Le Forum de ‘‘L’Economiste Maghrébin’’ s’est intéressé, cette année, aux opportunités qu’offre la transition numérique à la Tunisie qui cherche à se projeter dans une nouvelle économie.
A travers le thème central de «la transition numérique : une chance pour la Tunisie et le Maghreb», le forum, auquel ont pris part des personnalités politiques et des experts, tunisiens et étrangers, a débattu des politiques d’appui aux technologies de l’information et de la communication (TIC) afin qu’elles contribuent davantage à l’économie tunisienne et rejoignent le standards en vigueur dans ce domaine dans les pays avancés.
Il a débattu aussi du rôle dévolu à l’écosystème numérique et à la coopération bilatérale et multilatérale à développer dans ce domaine entre les entrepreneurs opérant dans les pays des deux rives de la Méditerranée.
Un diagnostic s’est dégagé des débats : les difficultés rencontrées par l’économie tunisienne et notamment par les PME et les jeunes entrepreneurs sont réelles et elles sont dues à l’exacerbation de la concurrence internationale dans tous les domaines, et notamment ceux liés aux nouvelles technologies.
Dans ce contexte, Badreddine Wali, spécialiste dans l’édition de logiciels destinés au marché financier, a déploré la lenteur administrative et estimé que «pour s’inscrire dans l’économie numérique, il faut faciliter les procédures administratives et rentabiliser les capacités disponibles en compétences et ressources humaines». Il a ainsi préconisé la suppression du code de change qui, dit-il, «demeure une anomalie qui mine l’économie nationale».
La stratégie digitale nationale
Pour Kais Sellami, président de la Fédération nationale des TIC, relevant de l’Utica, le numérique n’est pas une fin en soi mais plutôt un outil entraînant susceptible de faciliter la tâche dans tous les secteurs de l’activité économique.
Le développement du digital est un objectif national vers lequel les efforts de toutes les parties concernées doivent converger, a insisté Kais Sellami, qui indiqué, en outre, que le secteur privé, aujourd’hui constitué d’«acteurs incontournables», participe de la stratégie digitale nationale, qui touche plusieurs domaines cruciaux, à l’instar de celui de la santé.
Conscient de l’importance du facteur temps dans le développement du numérique, le président de la Fédération nationale des TIC a appelé à accélérer la mise en place du e-gouvernement, nécessaire pour combattre la bureaucratie et qui nécessite, selon lui, pas moins de cinq ans pour être opérationnel.
Compte tenu de la nécessité d’accroître le volume des exportations pour réduire le déficit de la balance extérieure, un intérêt particulier a été accordé au commerce électronique que la Tunisie essaye, depuis 1999, à faire évoluer conformément aux règlements et pratiques en vigueur dans le monde. Toutefois, l’activité dans ce domaine n’a pas pu se développer comme un levier de modernisation du secteur du commerce dans le pays. Le renforcement du commerce électronique figure, pourtant, parmi les axes prioritaires sur lesquels se focalise le plan national de promotion des exportations, annoncé par Mohsen Hassen, ministre du Commerce, lors de la journée nationale de l’exportation.
Les quatre autres axes concernent le développement des politiques promotionnelles, la mise à niveau des mécanismes de financement, la facilitation des procédures administratives et financières et l’amélioration du cadre législatif et administratif.
Malgré les efforts consentis dans ce domaine, la Tunisie est classée à la 73e position mondiale sur les 137 économies couvertes par l’indice de e-commerce de la Commission des Nations Unies pour le commerce et le développement (Cnuced). Sur le plan africain, elle est au 3e rang après l’Afrique du Sud (61e) et l’Ile Maurice (70e), devance ainsi le Maroc (79e), l’Egypte (82e) et l’Algérie (95e). On peut certes s’en féliciter, mais ce classement ne reflète pas les capacités de la Tunisie qui peut avancer beaucoup plus rapidement dans ce domaine, grâce à la qualité de ses ressources humaines et au savoir-faire technologiques de ses entreprises.
Il faut noter que cet index se focalise sur les 4 indicateurs suivants : la pénétration de l’utilisation d’internet, le nombre de serveurs sécurisés par million d’habitants, la pénétration de la carte de crédit et le score de fiabilité postale.
Des progrès restent encore à faire
A fin décembre 2015, la Tunisie dispose de seulement 951 sites marchands, qui opèrent 1,5 million de transactions via le e-dinar et les SPS (serveurs de paiement sécurisé) pour un chiffre d’affaires global estimé à 11 millions de dinars (MD) via SPS et e-dinar. Ces chiffres restent encore négligeables, eu égard aux potentialités du pays. Pour être positif, on dit qu’il y a encore des places à prendre et des progrès à faire pour que le e-commerce occupe la place qui doit être la sienne dans l’économie tunisienne.
Rappelons que le forum de ‘‘L’Economiste Maghrébin’’, organisé en collaboration avec la fondation Friedrich Naumann pour la liberté, s’est tenu le vendredi 29 avril 2016, à Tunis.
Par Wajdi Msaed - Source de l'article Kapitalis
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