La seconde édition du Forum arabe pour l'économie verte a ouvert ses portes hier, un secteur pour lequel la Banque du Liban a multiplié les initiatives depuis 2010.
Une centaines de représentants des milieux d’affaires se réunissent pour deux jours de tables rondes sur le thème de l’économie verte. Photo DR |
À l'heure où plus d'une centaine de dirigeants des quatre coins de la planète se réunissent à Paris pour tenter de trouver un accord sur les mesures à prendre face au changement climatique, à Beyrouth une centaine de représentants des milieux d'affaires et financiers libanais dissertaient, hier, sur le moyen de concilier économie et écologie à l'occasion de la seconde édition du Forum arabe pour l'économie verte.
« La promotion de l'économie verte, modèle économique fondé sur les principes du développement durable, concerne aussi bien le secteur privé que les gouvernements », a commencé d'emblée Adnane Kassar, le président d'honneur de l'Union générale des Chambres de commerce arabes, coorganisatrice de l'évènement avec la Banque du Liban (BDL) et la Fédération des Chambres de commerce au Liban. Le ministre de l'Environnement, Mohammad Machnouk, est ensuite revenu sur les étapes de l'action gouvernementale dans ce domaine sur les cinq dernières années, citant, par exemple, le lancement en 2014 d'un programme de lutte contre la pollution industrielle (Lepap), fruit d'une initiative conjointe entre le ministère de l'Environnement, celui des Finances, la BDL, la Banque mondiale, le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) ainsi que le gouvernement italien.
Une action saluée par le président de l'Association des industriels libanais (AIL), Fadi Gemayel, qui insiste toutefois sur le rôle moteur du secteur privé en la matière. Il a notamment cité le secteur de la papeterie, dont « 70 % de la production provient du recyclage », un secteur qu'il connaît bien pour être également président de Libanpack, une association qui offre une aide aux industriels libanais en matière d'emballage durable. « Le recyclage doit être une priorité au Liban car il peut fournir, à terme, près de 80 % des ressources consommées par les industries locales », a-t-il ajouté. Il estime cependant que les initiatives du secteur privé dans ce domaine sont encore trop isolées au Liban comme dans les pays arabes. « Nous attendons des Chambres de commerce arabes qu'elles encouragent et coordonnent les initiatives émanant des secteurs privés des différents pays de la région, et de l'État qu'il renforce son action dans ce domaine », expose-t-il.
La BDL en première ligne
Car, en matière de soutien public à l'économie verte, c'est plutôt la Banque centrale qui est en première ligne. La BDL est en effet à l'origine de pas moins de quatre circulaires destinées à encourager les investissements dans l'économie verte. En 2010, la circulaire 236 sert de base à la création de la Neerea (National Energy Efficiency and Renewable Energy Action), un mécanisme de financement subventionné conçu en partenariat avec l'Union européenne (UE) réservé aux projets de construction, d'équipement et infrastructures privilégiant les énergies renouvelables. Les bénéficiaires de ce dispositif peuvent également compter sur l'assistance technique du Centre libanais pour la conservation d'énergie (LCEC) pour la mise en œuvre de leur projet.
Trois autres circulaires émises en 2013 (n° 313, 318 et 346) ont à leur tour introduit d'autres mesures incitatives pour ce type de projet. Quelque 72 % des projets financés avec le soutien de la BDL l'ont été dans les énergies renouvelables, 10 % des projets dans l'efficience énergétique, 10 % dans les dispositifs combinant les deux et 8 % dans les constructions durables. En valeur, cette dernière catégorie absorbe cependant plus des trois quarts des sommes investies. « La BDL estime la demande actuelle du marché des constructions durables à 75 millions de dollars », selon le gouverneur de la BDL, Riad Salamé.
Ce dernier a également énuméré dans son discours les objectifs atteints par la BDL dans son soutien à l'économie verte, un secteur dont il estime la valeur à « 1 % du PIB au Liban ». « Les mesures d'incitation instaurées ont servi à financer près de 280 millions de dollars en cinq ans, un chiffre qui pourrait grimper à 600 millions de dollars dans les deux prochaines années. » Toujours selon M. Salamé, ces mêmes mesures ont « contribué à financer 325 projets » depuis 2010 et créer « plus de 10 000 emplois ». Des chiffres qui ne suffisent pourtant pas à totalement rassurer Jassem Ajaka, conseiller auprès du ministre de l'Économie et du Commerce, Alain Hakim : « Sans soutien de l'État, l'action de la BDL restera ponctuelle, et les investissements dans l'économie verte, un simple phénomène de mode... »
Par Philippe HAGE BOUTROS - Source de l'article l'Orient le Jour
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire