Le ministre marocain de l’Agriculture, Aziz Akhannouch, a appelé l’UE à débloquer l’accord commercial gelé pour aider le pays à mettre en place sa stratégie de développement national.
En décembre 2015, la Cour de justice de l’UE (CJUE) a invalidé un accord de libre-échange agricole crucial entre l’UE et le Maroc car celui-ci n’est pas censé inclure le territoire contesté du Sahara occidental.
L’accord UE-Maroc sur les produits agricoles, les produits agricoles transformés et les produits de la pêche est entré en vigueur le 1er novembre 2012.
Le verdict de la CJUE est une réponse à la plainte déposée par le Front Polisario, un mouvement séparatiste qui lutte pour l’indépendance d’un territoire contrôlé par le Maroc. Cette décision a déclenché de vives réactions à Rabat, qui a suspendu ses liens avec l’UE.
Quelques jours plus tard, pour éviter une escalade diplomatique, le Conseil de l’UE a fait appel contre la décision de la Cour. Un nouveau verdict est attendu d’ici fin 2016.
État d’esprit plus constructif
Aziz Akhannouch a déclaré à EurActiv qu’en attendant la décision de la CJUE, le Maroc et l’UE travaillaient « main dans la main » pour mieux faire face à la situation.
« Nous travaillons désormais dans un état d’esprit beaucoup plus constructif en attendant le verdict », a-t-il expliqué.
Le ministre a souligné que malgré l’ouverture à d’autres marchés internationaux, Rabat considérait toujours l’UE comme son premier marché pour ses produits agricoles. « L’UE est un partenaire capital », a-t-il répété, tout en ajoutant qu’il ne fallait pas oublier que l’UE et le Maroc avait un partenariat étroit dans le domaine de la sécurité, et notamment de l’immigration.
Rabat a néanmoins été « très étonné » de la décision de la Cour, a-t-il souligné, en admettant que depuis, les relations bilatérales avaient « traversé quelques perturbations et moments difficiles ».
« Les associations agricoles étaient très en colère, et ce genre de choses peut avoir un impact majeur sur les futures relations commerciales », a noté Aziz Akhannouch. Selon lui, jusqu’à la décision finale, les relations UE-Maroc seront constamment mises à l’épreuve.
Agriculture et immigration
Faisant référence au recours du Conseil, le ministre a souligné que plusieurs pays européens avaient soutenu Rabat, comme la France, l’Allemagne, l’Espagne et le Portugal.
« C’est un soutien très important pour nous. Nous considérons que le secteur agricole dans toutes les régions, y compris dans le sud du Maroc, est un véritable facteur de développement qui nous permet de sauvegarder et préserver le niveau de vie de la population […] Nous avons une seule stratégie de développement pour tout le pays. »
« En promouvant cela, nous serons capables de résoudre un grand nombre de problèmes, dont l’immigration illégale […] la Syrie est loin de l’Allemagne, pourtant les effets de la guerre s’y ressentent. Nous, nous sommes à 14 kilomètres de l’Europe. C’est très difficile pour nous de protéger nos frontières », a-t-il poursuivi.
Accent sur les pays méditerranéens
L’agriculture est la pierre angulaire de l’économie marocaine. La population rurale est estimée à 16 millions de personnes, dont 80 % vivent de l’agriculture. Le secteur agricole représente 35 % de l’emploi et 10 % des exportations totales du Maroc.
Aziz Akhannouch a rappelé que le Maroc avec d’excellentes relations et des projets communs de développement et de commerce avec l’Espagne et la France. « Je crois que les pays méditerranéens devraient commencer à avoir une vision différente des relations avec le Maroc et le nord de l’Afrique. »
Plan vert et rareté de l’eau
Un récent rapport de l’ONU met en garde contre de graves pénuries d’eau dans les 15 prochaines années, et le Maroc sera sévèrement affecté. L’accès à l’eau pour l’usage domestique et pour la production est le premier Objectif pour le développement durable des Nations Unies.
« Nous nous concentrons depuis longtemps sur une politique de protection des ressources hydrauliques. Le périmètre irrigué que nous préservons fait 1,6 million d’hectares », a déclaré le ministre, soulignant le rôle du dénommé « plan vert ».
Lancé en 2008, le plan vert du Maroc est une stratégie nationale donc l’objectif principal est d’améliorer l’environnement des agriculteurs.
« [Grâce au plan vert] nous avons lancé un système d’irrigation localisé et nous espérons atteindre environ 550 000 hectares de zones irriguées d’ici à 2020. Cela permet non seulement d’économiser de l’eau mais aussi d’améliorer la production dans son ensemble », a observé le ministre, tout en ajoutant que les agriculteurs étaient formés au secteur de l’irrigation.
Par ailleurs, le plan vert a aidé a permis au ministère de cibler environ 700 000 petits agriculteurs.
« Entre 2008 et 2015, le taux de croissance moyen du PIB agricole était de 6,5 % […] nous avons assisté à un véritable essor de la production d’olives et d’agrumes, qui ont atteint les 2 millions de tonnes, ce qui représente une hausse de 65 %. »
Investissement et « terre du roi »
Interrogé sur les inquiétudes des investisseurs privés concernant le nombre important de terres agricoles détenues par le roi Mohammed VI, le ministre a répondu que ces informations étaient fausses.
