Le Printemps arabe deux ans après : l'UE fait le point sur sa réaction



Plus de deux ans après le début du Printemps arabe, l'Union européenne se penche sur la situation dans les pays partenaires et évalue sa réaction en termes de soutien à la transition politique et économique, de développement des contacts interpersonnels et d’amélioration de la coopération régionale. La situation dans la quasi-totalité du monde arabe reste extrêmement instable et des défis en matière de sécurité subsistent, bien que d’importantes différences soient apparues dans et entre les pays et les régions.
 
En respectant le choix démocratique du peuple, l’UE s'est engagée dans un dialogue intense avec les nouveaux gouvernements et a élargi son soutien en partant du principe que sa relation avec les pays partenaires du Sud devait tenir compte non seulement de leurs programmes et politiques officiels mais surtout de leurs propres résultats au gouvernement. L'engagement de l'UE s’inscrit fermement dans une approche incitative basée sur le principe « more for more » (« donner plus pour recevoir plus ») et sur la « responsabilité mutuelle » tels qu’énoncés dans les deux communications conjointes de 2011 émises respectivement le 8 mars (au sujet du « voisinage méridional » de l’UE) et le 25 mai (au sujet d’une politique de voisinage européenne révisée).
 
L'UE a réaffirmé son engagement à fournir un soutien à long terme à tous les pays arabes engagés dans des transitions démocratiques et à les aider dans leurs efforts visant à surmonter les obstacles à court terme auxquels ils sont confrontés. Le partenariat avec les gouvernements issus du Printemps arabe se basera sur leurs résultats respectifs.
 
Dans ce contexte, l'UE continuera à s'engager de manière constructive avec les nouveaux acteurs politiques qui ont émergé ou sont arrivés au premier plan à la suite du Printemps arabe. Afin d'aider à construire et à maintenir vivante la culture démocratique dans les pays arabes, l'UE continuera également à soutenir la société civile et les actions des organisations non gouvernementales.
 
Soutien à la transition politique
 
Dès les tout premiers jours du Printemps arabe, les dirigeants de l'UE, y compris le Président du Conseil européen Herman Van Rompuy, le Président de la Commission européenne José Manuel Barroso et la Haute Représentante de l'UE pour les affaires étrangères et la politique de sécurité Catherine Ashton, ont effectué de fréquentes visites dans la région pour témoigner de l'engagement politique de l'UE. Un représentant spécial de l'UE pour la région du Sud de la Méditerranée (RSUE) a été nommé et a mis en place des « Task Forces » avec la Tunisie, la Jordanie et l'Egypte.
 
Soutenir les élections était au centre des préoccupations. À cet effet, l'UE a déployé des missions d'observation complètes en Tunisie, en Jordanie et en Algérie. Une équipe chargée d’évaluer les élections a été envoyée en Libye. L'UE a fourni une assistance technique pour aider les autorités à organiser les élections en Tunisie, en Libye, en Égypte et au Maroc, et a apporté son soutien aux organisations de la société civile (OSC) pour sensibiliser le public et former des observateurs électoraux nationaux. Les élections terminées, l'UE apporte un soutien important afin de mettre sur pied des institutions démocratiques.
 
La Commission européenne a créé la Facilité de voisinage pour la société civile pour soutenir la société civile dans la promotion des réformes et a renforcé son soutien à la Fondation Anna Lindh. La Commission apporte également un soutien financier à la nouvelle « Fondation européenne pour la démocratie » pour encourager les mouvements politiques/sociaux émergents et les organisations locales.
 
Soutien à la transition économique
 
Le soutien de l'UE pour stimuler une croissance économique durable est essentiel à la promotion des institutions démocratiques, à condition bien sûr que les partenaires du Sud eux-mêmes contribuent à instaurer les conditions propices à la croissance grâce à l'adoption rapide de réformes économiques et institutionnelles pertinentes. En plus des 3,5 milliards d’euros déjà alloués pour la période 2011-13, l'UE a dégagé environ 700 millions d’euros afin d’accorder de nouvelles subventions au voisinage méridional, en particulier à travers le programme SPRING (Aide au partenariat, aux réformes et à la croissance inclusive), qui fournit un financement supplémentaire aux partenaires du Sud montrant leur engagement et leurs progrès dans la réforme démocratique.
 
