L’accord de libre échange avec l’Union européenne (UE) de 1995 n’a pas été d’un grand apport à l’économie tunisienne, pourquoi alors le compléter et l’approfondir ?
Quand Laura Baeza, l’ambassadeur chef de la délégation de l’UE en Tunisie, affirme que la Tunisie a plus à gagner qu’à perdre de l’adhésion au grand marché unique de 500 millions de consommateurs, nous demeurons curieux de connaître les résultats de l’étude du bilan de 20 ans de libre-échange avec l’UE.
A notre connaissance, la contribution du secteur des industries manufacturières dans la formation du PIB a reculé, passant de 22% en 1994 à 15% en 2014, sans compter les pertes d’emplois dans le secteur industriel nées des fermetures d’usines (PMI).
Pire encore, les clauses de sauvegarde n’ont jamais été actionnées alors que la balance commerciale observait depuis plus de 10 ans un dérapage vertigineux et périlleux, ayant conduit à l’accentuation du recours à l’endettement extérieur improductif.
Lorsque Hedi Mechri assure que l’UE propose à la Tunisie un statut privilégié par le biais de l’Accord de libre échange complet et approfondi (Aleca), nous restons assoiffés de connaître concrètement les spécificités d’un tel statut. Il n’est plus un secret pour personne que l’étude d’impact socio-économique de l’Aleca sur notre pays n’a pas été élaboré par les autorités locales pour permettre d’apprécier les risques et d’envisager des dispositifs compensatoires.
Le seul propos de vérité a été livré par Mansour Moalla, qui considère que l’Accord de libre échange de 1995 (ALE’1995) avec l’UE est une véritable déception de par ses maigres résultats, dans la mesure où l’on s’attendait à une avancée beaucoup plus rapide et une contribution plus efficace au développement. Il l’a qualifié d’un accord suspect, vu qu’en 1995, il y avait une sorte de complicité avec un régime peu démocratique.
Alors, quand le gouvernement va-t-il se décider à approcher sérieusement ce dossier sans être intimidé par Bruxelles, au moment où les négociations de l’Aleca démarrent et qui portent essentiellement sur la libéralisation de l’agriculture et des services, deux secteurs vitaux pour la Tunisie et qui risquent d’être gravement déstabilisés par un tel accord ?
Par Mohamed Chawki Abid ( Ingénieur économiste.) - Source de l'article Kapitalis
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