Le prix du baril n'a jamais été aussi bas depuis fin 2010. Avec des conséquences diamétralement opposées pour les pays méditerranéens exportateurs ou importateurs.
L'or noir a perdu plus de 50% de sa valeur en 6 ans. Photo GT |
Après avoir flambé, le prix du pétrole connaît une chute brutale en cette fin d'année 2014. Le baril de Brent atteignait 115 dollars en juin 2014 (148 dollars en 2008). Il flirte avec les 80 dollars mi-novembre 2014. La récession économique provoque une baisse de la demande d'or noir alors que dans le même temps le pétrole de schiste coule à flots et provoque une surproduction, au grand dam des pays exportateurs.
En Méditerranée, l'Algérie et la Libye voient leur unique source de devises se réduire brutalement. La baisse du prix du baril provoque mécaniquement une forte dégradation de la balance des paiements de l'Algérie. Le pays importe pratiquement tous ses biens de consommation alors que le pétrole et le gaz représentent 97% de ses exportations. Le gouvernement alimente son fonds spécial dédié au financement de ses déficits et de ses programmes d'investissements avec la rente du pétrole. Le déficit budgétaire de l'Algérie devrait dépasser 22% de PIB (près de 40 mrds d'euros). Selon le FMI (Fonds monétaire international), l'équilibre fiscal de l’Algérie se situe autour d'un baril à 113 dollars.
La situation est encore pire pour la Libye en proie à la guerre civile.
Un peu d'oxygène
La chute du cours du pétrole place des pays comme l'Algérie ou la Libye au bord du gouffre. photo CC-Javier Blas |
À l'inverse, pour des pays comme la France, l'Italie, la Turquie, la Tunisie, l'Égypte ou le Maroc, cette inversion de courbe constitue un bol d'oxygène.
Dans une Europe en pleine récession, la baisse du prix de l'essence permet de redonner un peu de pouvoir d'achat aux ménages et donc de relancer l'économie.
En Tunisie, la récente évolution du cours du pétrole devrait aider la démocratie naissante à relever une situation économique difficile depuis le printemps arabe. Le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie, Chedly Ayari, y voit une « une bonne nouvelle pour l’économie tunisienne ». Cette réduction impacte positivement le pouvoir d'achat des Tunisiens et devrait aider le gouvernement à tenir les prévisions de son budget 2015.
Pour des pays qui subventionnent les carburants, comme le Maroc ou l'Égypte, il s'agit carrément d'une aubaine qui réduit directement et de manière très significative les dépenses.
Si aucun nouveau conflit ne vient brouiller la donne, les experts ne s'attendent pas à une remontée du prix du baril avant mi 2015. Il pourrait même encore baisser dans les six prochains mois.
Par Gérard Tur - Source de l'article Econostruminfo
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