Le patronat algérien a fait part d'une vision pessimiste sur l'Union pour la Méditerranée UPM, à quelques jours de son lancement officiel. Rejoignant, en quelque sorte, les positions réticentes des officiels algériens. Le président Habib Yousfi qui s'exprimait au nom du patronat algérien, «était un peu pessimiste sur l'UPM, car, dira-t-il «pour l'instant nous n'avons aucune vision claire en matière de financement des projets d'investissement...» s'est-il demandé, à l'occasion. D'où viendront les fonds: de l'UE ou du secteur privé?
«Il n'y a pas de réponse», a regretté M. Yousfi qui reproche à l'UE, d'avoir «tardivement» accordé un intérêt à la rive sud de la Méditerranée. «Après avoir largement financé les pays de l'Europe de l'Est, l'UE s'intéresse finalement à la rive sud, mais c'est un peu tard», a regretté Habib Yousfi.
La vision du patronat algérien contraste avec celle de ses homologues européens pour lesquels le projet français d'Union pour la Méditerranée suscite un espoir, même s'ils hésitent encore à investir dans le bassin méditerranéen. Selon plusieurs patronats qui se sont exprimés sur le dossier, lors de la conférence «Med Busines Day» à Marseille, le président français Nicolas Sarkozy a «donné une nouvelle impulsion aux relations de l'UE avec les pays partenaires de la Méditerranée en lançant le projet ambitieux de l'UPM».
Cette union doit être officiellement lancée le 13 juillet, pendant un sommet de chefs d'Etat et de gouvernement à Paris, et les entrepreneurs des deux rives espèrent y trouver des opportunités de croissance. «Les pays du Sud ont des taux de croissance deux fois plus forts que les nôtres, ce sont des locomotives», a lancé mercredi Philippe de Fontaine Vive, vice-président de la Banque européenne d'investissement (BEI). De son côté, le Commissaire européen au Commerce, Peter Mandelson, a reconnu que le volume des investissements en provenance de l'Union européenne reste faible.
Si les échanges avec l'UE représentent près de la moitié du commerce total des pays méditerranéens, les importations et exportations en provenance de ces pays comptent pour moins de 10% des flux européens. Dans le domaine des services, le commerce avec les pays de la région représente même 5% seulement du volume total du commerce des services de l'UE. Les investisseurs potentiels, préférant investir plutôt en Europe centrale et de l'Est, que d'investir dans le bassin méditerranéen.
C'est ce qu'a révélé une étude «Ernst & Young» publiée mercredi. «Beaucoup de chefs d'entreprises, notamment de PME, hésitent à prendre des risques dans le bassin méditerranéen, parce que la liberté des capitaux n'y est pas encore assez grande», a expliqué M. Fontaine Vive qui rappelle l'impératif d'une industrie du capital-risque et de nouvelles formes de financements. Rappelant que les tensions persistantes dans certaines régions constituent un frein à l'investissement, le président de «Business Med», Jacques-Jean Sarraf, a reconnu que beaucoup de gens ont peur d'investir ici.
Conséquence, selon lui, ce sont surtout les pays du Golfe qui investissent. «Or ce dont nous avons besoin, ce n'est pas de leur argent, mais de la technologie de l'Europe», a-t-il affirmé. Reste que les entrepreneurs du Sud déplorent un manque de flexibilité au niveau de l'immigration. «L'unique possibilité de limiter les flux migratoires vers l'Europe est d'avoir des pays du Sud plus riches et qui deviendront, à leur tour, des terres d'accueil, a estimé Moulay Hafid Elalamy, représentant du patronat marocain.
A l'issue du forum «Med Business Day», les organisations patronales du pourtour méditerranéen ont souhaité un accroissement des échanges euro-méditerranéens de 10% par an. Ces organisations ont appelé à la mise en oeuvre d'une stratégie forte et cohérente pour la Méditerranée. L
es patronats soutiennent le projet d'UPM mais ont estimé que sans un ensemble clair de politiques et objectifs effectifs, ce projet n'incitera pas les entreprises à faire les investissements nécessaires dans la région. Ils ont aussi soulevé la question des sources de financement des projets, entre autres interrogations ciblant l'UPM. Les organisations patronales ont également souhaité de tripler les investissements étrangers directs d'ici 2020.
Djamel B.- le Quotidien d'Oran - le 4 juillet 2008
Djamel B.- le Quotidien d'Oran - le 4 juillet 2008
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