La ministre néerlandaise du commerce extérieur en opération séduction au Maroc

Les deux pays ont conclu plusieurs accords de coopération. Les discussions avec les autorités marocaines ont porté principalement sur l’agriculture, les TIC, l’énergie et le développement durable.
port casablanca Les Pays-Bas, 3e partenaire européen du Maroc, derrière la France et l’Espagne, avec près de 16,3 milliards de DH d’échanges commerciaux en 2013, sont décidément déterminés à consolider leur rang. La ministre du commerce extérieur et de la coopération, Lilianne Ploumen, l’a une nouvelle fois prouvé en choisissant le Maroc pour sa première escale d’une tournée maghrébine qui se poursuivra en Tunisie et en Algérie. Pendant deux jours, les 2 et 3 février, la ministre, accompagnée de représentants d’entreprises néerlandaises et d’experts, notamment dans les domaines de l’agroalimentaire, du traitement des déchets et des infrastructures maritimes, s’est attelée à vendre l’expertise néerlandaise, tout en tentant de redorer son image légèrement écornée par la décision, en octobre dernier, de dénoncer la convention de sécurité sociale signée entre le Maroc et les Pays-Bas en 1972.

Rapprochement entre le port d’Amsterdam et l’ANP
Concernant l’ensemble des bi-nationaux disposant de la nationalité néerlandaise, cette décision doit permettre d’appliquer les réformes et la modernisation qu’a subies le système hollandais de sécurité sociale ces dernières années. Un projet de loi sera prochainement soumis au vote du Parlement hollandais, pour une éventuelle entrée en vigueur le 1er janvier 2016.  
En attendant, le Royaume des Pays-Bas poursuit sa stratégie de renforcement de ses relations de ce côté de la Méditerranée. Après Tanger, où la ministre a rencontré le wali de Tanger-Tétouan, Mohamed El Yaakoubi, et visité les implantations d’entreprises néerlandaises, notamment dans la zone franche de Tanger Med, elle a eu des discussions avec plusieurs membres du gouvernement marocain, dont le ministre de l’industrie, du commerce, de l’investissement et de l’économie numérique, Moulay Hafid Elalamy, et le ministre délégué chargé du transport, Mohamed Najib Boulif, et visité les locaux à Rabat de l’Association des femmes chefs d’entreprises du Maroc (AFEM).


Le Maroc bénéficiera de l’expérience hollandaise
A l’occasion de cette visite, trois accords ont été signés. En marge d’une table-ronde maroco-hollandaise sur la thématique de la gestion des déchets, un premier accord a été conclu entre les deux Royaumes sur la coopération en matière de gestion, de tri et de valorisation des déchets. Il permettra au Maroc de bénéficier de l’expertise hollandaise pour l’élaboration de textes juridiques pour le développement de ces filières et d’un appui aux collectivités territoriales pour la gestion des déchets et la sensibilisation des citoyens. Le deuxième accord concerne la gestion portuaire entre le port d’Amsterdam et l’Agence nationale des ports et le 3e vise l’élargissement du programme PUM Netherlands Senior Experts, qui invite les experts néerlandais en fin de carrière à partager leur connaissance aux entreprises.

Questions à Lilianne Ploumen, ministre du commerce extérieur et de la coopération du Royaume des Pays-Bas


La Vie éco : Comment évaluez-vous les échanges entre votre pays et le Maroc ?

Les volumes de nos échanges peuvent et devraient être intensifiés. En termes de chiffres, nous sommes le 3e partenaire européen du Maroc, après la France et l’Espagne, mais nos volumes restent peu élevés. Cette mission économique est une façon de développer les opportunités d’échanges entre les deux Royaumes. Il est très intéressant de voir ce que nous pouvons offrir au Maroc, par exemple dans les domaines de l’agriculture, des technologies de l’information, de l’énergie et le développement durable. Ce sont les secteurs clés dans lesquels nous pouvons renforcer nos échanges. 

Ces dernières années, votre stratégie de renforcement des relations avec le Maroc s’est caractérisée par une multiplication des contacts, visites et missions économiques. Vos efforts ont-ils payé ?


Comme vous le savez, lorsqu’on parle d’échanges, il faut d’abord renforcer les contacts avant d’en arriver aux contrats. Nos entrepreneurs, qui ont mis à profit ces missions pour dialoguer avec leurs homologues marocains, n’ont pas tous décroché de contrats. Etablir la confiance demande du temps. Depuis 2012, nous intensifions les contacts entre nos deux pays. Je suis persuadée que nous pourrons constater les résultats dans les prochaines années. 

Vous avez conclu un accord relatif à la gestion des déchets. C’est un dossier délicat au Maroc, notamment lorsqu’il s’agit de gestion déléguée, du fait des relations compliquées entre collectivité locale et entreprises. Quelle est votre approche ?

Aux Pays-Bas, la gestion des déchets relève aussi de la responsabilité des collectivités locales. Il est important de prendre en considération le contexte local dans ce domaine. En ce qui concerne les relations avec le secteur privé, il est évident que chacun doit assumer ses responsabilités. Aux Pays-Bas, nous fonctionnons essentiellement par des partenariats public-privé, dont nous avons développé différents modèles. Ils sont préférés car décrivent précisément les rôles et responsabilités de chacun et sont orientés résultats. Bien sûr, chaque situation est différente. Il n’y a pas de solution parfaite mais c’est une des approches que nous adoptons chez nous. 80% des déchets sont recyclés aux Pays-Bas.
Par  Anne-Sophie Martin - Source de l'article La Vie éco

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