La Tunisie a-t-elle intérêt à élargir son accord de libre échange avec l’Union européenne (UE) au moment où des pays membres de l’UE sont tentés d’en sortir ?
L’Allemagne enregistre son plus bas taux de chômage (5,9%) depuis sa réunification en 1990. Boostée par sa capacité compétitive sur le marché unique européen mais encore sur les pays émergents, le secteur industriel ne cesse de grimper dans la formation du PIB (31% contre 22% pour le Royaume Unis et 15% pour la France) et dans la composition de la balance commerciale, perpétuellement excédentaire (≈300 milliards d’euros contre un déficit pour la France ≈-50 milliards d’euros).
Des gagnants et des perdants
Les enquêtes à ce sujet révèlent que plusieurs entreprises de production n’arrivent pas à répondre à toutes les commandes passées par leur clientèle pour insuffisance de ressources humaines qualifiées.
A présent, l’Allemagne souffre d’une carence de population active dans presque tous les secteurs, dont le secteur médical qui importe à tour de bras des médecins et des aides-soignants du Moyen Orient et de l’Afrique du Nord.
Notons, au passage, que l’Etat allemand a dégagé, au terme de l’exercice 2016, un excédent budgétaire de 6,2 milliards d’euros, de quoi nourrir les débats sur l’utilisation de cette enveloppe.
Cela fait plusieurs années que l’Allemagne tire profit du marché unique, tout en cachant son enthousiasme pour ne pas réveiller les doutes de 3 autres grands pays européens (Royaume Uni, France et Italie), dont l’infrastructure industrielle fléchit en compétitivité et perd en part de marché.
Les citoyens européens commencent enfin à comprendre les vraies motivations économiques du Brexit, autres que le souci de contrer l’immigration.
A quoi s’accroche la Tunisie ?
Paradoxalement, en Tunisie, les dirigeants se montrent frileux quant à l’évaluation du bilan du libre-échange engagé depuis une vingtaine d’années sur instructions de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et du Fonds monétaire international (FMI), alors qu’aucun des objectifs macroéconomiques tant miroités par l’UE et le FMI n’a été atteint, aussi bien au niveau de l’emploi et de la justice sociale, qu’à celui de l’investissement, des équilibres macroéconomiques et de l’évolution préoccupante de l’endettement extérieur.
Le pire c’est que tous les dirigeants qui se sont relayés aux commandes du pays n’arrêtent pas de nous affirmer que la Tunisie est liée par un engagement irrévocable en terme de démantèlement des barrières administratives et tarifaires, alors que les règles élémentaires de l’OMC stipulent le possible recours aux mesures de sauvegarde pour la protection de l’infrastructure de production en cas de fort dérapage de la balance commerciale. Ce qui est le cas en Tunisie depuis de nombreuses années…
Par Mohamed Chawki Abid (Ingénieur économiste.) - Source de l'article Kapitalis
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