« À l’origine, c’est une tradition très ancienne, même Hassan II s’intéressait à l’agriculture. Il a ouvert la voie et était un modèle pour les agriculteurs. Les agriculteurs marocains sont très fiers de voir Sa Majesté s’intéresser au secteur agricole. Le roi ne fait pas que les aider, il leur montre la voie à prendre », a insisté le ministre, soulignant le fait que de plus en plus d’investisseurs étrangers de France, d’Espagne, d’Italie et du Moyen-Orient plaçaient de l’argent dans le secteur agricole marocain.
Survivre dans le désert
Smara est une ville située dans le Sahara occidental. Avec une population d’environ 42 056 habitants, elle fait face à bon nombre d’obstacles naturels.
Le secteur de l’élevage a un rôle central, puisque la ville compte actuellement 15 000 dromadaires, 70 000 vaches, et 65 000 chèvres.
La principale difficulté est l’irrigation puisque l’eau souterraine est très rare.
Le Maroc a déjà investi massivement dans des infrastructures d’irrigation principalement grâce à la construction de sources d’eau souterraine artificielles, afin de s’assurer que tous les animaux ont de l’eau surtout en période de sécheresse.
Le ministre marocain de l’Agriculture tente de renforcer la coopération dans le secteur et de soutenir les coopératives, les associations, les ONG et la communauté locale.
Des associations d’éleveurs de dromadaires et de chèvres ont déjà été mises en place et leur objectif est la gestion centralisée du bétail et l’accès aux points d’eau.
Pêcheries
Laayoune est la plus grande ville du territoire contesté du Sahara occidental. Sa principale activité commerciale est la pêche.
Pour Aziz Akhannouch, le caractère durable des pêcheries est crucial. « Toute politique en matière de pêche ne peut pas être viable si elle n’intègre pas une gestion durable des ressources. »
En 2009, le Maroc a en effet lancé une stratégie de développement des pêcheries appelée Halieutis.
Cette stratégie établit des plans de gestion pour les petites espaces pélagiques, les grands crustacés, le merlu, les crevettes, le thon rouge et l’espadon. « Halieutis nous a permis de couvrir 93 % des prises de ces espèces en 2015 », a souligné le ministre.
Actuellement, 31 usines de transformation sont installées à Laayoune, et 883 petits bateaux pêchent dans la région, ce qui montre l’importance de ce secteur pour les « petits acteurs ».
En décembre 2015, la Cour de justice de l’UE (CJUE) a invalidé un accord de libre-échange agricole crucial entre l’UE et le Maroc car celui-ci n’est pas censé inclure le territoire contesté du Sahara occidental.
L’accord UE-Maroc sur les produits agricoles, les produits agricoles transformés et les produits de la pêche est entré en vigueur le 1er novembre 2012.
Le verdict de la CJUE est une réponse à la plainte déposée par le Front Polisario, un mouvement séparatiste qui lutte pour l’indépendance d’un territoire contrôlé par le Maroc. Cette décision a déclenché de vives réactions à Rabat, qui a suspendu ses liens avec l’UE.
Quelques jours plus tard, pour éviter une escalade diplomatique, le Conseil de l’UE a fait appel contre la décision de la Cour. Un nouveau verdict est attendu d’ici fin 2016.
État d’esprit plus constructif
Aziz Akhannouch a déclaré à EurActiv qu’en attendant la décision de la CJUE, le Maroc et l’UE travaillaient « main dans la main » pour mieux faire face à la situation.
« Nous travaillons désormais dans un état d’esprit beaucoup plus constructif en attendant le verdict », a-t-il expliqué.
Le ministre a souligné que malgré l’ouverture à d’autres marchés internationaux, Rabat considérait toujours l’UE comme son premier marché pour ses produits agricoles. « L’UE est un partenaire capital », a-t-il répété, tout en ajoutant qu’il ne fallait pas oublier que l’UE et le Maroc avait un partenariat étroit dans le domaine de la sécurité, et notamment de l’immigration.
Rabat a néanmoins été « très étonné » de la décision de la Cour, a-t-il souligné, en admettant que depuis, les relations bilatérales avaient « traversé quelques perturbations et moments difficiles ».
« Les associations agricoles étaient très en colère, et ce genre de choses peut avoir un impact majeur sur les futures relations commerciales », a noté Aziz Akhannouch. Selon lui, jusqu’à la décision finale, les relations UE-Maroc seront constamment mises à l’épreuve.
Agriculture et immigration
Faisant référence au recours du Conseil, le ministre a souligné que plusieurs pays européens avaient soutenu Rabat, comme la France, l’Allemagne, l’Espagne et le Portugal.
