Je viens d’effectuer des visites bilatérales au Maroc, en Tunisie et en Algérie, et j’ai participé à la réunion de Limassol du groupe Med-7 (plateforme informelle de rencontres régulières des ministres des Affaires étrangères du Portugal, d’Espagne, de France, d’Italie, de Grèce, Malte et Chypre).
L’action du Portugal au sein de la Politique de Voisinage (Ndlr: de l’Union européenne avec sa frontière Sud) aussi bien que notre soutien au renforcement des relations avec les pays du Maghreb et notre compromis avec la stabilisation de la Libye par le biais du processus de dialogue politique national, marquent bien notre attention pour la Méditerranée.
Nos relations avec chacun des pays arabes d’Afrique du Nord sont importantes à plusieurs titres: des liaisons historiques et géographiques, très évidentes dans la proximité physique entre Lisbonne et Rabat; du niveau élevé du commerce et de l’investissement existant entre les deux régions. Le Maroc est actuellement le deuxième client du Portugal en Afrique et notre cinquième client extra-communautaire, tandis que l’Algérie occupe la troisième et sixième position au même titre.
En raison du potentiel de croissance économique -investissements ou exportations- ces marchés sont importants pour l’internationalisation de notre économie et la diversification des destinations et des partenariats.
De plus des liens culturels nous unissent, liens parmi lesquels je tiens à signaler la présence de lectorats portugais dans les universités marocaines, tunisiennes et égyptiennes, ou encore le projet d’intégration dans le cursus scolaire du portugais comme langue vivante d’option dans l’enseignement secondaire tunisien et la coopération dans le domaine du patrimoine culturel.
Les facteurs politiques et sécuritaires sont encore plus importants. Ils doivent être envisagés sur le plan multilatéral parce qu’ils concernent directement l’interaction entre l’Europe et l’Afrique du nord et le Moyen-Orient. Autrement dit, ils concernent la Méditerranée en tant que telle.
Les processus politiques en cours, comme la transition démocratique en Tunisie, pour l’essentiel déjà institutionnalisée, les réformes au Maroc ou la normalisation en Egypte intéressent toute la région.
La crise aiguë en Libye et sa vulnérabilité face à l’avancée du Daesh, ainsi que, un peu plus au Sud, les diverses instabilités dans le Sahel ou le problème palestinien persistent, les conflits entre puissances régionales dans le Golfe, la désintégration de la Syrie et l’énorme pression qu’elle impose à des pays comme l’Iraq ou le Liban constituent d’autant plus de facteurs d’insécurité aux effets dévastateurs sur l’ordre international.
Les racines et les lieux d’implantation des organisations terroristes les plus redoutables comme le Daesh ou Al Qaïda se trouvent ici – et leurs liens avec certains milieux sociaux, politiques et théocratiques à l’intérieur de l’Union européenne sont bien connus.
La dimension humanitaire de ces problèmes est catastrophique. Il est impossible de freiner la pression des migrations incontrôlées sans leur faire face. Il en découle que la frontière de sécurité de l’Europe se trouve, au Sud, dans toute la Méditerranée.
Il nous reste beaucoup de travail. À mon avis, il s’avère prioritaire, sur le plan bilatéral, de relancer les relations avec l’Egypte. Je prépare une visite officielle cette année, afin d’imprimer un nouvel élan aussi bien au rapport politico-institutionnel, qu’aux échanges commerciaux.
Sur le plan multilatéral, nous favoriserons dans l’immédiat une solution de stabilisation politique et de sécurité pour la Libye et développerons, à court terme, le travail de l’UpM (Union pour la Méditerranée).
Nous en avons déjà un exemple, avec la récente Université Euro-Méditerranéenne, à Fès. Qu’elle puisse signifier le chemin que nous devons tous suivre à tous les niveaux: la rencontre et la convergence des différentes civilisations et cultures qui forment la Méditerranée. La paix et le développement en seront redevables.
L’agenda de Lisbonne a plusieurs entréesLutter sans relâche contre l’extrémisme violent et le terrorisme ne dispense pas, cela va sans dire, d’apporter l’aide humanitaire aux victimes du terrorisme et de l’extrémisme. L’aide humanitaire doit aussi aller aux victimes des autocraties qui attaquent leurs propres peuples, aussi bien que des guerres civiles et des conflits interethniques et interreligieux.
Elle ne peut cependant ignorer l’intervention politico-diplomatique en faveur du dialogue politique, de la sécurisation et de la stabilisation, de la capacitation institutionnelle, du respect pour les droits de l’Homme, la liberté religieuse et la diversité confessionnelle, de la protection des minorités et de la résolution pacifique des conflits, à l’intérieur et entre les divers pays de la Méditerranée.
La parole et l’initiative du Portugal ont un sens dans le cadre des Nations unies et de l’Union européenne. Mais notre participation est également décisive dans les forums qui relient le sud européen et le Maghreb (comme le Dialogue 5+5 qui regroupe, d’un côté, le Portugal, l’Espagne, la France, l’Italie et Malte et, de l’autre, le Maroc, la Mauritanie, l’Algérie, la Tunisie et la Libye) ou qui renforcent les contacts entre les nations européennes méditerranéennes (comme le Med-7 déjà mentionné). Il est essentiel de valoriser l’Union pour la Méditerranée (UpM), que le Portugal intègre avec 42 autres pays, la seule organisation internationale où Israël et la Palestine dialoguent.
Les prioritésLa politique extérieure du Portugal compte plusieurs priorités, bien définies:- l’intégration européenne;- le lien transatlantique;- les relations avec l’Afrique et l’Amérique latine et avec tous les pays lusophones;- la relation avec les communautés portugaises qui résident à l’étranger;- l’internationalisation de son économie, de la langue et de la culture portugaises.L’attention portée à la Méditerranée s’inscrit à l’intersection entre l´Europe, en tant que telle mais surtout dans son flanc Sud, et la grande région qui couvre l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient.
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