Nord et Sud doivent changer la nature de leurs relations pour créer une véritable unité méditerranéenne. Tel est le constat des 5e Rencontres de Cybèle organisées à Marseille, vendredi 7 novembre 2014, dans le cadre de la semaine économique de la Méditerranée.
Omar Benjelloun regrette que “les processus démocratiques hésitants des pays du sud subissent les intérêts court-termistes des Etats du nord.”. Crédit photo : Myriam Brando |
Avant d’esquisser des pistes de réflexion menant à la construction d’un territoire méditerranéen, les intervenants des 5e Rencontres de Cybèle, organisées à Marseille dans le cadre de la Semaine économique de la Méditerranéen, se sont arrêtés sur l’état des échanges Nord-Sud post-printemps arabe. Pour Omar Bendjelloun, avocat aux barreaux de Marseille et Rabat, “les processus démocratiques hésitants des pays du Sud subissent les intérêts à court terme des Etats du Nord.”. Au niveau du Maroc, il considère les “dizaines de financements d’origine européenne inadaptés au développement humain”. Des accords, selon lui, constamment “à l’avantage des multinationales.”.
Spécialiste en droit économique, il cite comme exemple le projet de TGV marocain, réalisé par le Français Alstom. “Même si les taux d’intérêts restent faibles, le pays s’endette auprès d’entreprises étrangères alors qu’on ne compte qu’un lit pour mille habitants, que la scolarisation des 15-25 ans demeure très faible...”.
L’avocat marocain défend une politique d’investissements directs, intelligemment orientés vers le développement social, obligatoirement accompagnés d’échanges technologiques et d’accords de formation... Une conviction partagée par le professeur à l’université d’Alger Lofti Boumghar, diplômé en relations internationales et ancien conseiller diplomatique auprès de l’exécutif algérien. Au delà des considérations économiques, l’universitaire propose la création d’une “charte de la tolérance” à intégrer dans les systèmes éducatifs des deux rives. Il souhaite “la naissance d’un sentiment d’unité méditerranéenne” par un enseignement objectif du “lourd passé” de la région. Il compte également sur la mobilité comme lien, à l’instar de l’Europe : “Il faut améliorer la circulation Nord-Sud et dédramatiser cette histoire de visa. Qui empêcherait un Erasmus méditerranéen ?”.
L’avenir de l’UE est dépendant de son Sud
Jean-François Coustilliere, président de l’association organisatrice de l’évènement Euromed-IHEDN (Euroméditerranée-Institut des hautes études de défense nationale), s’est efforcé de faire une synthèse des constats et propositions du jour. Il a commencé par décrire un “monde méditerranéen extrêmement hétérogène qui a besoin d’initiatives ciblées, à l’échelle d’un pays et non d’une région”. L’enclume de la rive Sud, c’est son taux de chômage. “Nous devons faire de l’emploi une priorité en mettant l’accent sur la formation professionnelle et la lutte contre l’analphabétisme.” souligne-t-il.
Selon l’ensemble des intervenants, une des entraves majeures au développement reste l'extrémisme religieux. Pour combattre ce conservatisme, Omar Bendjelloul est persuadé qu’il faut “soutenir les discours alternatifs à forte dose idéologique”. Jean-François Coustilliere met en garde contre la diffusion au Maghreb du wahhabisme, un courant fondamentaliste de l’Islam, au plus près des écrits.
Le chemin de l’unité méditerranéenne est semé d’embûches. Les participants aux 5e Rencontres de Cybèle ont esquissé une alternative. Tous sont d’accord : si le monde méditerranéen veut se faire une place auprès des géants que demeurent les États-Unis et la Chine, ses acteurs doivent travailler de concert.
Par Romain Truchet (IEJ) - Source de l'article Econostruminfo
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