«La reconstruction d'une zone entre l'Afrique, la Méditerranée et l'Europe, un espace de création de richesses et de refondation de la raison», André Azoulay, membre de l'Académie du Royaume du Maroc et conseiller de S.M. le Roi
«Une Afrique jeune, dont la richesse et le développement sont pour demain, une Méditerranée en crise et une Europe un peu perdue», tel est le constat que l'on se fait actuellement, a signalé André Azoulay. Ph : MAP |
Une réflexion sur la reconstruction d'une zone entre l'Afrique, la Méditerranée et l'Europe peut-être, non seulement une plateforme de création de richesses, mais aussi un espace qui permettra «la refondation, la reconquête et le retour de cette raison qui nous fait aujourd'hui défaut», a indiqué, vendredi à Rabat, André Azoulay, membre de l'Académie du Royaume du Maroc et conseiller de S.M. le Roi.
«Malgré l'intérêt des pays du sud de la Méditerranée d'intégrer une zone à venir et en devenir de stabilité et de création d'une richesse mieux partagée et de régulation de l'ensemble de ces désordres auxquels nous sommes confrontés aujourd'hui, le simple fait d'évoquer en ces temps de régression, d'archaïsme, de doute et de fractures, et de parler de l'Afrique, de la Méditerranée et de l'Europe comme nouvel ensemble est probablement paradoxal, peut-être même naïf», a souligné André Azoulay, à la clôture de la 43e session de l'Académie du Royaume du Maroc, tenue du 8 au 11 décembre à Rabat, sous le thème «l'Afrique comme horizon de pensée».
Néanmoins, a-t-il dit, «force est de constater aujourd'hui que cette mondialisation à rythme forcé a connu, au fur et à mesure qu'elle avançait, un monde qui reculait sur l'essentiel, en l'occurrence, le savoir-vivre ensemble et le respect mutuel».
Pour André Azoulay le grand élan international de fusion des forces et des richesses ira de pair avec «un partenariat euro-méditerranéen avec plus de réciprocité et de justice dans la richesse que nous créons ensemble».
«Une Afrique jeune, dont la richesse et le développement sont pour demain, une Méditerranée en crise et une Europe un peu perdue», tel est le constat que l'on se fait actuellement, a-t-il signalé, faisant valoir qu'avec une «Union Européenne avec à ses frontières des bruits de bottes, la guerre, le terrorisme, l'anarchie des flux migratoires, toutes ces peurs que l'on croyait disparues fleurissent désormais un peu partout et nourrissent tous ces ostracismes, toutes ces caricatures, tous ces racismes que l'on croyait totalement révolus, car l'Europe ne peut pas être amnésique et ne peut oublier qu'il y a un peu plus d'un demi-siècle elle avait connu les pires tragédies que notre civilisation contemporaine ait vécues».
Malgré ce constat, «c'est de façon évidente l'intérêt de l'Europe de mettre le cap enfin au Sud avec une approche qui ne serait pas celle qui dominait jusqu'à présent toutes les constructions de partenariats, par exemple, avec le sud de la Méditerranée», a affirmé André Azoulay, plaidant par la même pour «un partenariat revu et corrigé qui sera celui de l'équité, de la parité et de la raison».
L'ensemble des investissements directs en Afrique, des subventions et des aides est très largement absorbé par les déficits commerciaux du Continent avec le reste du monde industrialisé, a-t-il noté, appelant à «une co-gouvernance et coresponsabilité, une équation revue et corrigée de nos partenariats économiques pour que la richesse que nous créons ensemble soit mieux partagée».
Dans ce sens, «le Maroc affirme son leadership, la crédibilité de sa position dans l'intermédiation dans ce choc des plaques tectoniques qui se manifeste aujourd'hui dans la tragédie et dans la fracture», a-t-il relevé, soutenant que le Royaume, à travers l'ensemble des décisions fondatrices de sa stratégie internationale et notamment sur le continent africain, s'est proposé en intermédiaire avec la légitimité, la crédibilité et le respect de tous.
Cette 43e session, organisée sous le Haut patronage de S.M. le Roi Mohammed VI, a été l'occasion de se pencher sur nombre de sujets se rapportant notamment à «L'Afrique face aux défis», «L'héritage historique», «Les contextes géostratégiques», «penser autrement le développement», «Le Maroc et l'Afrique», «Les dynamiques spirituelles», «La réalité africaine : les enjeux sociaux», «Démocratie et justice transitionnelle» et «La diversité culturelle et confessionnelle».
Cette session a enregistré la participation de chercheurs, académiciens, penseurs, sociologues, universitaires, hommes de religion, juristes, écrivains et diplomates représentant le Maroc, le Royaume-Uni, le Congo, l'Egypte, l'Afrique du Sud, le Portugal, le Sénégal, le Sultanat d'Oman, la France, la Tunisie, le Niger, l'Ouganda, le Bénin, le Kenya, l'Espagne, les USA, le Ruanda, le Ghana, le Soudan, les Iles Comores, la Mauritanie, le Burkina Faso et le Nigeria.
Nombre d'étudiants doctorants qui préparent leurs thèses autour de l'Afrique ont été conviés à ce conclave académique, au côté des étudiants subsahariens inscrits dans les universités marocaines.
La séance d'ouverture a été marquée par un hommage posthume à feu Abdellatif Berbich, ancien secrétaire perpétuel de l'Académie du Royaume du Maroc, doyen de la Faculté de médecine de Rabat et chef du service néphrologie et de réanimation de l'Hôpital Avicenne.
Cette session a réuni 62 intervenants marocains, 112 étrangers, autour de 12 séances de travail destinées à débattre de questions économiques, politiques, religieuses et sociales en relation avec l'Afrique.
Source de l'article Le Matin
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