2015, année noire de l'archéologie méditerranéenne

Mauvaise année pour l'archéologie! Le monde n'est pas encore remis de la destruction de Palmyre par Daech qu'il tremble déjà pour Sabratha, en Lybie. 

J'ignore s'il reste encore quelques choses de la cité romaine au moment de la parution de ces lignes. L'organisation terroriste en en effet menacé le 11 décembre de tout faire sauter. Notons que les médias n'ont alors que mollement réagi. Isolées du monde par le colonel Khadafi, que les revenus du pétrole dispensaient d'attirer des touristes, les ruines ont peu été vues depuis l'occupation italienne des années 1930 et 1940. Elles demeurent donc méconnues. Une chance, peut-être. Les actes de Daech veulent avant tout frapper les esprits. 

L'alarme pour Palmyre a commencé en juin, lorsque la ville semblait sur le point le tomber. Les premiers dynamitages ont été organisés en août, avant de se poursuivre jusqu'en octobre. Une chose à noter. Il aura été bien davantage question dans la presse d'une menace sur «un joyau culturel» que de son anéantissement progressif. Un phénomène sans doute lié à un sentiment d'impuissance et de honte. Il est clair qu'avec une politique américaine autre au Moyen Orient depuis les années 1980, l'Occident n'aurait pas assisté à une telle issue. Un désastre qui risque aujourd'hui de devenir contagieux.

Destructions et pillages 

Impuissante, l'Unesco que dirige Irina Bokova, lance des appels. Il faut dire que l'organisation n'a pas classé moins de cinq sites en Libye, dont Sabathra ou Leptis Magna. Il faut à la fois empêcher les destructions et les pillages, mis par les défenseurs du patrimoine sur le même plan. Une chose qui se discute. Aussi immoraux que soient les seconds, ils n'entraînent pas de disparitions définitives. Les vols possèdent, il est vrai, le tort de servir de moyen pour les terroristes de se faire des devises. Les collectionneurs prêt à tout pour posséder une œuvre ne constituent pas un mythe, même si leur existence nourrit beaucoup de fantasmes multiplicateurs. 

Il faut donc se faire beaucoup de soucis pour les versants est et sud de la Méditerranée, où tout peut sans cesse basculer. Depuis le «printemps arabe», dont les effets secondaires se font toujours davantage sentir, il n'existe plus guère de gouvernements dictatoriaux, finalement favorables à l'archéologie. En ce moment, l'Egypte est certes revenue aux musées à tout prix et aux campagnes de fouilles à tous crins. Les savants n'en finissent pas d'y faire des découvertes, dont celle de la «chambre secrète» dans la tombe de Toutankhamon, anoncée en novembre. Mais il ne faut pas oublier pour autant que le Sphinx et les Pyramides ont failli être détruits en 2012, sous la présidence de Mohamed Morsi, aujourd'hui destitué et condamné à mort (mais non pas exécuté). Autant dire qu'ils survivent dangereusement, jusqu'à la prochaine crise...

Sites grignotés

Ce n'est hélas pas tout. Palmyre a été victime du fanatisme religieux avec toute une mise en scène relayée par le Net. Mais bien des sites se voient insidieusement grignotés chaque jour. Il y a des décennies que Tunis empiète sur Carthage. Les cimetières historiques du Caire se sont lentement transformés en bidonvilles. Un peu plus loin, des monuments indiens, comme l'a prouvé il y a quelques années une recension patrimoniale, ont été peu à peu «avalés» par les constructions des nouveaux habitants. Quant à la pauvre Pompéi, elle s'écroule toute seule près de Naples, en dépit d'un argent de l'Europe dont on se demande bien où il passe. 

En l'absence d'autorité (le pays connaît deux gouvernements concurrents), la Libye subit par conséquent aussi une urbanisation sauvage de sites comme Apollonia, le port de Cyrène. Cette dernière voit apparaître des constructions parasites (immeubles, hôtel...) détruisant une partie de la nature du sol et dénaturant le paysage. Un phénomène universel. Plus près de chez nous, en Sicile, il a fallu d'innombrables expulsions (pas toujours respectées) afin de dégager la zone, pourtant illustre, des temples d'Agrigente d'une gangue de béton. Il y avait jusqu'à récemment là des maisons construites sans autorisations partout.

Disparitions en Arabie saoudite 

Ces dénaturations n'ont rien à voir avec la religion. Elles peuvent même avoir lieu en dépit de celle-ci. Un seul exemple. Dans son numéro de novembre, «Il Giornale dell'arte» parle de «destruction d'Etat». Nous sommes à La Mecque et à Médine, lieux saints s'il en est de l'islam. Eh bien le 90 pour-cent des quartiers anciens ont été anéantis en quelques décennies, y compris les mosquées historiques, les tombes millénaires, les mausolées et les autres monuments! Le Daech n'y est bien sûr pour rien (1). Il s'agissait pour l'Arabie saoudite de créer de nouveaux centres urbains faits d'hôtels à étoiles multiples, d'appartements de luxe et de centre commerciaux. La maison où serait né Mahomet, vers 570, a ainsi fait place à un gratte-ciel. Impossible bien sûr de protester sur place. L'Islamic Heritage Foundation saoudienne a dû déménager aux Etats-Unis. 

Cela dit, peu de gens protestent en Occident contre le vandalisme saoudien. La mise à sac du vieux Pékin depuis trente ans par nos amis chinois n'a pas fait davantage de vagues. Ce sont d'importants partenaires économiques. Et après tout, si les Chinois respectent peu leur héritage séculaire, on peut toujours louer le soin qu'ils manifestent pour mettre en valeur leur patrimoine archéologique. Ce dernier possède il est vrai le mérite de se trouver loin des villes, où le terrain vaut aujourd'hui si cher.

Source de l'article Bilan 

(1) Quoique... Pour justifier de telles démolitions, on parle toujours d’idolâtrie ou d'islam «impur». Le wahhabisme officiel cousine un peu trop avec le fondamentalisme des terroristes.

Photo (Unesco): Sabratha, en Lybie. Un site classé, qui fut longtemps restauré par des archéologues italiens.

1 commentaire:

om mohamed a dit…


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