Il a tous les ingrédients pour séduire les jeunes entrepreneurs et booster le développement de ces territoires qui parient sur l'entreprenariat pour grandir. Mais la mayonnaise peut-elle prendre si facilement ? C'est le sujet de fond des 3èmes rencontres euro-méditerranéennes du crowdfunding qui se tiennent ce 4 novembre à Marseille.
Avec sa souplesse, son apparente facilité et sa capacité à mobiliser all over the world, le financement participatif est vite apparu comme une façon de donner aux jeunes entrepreneurs des pays de la Méditerranée, ce coup de fouet nécessaire pour aller plus vite. On le sait leur émergence économique est raccord avec la volonté des entrepreneurs de créer du business. Sauf que le financement est toujours l'ingrédient qui fait défaut. Pour trouver monnaie sonnante et trébuchante ou savoir-faire adéquat, le crowdfunding comme le crowdsourcing sont les deux pistes qui offrent aux jeunes pousses les possibilités de... pousser plus vite. Mais pour autant, malgré toutes les bonnes volontés, il n'en demeure pas moins qu'il n'est pas si aisé de faire du participatif une recette simple à mettre en place, notamment parce que la législation ne suit pas forcément. Au Maroc, justement, le sujet est sur la table et un projet de loi venant encadrer et préciser l'exercice, en posant, là aussi, des exigences pour assurer et rassurer est dans les tuyaux. "Un vrai travail d'orfèvre est en train d'être fait afin que le cadre législatif qui sera posé ne vienne pas contrarier les cadres existants", précise Adrien Pinier, DG de Smala &Co Maroc.
Emprise générationnelle ?
Il ne faut pas pour autant oublier l'impact de la culture. Ce que souligne Patrick Le Camus, co-fondateur de PopFinance et organisateur des Rencontres du crowdfunding en Méditerranée. "Il y a une emprise générationnelle. Par exemple, au Maroc, on ne prête qu'aux personnes de son village". Donc clairement, le crowdfunding à un temps d'acceptation "beaucoup plus long". Arnaud Pinier est plus précis. "Le modèle du don est assimilé à de la charité. Ce qui a pour conséquence de voir les typologies de projets tournés vers l'humanitaire ou le green entrepreneurship être financés". Dans les neuf pays de la zone MENA, du Liban au Maroc, depuis l'arrivée du participatif jusqu'à aujourd'hui, 100 M€ ont été collectés au total. Autre donnée significative, entre 2009 et 2015, 95 % des flux de financement sont allés vers l'equity quand en Europe et aux Etats-Unis, le marché s'articule autour du prêt et du don. "Cela pose la question de quel avenir pour le participatif dans ces pays", prévient Adrien Pinier.
Adrien Aumont ne dit pas autre chose, lui qui explore ces pays dans une vision de perspectives possibles à développer. Le co-fondateur de KissKissBankBank reconnaît que les techniques de paiement demeurent une barrière. Et pose des questions. "Ont-ils besoin de crowdfunding avec ces règles du jeu ? Le don avec contrepartie est-il pertinent ? Il ne faut pas penser que le crowdfunding est une solution miracle", tempère-t-il. Comme quoi une recette partagée n'a pas le même goût pour tout le monde.
Par Laurence Bottero - Spurce de l'article La Tribune
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