Après la France, l'Allemagne s'apprête
à son tour à faire un geste en direction de la Turquie. La chancelière Angela
Merkel qui entreprend, dimanche 24 et lundi 25 février, un voyage de 48 heures
dans ce pays – le premier depuis trois ans – devrait confirmer ce qu'elle a
annoncé samedi : la relance des négociations permettant à la Turquie d'adhérer
un jour à l'Union européenne (UE).
"Ces
négociations ont un peu piétiné ces derniers temps et je suis favorable à
l'ouverture d'un nouveau chapitre dans ces négociations afin que nous puissions
un peu avancer", a déclaré la chancelière dans un message vidéo diffusé
samedi.
Ouvertes
en 2005, ces négociations sont au point mort notamment parce que sous Nicolas
Sarkozy, la France et l'Allemagne ne cachaient pas leur hostilité face à une
adhésion de la Turquie à l'UE mais aussi parce la Turquie refusait d'aborder
certaines questions comme l'occupation de la partie nord de Chypre depuis 1974.
Même si Angela Merkel prend bien soin de préciser qu'il restait un "long
chemin" à parcourir, son évolution sur le sujet est claire.
Des allemands majoritairement hostiles
Outre
l'évolution récente de l'attitude française, d'autres facteurs, tant
stratégiques qu'économiques, ont joué dans ce dégel entre Berlin et Ankara. Sur
le plan stratégique, la guerre en Syrie ou les tensions avec l'Iran ne peuvent
qu'inciter les Européens à avoir la Turquie à leurs côtés. Ce pays dirigé par
des musulmans mais membre de l'OTAN joue un rôle-pivot dans toute la région.
Surtout,
la Turquie connaît une croissance économique importante. "Si nous n'y
prêtons pas attention, l'heure va venir où l'Europe sera plus intéressée par la
Turquie que la Turquie sera intéressée par l'Europe", a récemment déclaré
Guido Westerwelle, ministre allemand des affaires étrangères.
Estimant
que l'Union européenne a, à l'égard de son pays, une attitude méprisante, le
premier ministre Erdogan a habilement fait monter les enchères en envisageant
de rejoindre l'organisation de coopération de Shanghaï, cette structure créée
en 2011 par la Chine, la Russie, le Kazakhstan, le Kirghizstan, le Tadjikistan
et l'Ouzbékistan.Le message adressé aux Européens était on ne peut plus clair.
Néanmoins,
Angela Merkel devrait rester prudente : les Allemands restent majoritairement
hostiles à une adhésion de la Turquie à l'Union européenne et la chancelière
vient de refuser d'envisager d'accorder la double nationalité aux jeunes nés en
Allemagne de parents turcs. A leur majorité, ceux-ci doivent choisir entre
l'une des deux nationalités alors que les jeunes nés en Allemagne de parents
européens peuvent, eux, garder la double nationalité. Une pomme de discorde
traditionnelle avec Ankara.
Par
Frédéric Lemaître – Source de l’article Le Monde
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