Le guide libyen Mouammar Kadhafi a affirmé que le projet de l'Union pour la Méditerranée (UPM) est un projet grave, qui fait peur, augmentera l'immigration clandestine et attisera le phénomène du terrorisme, assurant que son pays ne participera à aucun niveau aux réunions de Paris consacrées à cette Union.
Le leader Kadhafi, qui s'exprimait, mercredi à Tripoli lors d'une conférence de presse, en présence des représentants de la presse internationale et locale, a ajouté que le projet de l'UPM suscite de nombreux points d'interrogation sur ses objectifs.
Il s'est ainsi demandé notamment si ce n'est pas un nouveau projet colonialiste destiné à faire main basse sur les sources d'énergie et englober les pays riverains de la rive sud de la Méditerranée, surtout après les changements intervenus au niveau du projet Sarkozy qu'il était le premier à soutenir avant qu'il ne prenne une dimension européenne.
Le guide Mouammar Kadhafi a souligné la nécessité de la promotion de la coopération entre les pays du bassin méditerranéen sur la base de l'égalité, du respect mutuel, de saines relations, de l'importance de la paix et de la stabilité dans cette région dans laquelle la Libye occupe la plus longue côte sur sa rive sud.Pour le leader libyen, le projet de l'UPM dans sa version actuelle sera voué à un échec cuisant et ne réalisera rien pour les peuples de la région, notamment ceux situés sur la rive sud.
Il a affirmé qu'il soutenait l'élargissement du Groupe 5+5 composé de 5 pays de la rive occidentale de la Méditerranée (France, Italie, Espagne, Portugal et Malte) et 5 pays de la rive sud (Libye, Tunisie, Maroc, Algérie et Mauritanie) qui devrait être élargi à l'Egypte et à la Grèce pour devenir le Groupe 6+6.
Il a, à ce propos, noté que la rattachement à ce projet des pays méditerranéens situés au Moyen-Orient avec leurs problèmes et leurs conflits historiques torpillera ce projet. Le guide libyen a cité l'exemple du conflit arabo-israélien, affirmant que ses protagonistes dialoguent alors que les missiles et les bombes font des massacres.Sans compter le problème du Liban qui fait face à des risques de guerre civile, ainsi que le conflit entre Kurdes et Turcs.
Le leader libyen a renouvelé, au cours de cette conférence de presse tenue quatre jours avant la première réunion de lancement du l'UPM le 13 juillet courant à Paris, son rejet absolu de ce projet qui est de nature à diviser l'Afrique et déchirer les Arabes en trois parties."Nous ne pouvons pas entrer dans un projet qui divise l'Afrique, en Afrique subsaharienne, blanche et noire; ce sont des divisions racistes", a-t-il déclaré.Le leader Kadhafi a, à ce sujet, rappelé les décisions du sommet de l'Union africaine (UA) à Khartoum en 2006 qui ont souligné que le continent africain est une unité humaine, géographique, politique et culturelle, n'acceptant aucune partition, division, rattachement ou intégration avec une quelconque autre région.
Il a aussi rappelé les décisions du sommet de l'UA de Banjul en juillet 2006 qui ont affirmé le non rattachement du Nord de l'Afrique au Moyen-Orient et démontré que les pays arabes africains riverains de la Méditerranée qui participeront à la réunion de Paris devront rendre compte à l'UA.Le leader libyen a signalé la nécessité de la révision de ce projet qui ré-expose des cartes colonialistes et mis en garde contre la possibilité de réactions dans certains milieux extrémistes islamistes qui considèrent de tels projets comme des tentatives de néocolonialisme et de domination des pays arabes et qui peuvent proclamer le Jihad contre ce projet à partir de l'Afrique du Nord.
Il a ajouté que les extrêmistes peuvent recourir à la création d'un contre projet et proposer la carte islamique au moment où nous oeuvrons à intensifier les efforts pour lutter contre le terrorisme et l'extrêmisme sous toutes ses formes.Pourquoi provoquer les islamistes au lieu de rester dans les limites du 5+5 ou 6+6 pour promouvoir la coopération dans les différents domaines et la consolidation des échanges commerciaux, de la coopération dans le domaine de l'énergie, de la connexion électrique et de la promotion des ressources halieutiques, environnementales et autres?, s'est-il demandé.
