L'Union pour la Méditerranée officiellement lancée à Paris

Les représentants de 43 pays d'Europe et de la rive sud du bassin méditerranéen, réunis ce dimanche, ont adopté une délibération à l'unanimité. Elle prévoit six projets régionaux, comme la dépollution de la Méditerranée ou encore le renforcement de la protection civile.
L'Union pour la Méditerranée (UPM) a été officiellement lancée dimanche à Paris lors d'un sommet réunissant plus de quarante pays, a annoncé le président français Nicolas Sarkozy à la fin des travaux. "C'est une grande satisfaction de vous annoncer que le premier sommet de l'Union pour la Mediterranée s'est terminé et a pu adopter une délibération à l'unanimité", a dit Nicolas Sarkzoy lors d'une conférence de presse. "Nous en avions rêvé, l'Union pour la Méditerranée est maintenant une réalité".
Le chef de l'Etat a expliqué que c'était un "pari extraordinaire" d'avoir réuni les 27 Etats membres de l'Union européenne, plus l'Algérie, l'Egypte, Israël, la Jordanie, le Liban, le Maroc, la Mauritanie, la Syrie, la Tunisie, la Turquie, l'Autorité palestinienne, l'Albanie, la Croatie, la Bosnie-Herzégovine, le Monténégro et Monaco. Selon la délibération finale d'une dizaine de pages, tous sont "unis par une ambition commune : construire ensemble un avenir de paix, de démocratie, de prospérité et de compréhension humaine, sociale et culturelle".
Ce sommet a été marqué par une première : le président syrien Bachar al-Assad et le Premier ministre israélien Ehud Olmert, dont les pays sont théoriquement en guerre depuis 1948, se sont retrouvés assis à une même table, même s'ils sont restés à distance. Le séjour de Bachar al-Assad à Paris lui a permis de faire un retour éclatant sur la scène internationale, notamment en affichant sa volonté d'établir des relations diplomatiques avec le Liban.
Reçu dimanche matin au palais de l'Elysée avec le président palestinien Mahmoud Abbas, Ehud Olmert a estimé qu'Israéliens et Palestiniens
n'ont . En outre, selon des sources israéliennes, la rencontre de Paris a été l'occasion de nouveaux pourparlers indirects entre l'Etat hébreu et la Syrie.
"Le monde entier vous regarde", a lancé Nicolas Sarkozy aux dirigeants présents à l'ouverture du sommet dans l'après-midi. Le président français, qui coprésidait la rencontre avec son homologue égyptien Hosni Moubarak, a salué "tous les pays arabes" membres de l'UPM qui ont "fait un geste de paix". Il a espéré "écrire ensemble notre histoire commune sur un pied d'égalité entre le Nord et le Sud". Hosni Moubarak a de son côté souhaité que la "nouvelle phase" lancée par l'UPM soit "la phase de la paix au Proche-Orient".
Il y avait dimanche à Paris deux absents de marque : le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, qui a jugé le projet "effrayant", et le roi du Maroc Mohammed VI, pour cause d'agenda "surchargé".
Signe de la complexité de l'exercice, aucune "photo de famille" n'a eu lieu en fin de rencontre. Mais, pour la France, le fait de réunir autour d'une même table des rivaux de longue date constituait en soi une "victoire". Le "monde ne va pas être changé" en un jour avec l'UPM, a tempéré le ministre suédois des Affaires étrangères, Carl Bildt, reflétant les doutes d'une partie des Européens sur le projet.
La déclaration finale du sommet, notamment le passage sur le processus de paix au Proche-Orient, a fait l'objet jusqu'au bout de tractations laborieuses. C'est précisément à cause de ce type de divergences que le "processus de Barcelone", lancé en 1995 entre les Européens et le sud de la Méditerranée, s'est enlisé.
Les initiateurs de l'UPM espèrent garantir leur succès en se concentrant sur de grands projets concrets comme la dépollution de la Méditerranée et l'énergie solaire. Ils insistent aussi sur la volonté d'une parité Nord-Sud, symbolisée par deux coprésidents issus de chacune des deux rives. Le secrétariat général devrait revenir à une ville du sud. Mais la question est à l'origine de vives rivalités et sera remise à plus tard.
Le financement des projets restera lui aussi à définir une fois passée la grand-messe de lancement. (source AFP)


Les projets régionaux concrets de l'UPML'UPM veut "traduire" ses objectifs en "projets régionaux concrets" :
- La dépollution de la Méditerranée : la Commission européenne a déjà présenté en mars des projets concrets qui visent à éliminer 80% des sources de pollution d'ici à 2020 et devraient coûter au moins 2 milliards d'euros.
- La construction d'autoroutes maritimes et terrestres pour améliorer la fluidité du commerce entre les deux rives de la Méditerranée.
- Le renforcement de la protection civile, d'autant plus importante que le bassin méditerranéen est exposé à un risque grandissant de catastrophes naturelles, lié au réchauffement climatique.
- La création d'un plan solaire méditerranéen.
- Le développement d'uneuniversité euroméditerranéenne, déjà inaugurée en juin à Portoroz (Slovénie).
- Une initiative pour aider au développement des PME.
Les participants sont d'accord pour organiser un sommet tous les deux ans, alternativement dans l'Union européenne et dans un des autres pays partenaires.
L'UPM bénéficiera d'une coprésidence, qui sera assurée au Sud pour deux ans par un pays choisi par consensus par les pays du Sud. La durée de cette coprésidence au Nord n'a pas pu être tranchée dimanche. L'Egypte et la France seront les deux premières coprésidentes. Un secrétariat général sera chargé de lever les fonds et de mener à bien les projets choisis au cours des sommets.
Mais le choix du lieu et les détails de fonctionnement de ce secrétariat ont été remis à novembre. L'UPM pourra financer ses projets par diverses sources : participation du secteur privé, budget européen, contribution de tous les Etats participants ou d'autres pays tiers, Banque européenne d'investissement...Ces nouvelles structures devraient être opérationnelles "avant la fin de 2008". (source AFP)
Les Echos - le 14 juillet 2008

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