L'Egypte a signé avec la Russie un accord pour la construction d'une centrale nucléaire. Destiné à pallier la pénurie énergétique, le projet reflète un rapprochement croissant entre les deux pays
Une centrale nucléaire égyptienne. Ce projet longtemps reporté serait en passe d’être réalisé. C’est le jeudi 19 novembre que l’Egypte et la Russie ont signé, au Caire, l’accord donnant le coup d’envoi à ce projet ambitieux.
L’accord a été signé en présence du président Abdel-Fattah Al-Sissi, du directeur général de l’Agence de l’énergie atomique russe, Sergueï Kirienko, et du ministre de l’Electricité, Mohamad Chaker. Les deux pays avaient signé un accord préliminaire en février dernier, lors d’une visite du président russe, Vladimir Poutine, au Caire. Les travaux devront débuter le mois prochain et la première phase de la centrale devra être opérationnelle en 2022.
La signature de cet accord est un « message illustrant le poids des relations entre nous et la Russie. Depuis longtemps l’Egypte rêvait d’avoir son programme nucléaire pacifique, pour la production électrique », s’est félicité le président Abdel-Fattah Al-Sissi, lors de la cérémonie de signature de l’accord. Pour sa part, Sergueï Kirienko a souligné l’importance que représente ce projet pour l’Egypte. « Nous avons signé aujourd’hui un accord de coopération pour la construction et l’exploitation d’une centrale nucléaire de quatre réacteurs d’une puissance de 1 200 mégawatts chacun », a déclaré Kirienko. Selon lui, « cette première centrale fera de l’Egypte un leader régional en termes de technologie ».
En vertu de cet accord ratifié, Moscou participera au financement de la centrale grâce à un prêt remboursable sur 35 ans. Selon le ministre de l’Electricité, Mohamad Chaker, la Russie devra fournir 80 % des composants de construction alors que les versements du crédit ne seront pas payés qu’une fois celle-ci terminée. Aucun autre détail n’a été dévoilé quant au montant dudit crédit ou aux modalités de remboursement.
Ali Abdel-Nabi, ancien président de l’Organisme de l’énergie nucléaire, estime que cet accord constitue un grand succès pour l’Egypte. Moscou aiderait l’Egypte, non seulement dans la construction de la centrale, mais aussi dans la mise au point de son système de fonctionnement. Abdel-Nabi explique que les clauses de l’accord détaillent les critères techniques et technologiques garantissant le respect des normes de sécurité de la future centrale.
En ce qui concerne l’emplacement choisi, la future centrale nucléaire sera dans la région d’Al-Dabaa, au nord-ouest de l’Egypte. Il s’agit d’une localité de 60 km2, dépendant du gouvernorat de Marsa Matrouh.
« Ce site a été choisi conformément aux recommandations d’experts égyptiens et internationaux, qui ont effectué des études de terrain dans différentes régions du pays. Son emplacement géographique, sa proximité de la Méditerranée, ainsi que la topographie et la nature géologique du terrain font d’Al-Dabaa l’emplacement idéal pour un tel projet », explique Abdel-Nabi.
Energie et politique
Ce projet a été motivé par la récente pénurie d’électricité, qui a donné lieu à de fréquentes coupures de courant au Caire et dans d’autres gouvernorats. « Cette centrale aidera l’Egypte à subvenir à ses besoins en électricité et à en finir définitivement avec la pénurie d’énergie », affirme Gamal Al-Qualioubi, professeur d’énergie à l’Université américaine au Caire. Il estime que ce projet colossal économisera à l’Egypte 360 millions de dollars par an, en termes de production d’énergie.
Un accord non moins important sur le volet politique, d’après le politologue Tarek Fahmi. « Cet accord réaffirme la volonté de l’Egypte et de la Russie de consolider leurs relations bilatérales et de les porter vers des horizons plus larges et diversifiés. Il avorte du coup les tentatives de certains pays occidentaux qui ont essayé d’exploiter le crash de l’avion russe au-dessus du Sinaï en novembre dernier pour envenimer les relations entre Le Caire et Moscou », dit Fahmi, tout en soulignant l’importance de la Russie pour assurer un certain équilibre dans nos relations internationales.
Par May Al-Maghrabi - Source de l'article Al Ahram
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