« C’est un soutien très important pour nous. Nous considérons que le secteur agricole dans toutes les régions, y compris dans le sud du Maroc, est un véritable facteur de développement qui nous permet de sauvegarder et préserver le niveau de vie de la population […] Nous avons une seule stratégie de développement pour tout le pays. »
« En promouvant cela, nous serons capables de résoudre un grand nombre de problèmes, dont l’immigration illégale […] la Syrie est loin de l’Allemagne, pourtant les effets de la guerre s’y ressentent. Nous, nous sommes à 14 kilomètres de l’Europe. C’est très difficile pour nous de protéger nos frontières », a-t-il poursuivi.
Accent sur les pays méditerranéens
L’agriculture est la pierre angulaire de l’économie marocaine. La population rurale est estimée à 16 millions de personnes, dont 80 % vivent de l’agriculture. Le secteur agricole représente 35 % de l’emploi et 10 % des exportations totales du Maroc.
Aziz Akhannouch a rappelé que le Maroc avec d’excellentes relations et des projets communs de développement et de commerce avec l’Espagne et la France. « Je crois que les pays méditerranéens devraient commencer à avoir une vision différente des relations avec le Maroc et le nord de l’Afrique. »
Plan vert et rareté de l’eau
Un récent rapport de l’ONU met en garde contre de graves pénuries d’eau dans les 15 prochaines années, et le Maroc sera sévèrement affecté. L’accès à l’eau pour l’usage domestique et pour la production est le premier Objectif pour le développement durable des Nations Unies.
« Nous nous concentrons depuis longtemps sur une politique de protection des ressources hydrauliques. Le périmètre irrigué que nous préservons fait 1,6 million d’hectares », a déclaré le ministre, soulignant le rôle du dénommé « plan vert ».
Lancé en 2008, le plan vert du Maroc est une stratégie nationale donc l’objectif principal est d’améliorer l’environnement des agriculteurs.
« [Grâce au plan vert] nous avons lancé un système d’irrigation localisé et nous espérons atteindre environ 550 000 hectares de zones irriguées d’ici à 2020. Cela permet non seulement d’économiser de l’eau mais aussi d’améliorer la production dans son ensemble », a observé le ministre, tout en ajoutant que les agriculteurs étaient formés au secteur de l’irrigation.
Par ailleurs, le plan vert a aidé a permis au ministère de cibler environ 700 000 petits agriculteurs.
« Entre 2008 et 2015, le taux de croissance moyen du PIB agricole était de 6,5 % […] nous avons assisté à un véritable essor de la production d’olives et d’agrumes, qui ont atteint les 2 millions de tonnes, ce qui représente une hausse de 65 %. »
Investissement et « terre du roi »
Interrogé sur les inquiétudes des investisseurs privés concernant le nombre important de terres agricoles détenues par le roi Mohammed VI, le ministre a répondu que ces informations étaient fausses.
« À l’origine, c’est une tradition très ancienne, même Hassan II s’intéressait à l’agriculture. Il a ouvert la voie et était un modèle pour les agriculteurs. Les agriculteurs marocains sont très fiers de voir Sa Majesté s’intéresser au secteur agricole. Le roi ne fait pas que les aider, il leur montre la voie à prendre », a insisté le ministre, soulignant le fait que de plus en plus d’investisseurs étrangers de France, d’Espagne, d’Italie et du Moyen-Orient plaçaient de l’argent dans le secteur agricole marocain.
Survivre dans le désert
Smara est une ville située dans le Sahara occidental. Avec une population d’environ 42 056 habitants, elle fait face à bon nombre d’obstacles naturels.
Le secteur de l’élevage a un rôle central, puisque la ville compte actuellement 15 000 dromadaires, 70 000 vaches, et 65 000 chèvres.
La principale difficulté est l’irrigation puisque l’eau souterraine est très rare.
Le Maroc a déjà investi massivement dans des infrastructures d’irrigation principalement grâce à la construction de sources d’eau souterraine artificielles, afin de s’assurer que tous les animaux ont de l’eau surtout en période de sécheresse.
Le ministre marocain de l’Agriculture tente de renforcer la coopération dans le secteur et de soutenir les coopératives, les associations, les ONG et la communauté locale.
Des associations d’éleveurs de dromadaires et de chèvres ont déjà été mises en place et leur objectif est la gestion centralisée du bétail et l’accès aux points d’eau.
Pêcheries
Laayoune est la plus grande ville du territoire contesté du Sahara occidental. Sa principale activité commerciale est la pêche.
Pour Aziz Akhannouch, le caractère durable des pêcheries est crucial. « Toute politique en matière de pêche ne peut pas être viable si elle n’intègre pas une gestion durable des ressources. »
En 2009, le Maroc a en effet lancé une stratégie de développement des pêcheries appelée Halieutis.
Cette stratégie établit des plans de gestion pour les petites espaces pélagiques, les grands crustacés, le merlu, les crevettes, le thon rouge et l’espadon. « Halieutis nous a permis de couvrir 93 % des prises de ces espèces en 2015 », a souligné le ministre.
Actuellement, 31 usines de transformation sont installées à Laayoune, et 883 petits bateaux pêchent dans la région, ce qui montre l’importance de ce secteur pour les « petits acteurs ».
Par Sarantis Michalopoulos - Source de l'article Euractive
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