La région méditerranéenne (sensu lato) est l'un des 34 hotspots de biodiversité identifiés au niveau mondial, incluant un grand nombre d'espèces endémiques continentales et marines.
Cette situation peut être attribuée à un contexte paléo-climatique particulier, à la diversité des conditions biophysiques et climatiques du bassin, mais aussi aux effets des pratiques anthropiques et agricoles depuis le Néolithique.
Les forêts méditerranéennes, notamment, présentent une grande diversité génétique et jouent un rôle écologique, social et économique majeur. Elles présentent un potentiel exceptionnel pour l'évolution et la co-évolution à travers les âges et représentent de ce fait un atout et une opportunité pour l'avenir de la Méditerranée. Ces forêts sont adaptées au climat méditerranéen caractérisé par des sécheresses estivales marquées entrainant une faible disponibilité en eau du sol et un stress important pour les plantes. Le fonctionnement de ces écosystèmes semble d'ailleurs être subordonné à l'existence de cette période de sécheresse estivale.
Cependant, la combinaison de la pression anthropique très ancienne et actuelle ainsi que le niveau élevé de biodiversité fait de la Méditerranée une des régions les plus menacées de la planète par les changements actuels, ce qui justifie sa classification comme un biome "en crise". La région méditerranéenne est donc un système modèle clé pour étudier les effets du changement climatique sur les processus écosystémiques. Les modèles climatiques prévoient généralement pour cette région une augmentation de température et de la sécheresse estivale, avec une réduction de 30% des précipitations annuelles.
Dans ce contexte, un certain nombre de chercheurs s'intéressent au changement climatique en Méditerranée (programme CNRS BIODIVMEX MISTRALS). Plusieurs approches sont utilisées pour étudier l'impact du changement climatique sur le fonctionnement des écosystèmes terrestres, comme les études sur les gradients climatiques altitudinaux, les transects latitudinaux, et la modification expérimentale des précipitations ou des températures. Cette dernière approche basée sur la manipulation de l'écosystème semble être la meilleure pour étudier la réaction des espèces au changement climatique. Dans ce contexte, les chercheurs de l'Institut Méditerranéen de Biodiversité et d'Ecologie de Marseille (IMBE) ont mis en place une station expérimentale dans une forêt de chêne pubescent, une espèce forestière dominante de la Région (O3HP "Oak Observatory at the Observatoire astronomique de Haute Provence") dans laquelle le changement climatique est simulé à l'aide d'un système d'exclusion de pluie. Les premiers résultats montrent un effet négatif de la réduction des précipitations sur la biodiversité et le fonctionnement des forêts de chêne méditerranéen. La biodiversité du sol encore méconnue et pourtant si importante pour le cycle des éléments nutritifs et la fertilité des sols est fortement affectée par ce changement climatique avec notamment des disparitions d'espèces dues à la sécheresse aggravée. Les études scientifiques sont donc nécessaires à la compréhension fine de l'impact du changement climatique sur l'avenir des écosystèmes et des services qu'ils fournissent à l'Homme.
Par Virginie Baldy (Enseignant-chercheur à Aix-Marseille Université, rattachée à l’Institut Méditerranéen de Biodiversité et d’Ecologie marine et continentale)
Source de l'article Hufftingtonpost
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