Trois bateaux remplis de centaines de migrants ont fait naufrage dans la même semaine entre la Libye et l'Italie. Cette route, redevenue l'une des principales portes d'entrée en Europe, est également l'une des plus dangereuses: en 15 ans, plus de 16.000 personnes qui tentaient la traversée y ont trouvé la mort.
L'hécatombe continue en méditerranée. D'après le Haut-commissariat aux réfugiés (HCR) de l'ONU, plus de 700 migrants seraient morts dans trois naufrages, mercredi, jeudi et vendredi. Ces foules de personnes quittaient la Libye et tentaient de gagner l'Italie. C'est l'une des séries de naufrages les plus meurtrières de ce que l'on appelle la route centrale méditerranéenne. La même semaine, toujours selon le HCR, 14.000 migrants ont été secourus dans la même zone.
Le schéma est connu: plus on bloque les voies migratoires, plus les réfugiés prennent des risques pour contourner les barrières et parvenir jusqu'en Europe. En 2015, selon l'Organisation internationale des migrations, 3.771 migrants ont péri dans la mer Méditerranée. Et il ne s'agit que de ceux dont on retrouve le corps, ou dont des témoignages nous apprennent l'existence. Ce nombre, en réalité, est encore plus élevé, sans qu'il ne soit évidemment possible de l'estimer.
Véritable plaque tournante des migrations, la Libye est redevenu le point de départ privilégié vers l'Europe à mesure que les routes de l'est, via la Grèce puis les Balkans, se sont fermées. Et ce malgré son extrême dangerosité: emprunter ce passage signifie, au mieux, parcourir 300 km en mer dans des embarcations de fortune surpeuplées et mal équipées jusqu'à l'île italienne de Lampedusa. C'est de cette île, déjà, qu'il était question lors des naufrages en cascade de 2013 et 2014.
16.777 morts et disparus connus en 15 ans
Piloté par Journalism++, le projet Migrants Files compile dans une base de données le nombre de migrants morts durant leur voyage vers l'Europe depuis le 1er janvier 2000. A ce jour, leur base répertorie près de 35.000 décès et disparitions. Selon leurs informations, si l'on ne prend en compte que cette route centrale méditerranéenne, on constate que depuis 2000 au moins 16.777 migrants y ont perdu la vie. Cela en fait l'une des voies migratoires les plus dangereuses du monde.
Sur cette carte chronologique, chaque point rouge représente un incident mortel, tel qu'un naufrage, qui a coûté la vie à une ou plusieurs personnes entre 2000 et 2016. Les naufrages représentent la grande majorité de ces événements mais on compte aussi d'autres causes, comme la déshydratation ou bien la faim et l'hypothermie. La localisation peut être imprécise: lorsque l'embarcation ou des corps sont retrouvés sur une plage, on ne sait pas exactement où a eu lieu le naufrage.
Cette route, empruntée depuis des années, connaît une extrême popularité (et donc une très grande mortalité) depuis 2011. Le Printemps arabe et la chute de Muammar Kadhafi, le chaos qui a suivi la guerre civile ont poussé 434.000 libyens à quitter leur foyer.
Depuis 2013, la guerre en Syrie, qui a jeté 4 millions de personnes hors du pays, grossit le nombre des candidats à la traversée. Et aujourd'hui, le verrouillage de la "route des Balkans" pousse les familles à choisir des itinéraires plus détournés et plus dangereux: la traversée via la Libye ou l'Egypte en font partie.
Source de l'article BFM TV
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