La flambée de violence qui embrase notre pays fait mieux prendre conscience du remarquable parcours entrepris par la Tunisie depuis 2011.
La fin du régime Ben Ali avait alors inauguré les printemps arabes. Le moins que l'on puisse dire est qu'ils n'ont pas tous porté les fruits attendus. En Egypte, on est revenu à la case départ, c'est-à-dire à la dictature militaire ; en Libye, on a plongé dans l'anarchie ; en Syrie, le rêve démocratique d'un instant a viré au cauchemar absolu.
Et au milieu de ces champs désolés, un petit pays de 11 millions d'habitants continue d'avancer sagement. Certes, ce n'est pas sans soubresauts. Depuis la chute de l'ancien dictateur, il a connu une phase de transition très instable, puis un gouvernement islamiste puis, tout récemment, une majorité parlementaire et un nouveau président élu, Béji Essebsi, plus proche des milieux modernistes que des masses rurales conservatrices.
A chacune de ces étapes, tout aurait pu déraper et tout a, d'ailleurs, failli déraper lorsque, à deux reprises, des leaders du camp démocrate ont été assassinés. Mais le convoi de la démocratie est resté sur sa route. Ni l'armée ni la police n'ont voulu occuper des institutions affaiblies. Les islamistes du parti Ennahdha n'ont pas cédé à leurs extrémistes.
Les anciens du régime Ben Ali n'ont pas tenté un retour en force. A chaque étape, les modérés de toutes les forces politiques et sociales en présence l'ont emporté. Si l'on songe au processus exalté et suicidaire qu'a connu la Révolution française depuis la prise de la Bastille jusqu'à Thermidor, c'est exactement l'inverse qui s'est produit en Tunisie.
Et tout cela alors que, à l'ouest, la frontière avec l'Algérie est peu sûre, qu'à l'est, celle avec la Libye est une passoire à miliciens de tous poils - sans compter la charge des nombreux réfugiés - et que la machine économique est ralentie par toutes les incertitudes, voire à l'arrêt s'agissant du tourisme.
Un miracle ! Ce serait l'intérêt - et l'honneur - de la France et de l'Europe que d'aider la Tunisie à consolider ce miracle par des investissements appropriés et le retour du tourisme. Un phare démocratique planté sur la rive sud de la Méditerranée serait un espoir pour le monde arabe et la preuve que celui-ci n'est pas voué à être le continent perdu du fanatisme.
Par Favilla - source de l'article Les Echos
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