La Semaine Méditerranéenne des Leaders Économiques, orchestrée à Barcelone par l'association des chambres de commerce de l'ASCAME, a placé le Maghreb parmi les sources de développement économique de la Méditerranée, dans le cadre d'un débat sur les opportunités d’échanges.
Mais aussi les difficultés qui concernent notamment la faible intégration économique des pays de la région.
Débat organisé à la Casa Llotja de la Chambre de Commerce de Barcelone (photo Frédéric Dubessy) |
Carlos Romani le confesse volontiers : « au moment de nous installer au Maghreb, nous avons été victimes d'idées reçues qui se sont avérées erronées. » Le représentant du groupe Volkswagen en Espagne évoque ainsi le début de l'aventure de Seat au Maroc, où la marque est présente depuis 2009, avec désormais aussi un bureau de représentation implanté en Algérie. Le constructeur vend chaque année 1,5 million de voitures au Maghreb, soit bien au-dessus des prévisions de départ.
Autre préjugé : Seat pensait arriver sur un marché plutôt favorable aux véhicules d'entrée de gamme, « alors que nous vendons des voitures très bien équipées », ajoute Carlos Romani. Le constructeur a ainsi multiplié par quatre ses ventes depuis 2010 dans cette région.
Le représentant de la marque est venu le rappeler à Barcelone à l'occasion de la Semaine Méditerranéenne des Leaders Économiques, dans le cadre d'un débat sur l'investissement au Maghreb. Ce territoire peut aussi être une source d'activité pour le nord de la Méditerranée, comme le prouve l’exemple de Seat. « Il ne faut pas oublier que nous sommes seulement à 14 kilomètres », rappelle Houda Benghazi, conseillère économique de l'ambassade du Maroc en Espagne : « le PIB de notre pays a augmenté de 4,8 % en moyenne entre 2001 et 2013, ce qui témoigne d'une amélioration constante de notre productivité. » La montée en puissance de Tanger Med, nouveau hub de marchandises en Méditerranée, en demeure la parfaite illustration. « Et nos voulons faire la même chose à Nador pour les exportations d'énergies », annonce Houda Benghazi.
Vers le « printemps arabe » des économies
La conseillère économique de l'ambassade du Maroc en Espagne Houda Benghazi ,
avec Reda El Merini, directeur des affaires économiques de l'UMA (photo Frédéric Dubessy)
Il était pertinent de souligner cette proximité géographique à Barcelone, aussi proche, à vol d'oiseau, de Madrid que d'Alger. Car, ceci souligne de plus belle manière la complémentarité économique des deux rives de la Méditerranée. L’Espagne est ainsi devenue le premier partenaire commercial de l'Algérie, et le deuxième du Maroc, à la faveur des échanges qui concernent 20 000 entreprises ibériques. 800 d'entre elles se trouvent d'ailleurs déjà installées de l'autre côté du détroit de Gibraltar. Des liens identiques se renforcent toujours davantage avec la Tunisie, affirme Karim Ahres, coprésident du conseil économique hispano-tunisien (UTICA) : « Plus de la moitié de la population tunisienne est aujourd'hui connectée aux réseaux sociaux sur Internet, dont trois millions de personnes à travers les téléphones mobiles ; et Facebook est en train de devenir l'une des principales plates-formes B to B et B to C. » Un moyen de transférer le modèle de transition démocratique tunisien avec les réseaux sociaux, sur lesquels s'est appuyée en partie sa révolution, vers le monde des affaires…
Pour aller plus loin, la plupart des acteurs s'accordent sur la nécessité de donner une plus grande place au secteur privé dans la région du Maghreb. Sous l'impulsion notamment l'Union du Maghreb Arabe (UMA), qui fêtait son 25èe anniversaire à l'occasion de la réunion de cette Semaine Méditerranéenne des Leaders Économiques de Barcelone.
Davantage d'intégration entre les pays du Maghreb
Malgré les prises de bec qui ont quelque peu occulté le fond du débat, l'économiste Vincent Castel dessine un tableau où l'UMA devrait avoir un rôle actif pour favoriser une intégration des économies de l'organisation (Algérie, Libye, Maroc, Tunisie et Mauritanie). Les échanges commerciaux à l'intérieur du Maghreb ne représentent en effet que 2 % du PIB des pays de l'UMA, et 2 % des échanges commerciaux en Méditerranée. « Une meilleure intégration permettrait de gagner jusqu'à deux points de croissance au Maghreb », assure pourtant Vincent Castel.
Et pour atteindre ce but, que faudrait-il faire ? « Appliquer la politique d'intégration économique visée par le traité fondateur de l'UMA, signé en 1989 à Marrakech », répond Reda El Merini, directeur des affaires économiques de l'Union du Maghreb Arabe. Une politique qui tient en cinq points : une vision claire au niveau national, une amélioration du climat des affaires, davantage de place au secteur privé, faciliter les échanges transfrontaliers (taxes, logistique,…) et susciter les échanges de compétences.
Mais, l'une des faiblesses du traité de Marrakech demeure l'absence de contrainte des directives. De fait, il demeure évident que nous sommes loin de cet objectif de « libre circulation des personnes, des services, des marchandises et des capitaux », qui libérerait un marché de 90 millions de consommateurs au Maghreb.
Par Francis Mateo - Source Econostruminfo
1 commentaire:
C'est 'Houda' le prénom et pas Honda!!! C'est ce genre de détail qui..
Enregistrer un commentaire