Développer l'industrie du sucre en Egypte pour faire face à une consommation locale de 3,1 millions de tonnes par an. C'est le menu d'une nouvelle coopération franco-égyptienne.
La semaine dernière, au milieu des événements terroristes qui ont secoué la France, 12 entreprises françaises, oeuvrant dans les domaines de la production du sucre, se sont rendues en Egypte pour une visite de 4 jours. Objectif : Une coopération avec les entreprises égyptiennes dans le domaine de la production de sucre. Des rencontres tête-à-tête ont eu lieu entre les deux parties et des accords sont en cours de finition. Outre le sucre, les entreprises françaises s’intéressent à injecter de nouveaux investissements dans le domaine de l’énergie, notamment dans l’énergie renouvelable. Il est à noter que des entreprises françaises oeuvrent déjà en Egypte dans plusieurs domaines, dont les secteurs bancaire et touristique.
« Il était prévu que les investissements français en Egypte enregistrent une hausse de 20 % au cours des 12 prochains mois, pour atteindre 3 milliards d’euros. Mais l’afflux de ces investissements pourrait ralentir au cours de la prochaine période, vu la conjoncture en France, mais la situation se redressera rapidement pour réaliser l’objectif annoncé », dit Fouad Younès, président du Conseil Franco-Egyptien des Affaires (CFEA). Il ajoute : « l’engagement des entreprises à se rendre en Egypte à la date prévue souligne un intérêt particulier pour le partenariat avec l’Egypte ».
Réduire les coûts de production
Les entreprises françaises avaient annoncé effectuer cette visite pour l’Egypte, organisée par le bureau d’Ubifrance en Egypte, depuis environ un mois, c’est-à-dire avant les attaques terroristes à Paris et le crash de l’avion russe en Egypte. Or, comme le confirme Albert Adib, responsable de presse auprès de l’Agence française pour le développement international des entreprises (Ubifrance), « la délégation a insisté à effectuer la visite et ne pas l’annuler ».
Pour ce qui est de cette coopération dans le domaine de l’industrie du sucre, il s’agit d’améliorer les procédures et le coût de la production, et d’en développer la technologie. « L’Egypte a besoin d’augmenter sa production en sucre pour satisfaire les besoins du marché local. La production locale se limite à 2,4 millions de tonnes par an, alors que la consommation atteint 3,1. Les usines égyptiennes ont besoin de l’expertise française pour améliorer leur capacités productives », rétorque Abdel-Wahab Allam, président du Conseil des productions du sucre. Il ajoute : « Les entreprises égyptiennes ont réussi les 5 dernières années à augmenter leur production de 4 000 tonnes par an, or, elles sont encore loin du compte. Nous possédons les ressources et les capacités, mais nous avons besoin de les bien gérer. Nous devons améliorer la qualité de la production et réduire son coût ». Le coût atteint actuellement 400 L.E. la tonne, soit entre 20 et 30 % de plus que du prix mondial.
Des échanges à hauteur de 2,3 milliards
Pour Antoine Mario, président de Codetec, un consortium d'entreprises françaises oeuvrant dans la production des équipements du sucre, le domaine d’agroalimentaire égyptien, surtout le sucre, possède des opportunités réelles. « Nous sommes là pour saisir ces opportunités et coopérer avec nos partenaires égyptiens afin de les aider à surmonter les difficultés qui entravent l’épanouissement du secteur ».
L’Egypte a des partenariats réussis avec un nombre de pays européens. Mais la relation entre Le Caire et Paris a sa spécificité. La France est le troisième plus grand partenaire commercial de l’Egypte au niveau européen et le cinquième au niveau mondial. Le taux d’investissements directs de la France a augmenté de 31 % au cours de 2014 pour atteindre 350 millions de dollars. Pendant les 9 premiers mois de l’année en cours, les échanges commerciaux entre les deux pays ont atteint 2,3 milliards de dollars, selon les chiffres du ministère de l’Investissement égyptien. « L’Egypte possède beaucoup d’opportunités d’investissements », dit Ludovic Prevost, directeur du bureau d'Ubifrance en Egypte. Il révèle que plusieurs délégations vont se rendre en Egypte, au cours de la prochaine période pour promouvoir la coopération entre les deux pays dans des différents secteurs.
Il ajoute : « Les relations égypto-françaises sont consistantes et tournées vers l’avenir. Il existe actuellement de nombreux horizons de coopération à exploiter, surtout que l’économie égyptienne réalise une bonne croissance »
Si les investissements français se concentraient au début dans le domaine des services, comme le révèle à l’Hebdo, un investisseur français participant à la visite, on peut sentir actuellement une orientation française à s’intéresser aux secteurs industriels qui représentent pour l’Egypte une valeur ajoutée. Il existe actuellement 90 entreprises françaises en Egypte.
Or, selon un expert économique qui a requis l’anonymat, cette relation bilatérale penche à l’heure actuelle en faveur des Français. « En consultant la liste des exportations égyptiennes, on note que le bond de la valeur des exportations est dû au premier plan au gaz naturel et aux exportations chimiques et pétrolières. Mais avec la baisse des cours mondiaux du pétrole, l’Egypte doit s’attendre à une certaine baisse. Il n’y a pas de réalisations réelles », expose-t-il. Les relations sont donc encore limitées.
Par Nevine Kamel - Source de l'article Al Arham
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