Les « Task Forces » ont contribué à une coordination optimale pour de futurs investissements au sein des institutions européennes, des États-membres, de la BEI, de la BERD et d’autres IFI (institutions financières internationales). Le secteur privé a également joué un rôle clé avec plus de 100 chefs d'entreprise européens présents à la Task Force UE-Egypte en octobre dernier au Caire. La présentation récente à Tunis du Comité consultatif sur l'économie par le vice-président Tajani est un autre exemple de la valeur ajoutée des réunions de la Task Force et de leur suivi.
Le Conseil a accepté de négocier des directives pour des accords de libre-échange approfondi et complet avec le Maroc, la Jordanie, l'Égypte et la Tunisie en décembre 2011. Les négociations avec le Maroc devraient commencer au début de 2013. La Tunisie pourrait être prête à entamer les négociations plus tard cette année.
 
Aujourd'hui, la BEI peut accorder des prêts supplémentaires jusqu'à 1,7 milliards d'euros (1 milliard d'euros du « mandat méditerranéen » et jusqu'à 700 millions d'euros pour lutter contre le changement climatique) et le mandat élargi de la BERD - tel qu'initialement proposé par l'UE - a permis la mobilisation de 1 milliard d'euros supplémentaires pour des actions en Égypte, au Maroc, en Tunisie et en Jordanie. 
 
La Commission a lancé une initiative pour l'agriculture et le développement rural(ENPARD) dans le but d'améliorer la productivité agricole. L'UE finance également des programmes pour promouvoir les PME et réduire le chômage. Quant aux transports, à la réforme de la réglementation, à l'établissement de réseaux et à la sécurité maritime, ceux-ci nécessitent encore une attention accrue et pourraient faire l'objet d'un projet de réunion ministérielle de l'Union pour la Méditerranée en 2013.
 
En matière d'énergie, l'UE a renforcé son soutien aux réformes de marché et à l'intégration régionale et appuie la mise en place du Plan solaire méditerranéen avec l'UpM. La Commission consulte les États membres et les partenaires sur l'instauration d'une Communauté méditerranéenne de l'énergie, en se concentrant tout d'abord sur l'électricité et les énergies renouvelables. En ce qui concerne l'environnement, l'UE continuera d'appuyer le nettoyage de la Méditerranée à travers l'initiativeHorizon 2020. L'UE a également apporté son soutien au projet de Stratégie pour l'eau en Méditerranée, en attendant un accord politique par les partenaires.
 
Développement des contacts interpersonnels
En 2011, la Commission a lancé un dialogue sur les migrations, la mobilité et la sécurité visant à conclure des partenariats pour la mobilité avec la Tunisie et le Maroc. D'autres discussions sont en cours avec le Maroc et se poursuivront en 2013 en vue d’entreprendre des négociations. Des discussions préparatoires, entamées fin 2012, sont toujours en cours avec la Tunisie et la Jordanie. Une fois les partenariats pour la mobilité conclus, la prochaine étape sera de solliciter des mandats aux États membres de l'UE pour entamer des négociations sur les accords de facilitation des visas et les accords de réadmission. Un financement supplémentaire a été accordé à Erasmus Mundus, à Tempuset à la Fondation européenne pour la formation.
 
Renforcer la coopération régionale
 
L'UE a renouvelé son engagement auprès des organisations régionales. L'UE a pris la présidence du nord de l'Union pour la Méditerranée en 2012. En novembre 2012, les ministres de l'UE et de la Ligue arabe ont adopté une déclaration politique globale et un programme de travail commun. Dernierpoint, mais non des moindres, l'UE a encouragé l'intégration régionale au Maghreb, notamment grâce à une communication conjointe de la Commission et la Haute Représentante. La Commission a également indiqué qu'elle était prête à soutenir les initiatives lancées dans le cadre du Sommet 5+5
 
Pour en savoir plus
Page web EU Neighbourhood Info Centre - La réaction de l'UE au Printemps arabe (14-05-2012)
 

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