes et de plantations ,risque important de feux de forêt.
Les feux de forêt : il s’agit d’un phénomène majeur, fréquent dans l'ensemble de la zone méditerranéenne. Ses conséquences peuvent être dévastatrices. Avec près d’une centaine de morts et des centaines de milliers d’hectares de végétation anéantis, les incendies de l’été 2007 ont été particulièrement meurtriers dans plusieurs pays du pourtour méditerranéen, principalement en Grèce et en Italie, mais aussi en Turquie, au Liban, en Algérie et au Maroc. En Grèce, le bilan humain a atteint 63 morts, en Italie 13.
Les tempêtes : c'est un phénomène qui se déplace à grande vitesse avec, toutefois, une possibilité d'anticipation, grâce à la surveillance par satellite, en mettant en œuvre des mesures de météo-vigilance.
Les éruptions volcaniques. Plus localisé, le risque volcanique se concentre surtout en Italie. La principale zone à risque couvre le Vésuve (Naples), la cuvette tyrrhénienne, le Vulcano et le Stromboli (Iles Lipari), l’Etna (Sicile). Ce dernier a été particulièrement actif au mois de février 2008, sans provoquer de pertes humaines. Le sinistre se produit soudainement et peut rarement être prévu.
Les risques technologiques
Le transport maritime génère des risques d’autant plus élevés que la Méditerranée est un bassin semi-fermé, qui la rendent très vulnérable aux effets de la pollution. On estime à 50% du trafic les marchandises dangereuses à différents degrés. De plus, 28% du trafic pétrolier maritime mondial transite par la Méditerranée.
En conséquence, la pollution marine par accident doit être considérée, dans le bassin méditerranéen, comme un facteur essentiel de dangerosité. Depuis quelques années, on assiste à une recrudescence de la pollution maritime accidentelle. A titre d’exemple, l’Egypte a été touchée en décembre 2004, le sud du Liban (par fait de guerre) en juillet 2006, avec l’écoulement de plus de 15.000 tonnes de brut, et la Syrie (marée noire) en août 2006.
Accidents chimiques et industriels présentent une probabilité importante de survenance et l’amplitude des sinistres qui les concernent est considérable. Les complexes industriels sont souvent localisés près des espaces résidentiels. Il en découle un risque important d’empoisonnement pour les populations et les animaux, notamment en raison de la pollution des eaux et des sols.
Par ailleurs, la plupart des grands ports possèdent des plates-formes chimiques ou pétrochimiques très vulnérables aux incendies, avec des conséquences dramatiques (comme dernièrement au Maroc, en Algérie et au Liban).
Transport et stockage de produits chimiques. La possibilité d’accident de transport ou de stockage de produits chimiques est également importante. Le fait que le danger soit mobile crée une menace tous azimuts : ports, routes, voies navigables intérieures et extérieures. Le risque pour les populations et les animaux est critique, compris par la pollution de l’eau et du sol.
Accidents de transport. Une majorité d'accidents implique les trains et les avions. Les conséquences de ces accidents sont souvent dramatiques en termes humains et matériels. Par ailleurs, les règles de conduite sont peu respectées, ce qui aggrave les causes d'accidents industriels.
Accidents de transport. Une majorité d'accidents implique les trains et les avions. Les conséquences de ces accidents sont souvent dramatiques en termes humains et matériels. Par ailleurs, les règles de conduite sont peu respectées, ce qui aggrave les causes d'accidents industriels.
2. Instruments et acteurs existants
• Dans le cadre de l'Union européenne, les programmes Euromed de protection civile, ont permis de renforcer les actions de coopération dans le domaine de la prévention des désastres et de l'information du public. En 2001, a été décidée la création d'un Mécanisme communautaire visant à favoriser une coopération renforcée dans le cadre des interventions de secours relevant de la protection civile.
• Sur le plan opérationnel, la France, l'Italie, le Portugal et l'Espagne ont décidé, à l'été 2006, de créer une Force d'Intervention Rapide Européenne. Elargie à la Grèce, elle accueillera prochainement la Slovénie.
• Par ailleurs, dans le domaine des pollutions maritimes, il convient également de prendre en compte l’Agence Européenne de Sécurité Maritime qui affrète un certain nombre de moyens d’intervention, ainsi que le REMPEC : (REgional Marine Pollution Emergency response Centre for the Mediterranean sea).
Ce dernier est administré par l’Organisation Maritime Internationale, agence spécialisée des Nations Unies. Dans ce contexte, le REMPEC a fourni son assistance technique à UNEP/OCHA dans la gestion de la pollution maritime causée par le bombardement en 2006 des stockages de la centrale de Jieh au Liban
3. Besoins restant à couvrir
Pour ce qui concerne les actions développées au niveau européen, beaucoup reste encore à faire. Il est nécessaire de prendre de nouvelles initiatives, complémentaires des actions engagées jusqu'à présent.
En effet, il est possible de mieux prendre en compte l'activité opérationnelle des pays méditerranéens, en particulier le développement d'actions d'assistance mutuelle et la création d'une structure de coordination et d'assistance en cas de sinistre ou catastrophe dans le Sud de la Méditerranée.
Pour ce qui concerne le financement des actions de protection civile, il convient d'observer d'une part, que les financements Euromed sont liés à des programmes encadrés dans le temps. S'ils peuvent jouer le rôle de "facilitateur" du démarrage du projet, ils ne sont pas prévus pour constituer le support d'un projet destiné à se développer dans la durée.
Il est donc indispensable d'élaborer un mode de contribution et de gouvernance qui soit à même d'assumer cet objectif. Pour ce qui concerne la couverture des risques sur l'ensemble du bassin méditerranéen, seul le champ "pollutions marines" est couvert de façon égalitaire entre États par un seul organisme régional (le REMPEC). Le champ "terrestre" l'est partiellement par le Mécanisme européen de sécurité civile. Quant à l'alerte précoce pour le risque de tsunami, la couverture de la zone méditerranéenne est en cours d'étude sous l'égide de l'UNESCO.
4 - Le projet « protection civile »
Il est proposé de renforcer les liens bilatéraux entre le Mécanisme européen de protection civile (MEPC) et les services de protections civiles des pays du sud de la Méditerranée, ainsi que de développer des programmes d'assistance technique dévolus à la formation et dédiés aux pays de la rive sud.
A la réunion du 5+5 Intérieur de Nouakchott, le 22 mai 2008, la France a proposé un dispositif complémentaire axé sur la création d’un collège méditerranéen de protection civile. Celui-ci permettrait la mise en place de formations communes, et pas seulement spécifiques, la mise en réseau de ces formations, la création d'un dispositif de coordination et d'assistance en cas de sinistre ou catastrophe en Méditerranée et la mutualisation, sur une base volontaire, d'informations, de moyens et de capacités de protection civile des pays méditerranéens.
A terme, l'objectif serait de conduire des interventions communes pour répondre à tous les types de catastrophes. Ce collège aurait vocation à intéresser l'ensemble des pays riverains de la Méditerranée. Dans un même esprit, en s'inspirant de l'exemple de la FIRE 2,pourrait être proposée la création d'une force d'intervention rapide méditerranéenne(FIR-Med) aux pays du sud et aux pays de l’Union européenne qui le souhaitent.
Force d'Intervention Rapide Européenne. Aujourd'hui élargie à la Grèce, et dénommée FIRE 5, elle doit se transformer prochainement en FIRE 6 avec la participation de la Slovénie. D'autres pays riverains de la Méditerranée pourraient s'y joindre prochainement.
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