"Les femmes dans le monde arabe doivent s’unir"


Forum social mondial. Tunis, Envoyé spécial. L'"Assemblée des femmes" a lancé les débats du Forum social mondial à Tunis. Entretien avec Yamina Meghraoui, Présidente du Comité des femmes du Syndicat autonome SNAPAP, venue d’Algérie.
 
C’est sous le soleil que s’est ouvert, ce matin, la 11ème édition du Forum Social Mondial. Pour la première fois, il se tient dans un pays du Maghreb, la Tunisie, à peine plus de deux ans après que le peuple a renversé le dictateur Ben Ali. Alors que le pays se divise sur différentes questions, notamment celle de l’islamisme, ce sont les femmes qui ont lancé les 5 jours de débat avec « l’Assemblée des femmes ». Tour à tour, venues du monde entier, elles se sont relayées à la tribune.

Yamina Meghraoui venue d’Algérie, était parmi elle. Présidente du Comité des femmes du Syndicat autonome SNAPAP, elle livre à l’humanite.fr son regard sur la question des femmes au Maghreb.

Le FSM s’ouvre par une assemblée des femmes. En quoi cette question est au cœur de l’actualité dans les pays du pays du Maghreb actuellement ?
Yamina Meghraoui. Globalement, les femmes sont les victimes d’un système mondial; il y a des différences liées à un certain environnement, culturel, économique, social. Les femmes algériennes ont devancé les femmes maghrébines. Elles ont massivement participé à la décolonisation. Mais ensuite, au lieu d’évoluer et de progresser, elles sont rentrées chez elles, cantonnées aux tâches ménagères. C’est une première injustice faite alors aux femmes. Une deuxième période cruciale est celle du terrorisme. Les femmes ont payé, alors, un lourd tribu: elles sont plusieurs milliers à avoir été violées, handicapées, appauvries… Le combat des femmes algériennes n’a pas pris fin. Il concerne le renforcement de la démocratie. En Algérie aussi, nous vivons un recul de la démocratie et, comme à chaque fois qu’elle recule, comme à chaque recul économique, c’est la femme qui en fait les frais en premier lieu.

Quelle place occupent aujourd’hui les femmes algériennes dans les luttes sociales? Quelles sont leurs revendications?
Yamina Meghraoui. Elles continuent de lutter. Elles revendiquent d’abord l’accès à un travail décent, au logement, à la liberté d’expression. Elles sont très présentes dans les syndicats autonomes. Le Parlement compte 143 femmes mais elles sont malheureusement issues du système et n’ont aucune relation avec les syndicalistes, les quartiers, les entreprises, et les chômeurs. Elles sont coupées des citoyens.

 Qu’attendez-vous de ce forum?
 Yamina Meghraoui. C’est un moment pour que les femmes tirent la sonnette d’alarme; il est aussi un déclic pour qu’elles tissent des liens entre elles, qu’elles multiplient les actions communes… Il faut aussi toucher la commission des femmes des Nations Unies et dire ce qui se passe réellement. Je pense qu’il faut aussi s’unir sur des combats précis, comme la lutte contre l’intégrisme. Même la démocratie est menacée de l’intérieur et de l’extérieur. Les démocrates maghrébins sont abandonnés par l’opinion mondiale, par l’Union Européenne. En revanche, les intégristes sont soutenus par ceux qui détiennent le monopole financier. Ce que nous vivons est donc lié au système économique mondial et au néo-libéralisme.

Comment faire pour organiser des résistances communes ?
Yamina Meghraoui. Elles doivent partir de la société civile internationale, des mouvements internationaux, des mouvements de jeunes, travailleurs, chômeurs… Ce sont eux, finalement, qui ont changé le cours des choses dans l’Histoire.

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Source de l’article l’Humanité

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