Pour le guide Mouammar Kadhafi, ce projet ne réussira point à cause des vastes divergences aux niveaux culturel, religieux, économique et politique entre les pays concernés. Les pays arabes ont échoué dans la réalisation d'une quelconque union entre eux pour le guide libyen qui à cité à titre d'exemple l'Union du Maghreb arabe qu'il préside et qui est gelée depuis plus de 10 ans, se demandant comment peuvent-ils s'unir dans un espace qui diffère culturellement, religieusement, économiquement et politiquement?
Il a ajouté que le projet de l'UPM est susceptible de noyer les pays arabes dans des champs de mines et de problèmes internationaux complexes de nature à torpiller les acquis et les nouvelles opportunités de coopération existant actuellement.
Les problèmes de la Palestine seront présents avec force dans le cadre de ce projet et pourront le compromettre, a affirmé le leader libyen, citant une kyrielle d'autres problèmes tels que ceux de l'Abkhazie, du Kosovo, du projet américain de bouclier des missiles, du programme nucléaire iranien, du problème basque, de l'organisation espagnole ETA, le problème du Zimbabwe, du Hamas et du Hezbollah, entre autre.
Le leader libyen a souligné, par ailleurs, l'inexistence d'un quelconque équilibre entre les parties concernés dans un tel projet et s'est demandé comment se fait-il qu'il puisse y avoir d'équilibre entre 33 pays européens unis et Israël disposant de moyens gigantesques économiques, militaires et politiques contre 8 pays du sud de la Méditerranée pauvres que rien n'unit et qu'il a qualifiés "de bouts de papier volants dans l'air".
Par ailleurs, le leader libyen a mis également l'accent sur la profondeur des relations entre son pays et la France, ainsi que les autres pays européens et indiqué que la non participation de la Libye à la réunion de Paris pour l'UPM n'affectera pas les profondes relations de coopération entre Tripoli et Paris, ainsi que les autres capitales européennes et insisté sur l'importance de la promotion des relations bilatérales dans les différents domaines.
"Les relations de la Libye avec la France sont solides et il existe des contrats estimés à des milliards de dollars US entre Tripoli et Paris, Rome, Londres, Madrid et Lisbonne", ajoutant que "nous n'avons besoin d'aucune autre forme de coopération susceptible de nous faire entrer dans un champs de mines international".
Pour le leader libyen, les dossiers et les problèmes de l'immigration clandestine, du terrorisme, de la sécurité, de la stabilité, de la préservation de la Méditerranée contre la pollution n'ont pas besoin d'un tel projet.Il a vigoureusement rejeté toute forme de coopération dictée par des conditions préliminaires telles que la reconnaissance d'Israël ou l'entrée par le biais de la porte du processus de Barcelone et de l'UPM et affirmé que c'est l'Europe qui a besoin de l'énergie et de résoudre le problème de l'immigration clandestine, de l'accroissement du phénomène du terrorisme.
De ce fait, souligne-t-il, "il est illogique qu'on nous impose des conditions préliminaires pour coopérer dans des dossiers similaires".
Le leader libyen s'est demandé, à ce propos, si l'Europe accepte, à titre d'exemple qu'on lui impose l'acceptation d'al-Qaïda, du Hamas ou du Hezbollah? Alors, s'est-il exclamé, "pour qu'elle raison, elle se donne le droit de nous imposer la reconnaissance d'Israël"?
Pour le guide libyen, Israël a été proclamé unilatéralement et repose sur le bannissement d'un peuple, de sa terre et de ses maisons". Il s'agit donc, à son avis, d'une question juridique et qui ne peut conduire à la reconnaissance de cette entité. "Nous ne haïssons pas les Juifs et nous ne les avons pas massacrés comme l'a fait l'Europe dans la passé", a-t-il affirmé.
Tripoli - Afriquenligne.fr - le 9 juillet 2008
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