Invitation au voyage dans un monde immémorial... avec l'exposition « Mediterraneo » du photographe italien de renom Mimmo Jodice qui se tient au siège central de la Byblos Bank*,
La puissance mémorielle, l'usure, le silence... Et ces regards de pierre, venus des profondeurs du temps, qui vous fixent, vous scrutent, vous interpellent. Quelque chose d'existentiel, comme un sentiment d'éternité mêlé d'une inquiétude quasi palpable, jaillit des 62 photos en noir et blanc que présente le célèbre Mimmo Jodice à la Byblos Bank dans le cadre de la deuxième édition de Photomed au Liban dont la banque est l'un des principaux partenaires.
Invité d'honneur de ce Festival de la photographie méditerranéenne, Mimmo Jodice, 81 ans, a inauguré en personne cette exposition qui lui est consacrée. Ce qui lui a offert, dit-il, « l'opportunité de me connecter au Liban qui me semble très familier sur les plans culturel et artistique ».
À travers cette sélection intitulée donc « Mediterraneo » et qui condense sa « longue exploration de la culture et de la mémoire du bassin méditerranéen », le photographe napolitain propulse le visiteur dans sa vision antique, archéologique, comme nimbée d'un souffle puissamment métaphysique, de cette région berceau des civilisations.
Des hommes et femmes de pierre tellement vivants !
Aux antipodes des clichés instantanés et des paysages convenus, colorés, baignés de soleil et grouillant de monde qui sont souvent rattachés à l'imagerie méditerranéenne, Jodice capte dans ses « compositions » le mystère et la puissance de ce territoire, entre ciel et mer, matrice du monde. Des dédales zébrés de lumière de l'antre de la Sybille de Cumes aux béances des troglodytes de Petra, en passant par les ruines de Palmyre, celles des villes romaines ou encore les spirales des escaliers souterrains de Naples...
Des portraits de la déesse « Athéna », des notables et autres sénateurs de la Rome antique aux silhouettes de lutteurs, yeux exorbités, rictus grimaçants comme figées en plein mouvement, leurs ombres noires les enveloppant d'une aura encore plus angoissante... Il se dégage de cet ensemble de clichés, réalisés entre 1983 et 2008 en format moyen et accrochés aux cimaises de la Banque Byblos, une vibrante intensité émotionnelle.
Exclusivement en noir et blanc, ses images de vestiges antiques – nécropoles, colonnes, temples et voies pavées – et ses gros plans de statues aux faces ébréchées, altérées, rongées par les siècles évoquent « cette vie qui, il y a 2 000 ans, était déjà la même que la nôtre avec ses doutes et ses inquiétudes », explique le photographe italien, passé maître dans l'art de rendre les hommes et femmes de pierre bien vivants.
Et qui, par un savant jeu d'ombres, de gros plans, de cadrages inattendus et de tirages qu'il réalise lui-même, révèle dans ses œuvres ce sentiment d'angoisse, cette « intranquilité », comme il dit, inhérents à la nature humaine. Depuis l'insondable nuit des temps... Et puis, dans ce déploiement de sites et de figures millénaires, deux ou trois clichés d'horizons marins semblent murmurer : « Que sont les siècles pour la mer... » **
*Achrafieh, avenue Élias Sarkis. L'exposition est ouverte au public tous les jours de 16h à 20h, sauf les samedis et les dimanches de 10h à15h.
** Titre d'un roman de Max Gallo.
Source de l'article l'Orient le Jour
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