Revue de presse sur l'Union pour la Méditerranée

Fallait-il tenter de mettre quelque chose à la place de ce rien ?" s'interroge Sophie Gherardi, éditorialiste à La Tribune. Le rien c'est "le processus de Barcelone, lancé en 1995 pour rapprocher l'Union européenne de ses voisins méditerranéens [qui] s'est enlisé dans la routine et la bureaucratie" [La Tribune]. Un processus "en léthargie" [Libération] qui doit faire place à ce quelque chose qu'est l'Union pour la Méditerranée.
"Il en a rêvé", ironisent Les Echos. "Il" c'est Nicolas Sarkozy, président français mais aussi, pour 6 mois, en charge de la Présidence française de l'Union européenne. Un rêve qui "devient une réalité" [La Croix], même si "pour tout dire, le projet français d'origine était même radicalement différent" [Les Echos]. Peu importe, aujourd'hui dans la presse, l'heure est à la célébration de ce projet. "Europe : l'avenir passe par la Méditerranée", annonce Bernard Kouchner dans une tribune du Monde.
L'idée est évidente : réconcilier enfin les deux rives de cette mer, unies et déchirées par mille soubresauts de l'histoire, aujourd'hui confrontées aux mêmes espérances et aux mêmes dangers", explique avec emphase le ministre français des Affaires étrangères [Le Monde].
Deux idées reviennent de manière récurrente : l'Union pour la Méditerranée est un projet ambitieux basé sur des avancées qui se veulent concrètes. Il s'agit d'un pari "que la mise en œuvre de projets concrets comme la dépollution de la Méditerranée, la coopération en matière de protection civile ou le développement de l'électricité solaire créera des solidarité de fait (…) et attirera des capitaux privés" [Les Echos].
Sur cette double dimension, La Tribune semble plutôt sceptique : "Des ambitions initiales de Nicolas Sarkozy, il ne reste qu'une version plus institutionnalisée du processus "Euromed" de Barcelone." Un projet qui, en plus d'être édulcoré échouerait à proposer de vrais changements. "Derrière l'effet d'affichage, les projets manquent de concret" [La Tribune].
Si le reste de la presse est plus clémente, la réussite du projet semble loin d'être acquise. Selon Les Echos l'Union pour la Méditerranée devra faire face au double risque d'une "dérive technocratique […] comme l'a prouvé l'expérience du processus de Barcelone et (…) d'un changement de priorité".
La Méditerranée restera-t-elle au cœur des priorités des futurs présidents de l'Union européenne ? "Ne nous berçons pas d'illusions", prévient Zaki Ladi, directeur de recherche à Science po, dans Les Echos. "Il n'y a naturellement peu de chances que l'Union pour la Méditerranée modifie la réalité politique complexe [de la région], car le changement ne pourra venir que de l'intérieur" [Les Echos]. Mais le chercheur ne prône pas l'immobilisme. "Malgré tout, il importe de tout essayer". C'est ce que feront les 44 pays qui seront réunis dimanche pour lancer ce projet de tous les défis.
Toute l'Europe.fr - le 11 juillet 2008

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