À l'occasion de la conférence de
l'Ipemed, organisée hier (le 6 décembre) à Paris, le ministre français Arnaud
Montebourg, et l’Allemand Martin Schulz, président du parlement européen, ont
défendu leur vision de la coopération économique entre les deux rives de la
méditerranée. Défendant notamment le principe de la colocalisation.
L’Institut
de prospective économique du monde méditerranéen (Ipemed) organisait le 6
décembre à Paris une conférence consacrée à la « colocalisation »
(coproduction de biens et services entre l'Afrique du Nord et l'Europe) –
une notion longuement débattue par les participants. Le ministre français du
Redressement productif, Arnaud Montebourg, et l’Allemand Martin Schulz,
président du parlement européen, y ont défendu leur vision de la coopération
économique entre les deux rives de la méditerranée.
«
Au nord et au Sud de la méditerranée, on a vu les effets néfastes d’une
mondialisation basée sur le succès du « moins-disant » économiquement
et socialement. Des écarts se sont accentués entre les deux rives, et les
crises et fractures se multiplient à l’intérieur même de chacun de nos pays »,
a regretté Arnaud Montebourg, très en verve. « Je suis chargé du
redressement productif de la
France. Mais chaque État, maghrébin ou européen, a l’ambition
légitime de développer ses outils de production. Un pays qui ne produit pas est
dans la main de celui qui produit, il perd sa liberté, doit accepter des prix
fixés par les autres et son gouvernement devient incapable de tenir le
compromis social », a affirmé le socialiste français.
Pacte de coproduction
« Alors que Total ferme des raffineries en France, je
rêverais qu’il soit remplacé par des compagnies maghrébines ! »
Après
avoir fait remarqué à son l’auditoire la difficulté de sa tâche – une allusion
au dossier de l’usine ArcelorMittal de Florange, dont il venait d’être dessaisi
par le Premier ministre Jean-Marc Ayrault –, Arnaud Montebourg a appelé de ses
vœux à la mise en place d’un « pacte de coproduction » entre les deux
rives de la méditerranées. « Au-delà de l’histoire commune, souvent
douloureuse, entre nos pays, si l’on regarde les choses avec un œil purement
géopolitique, l’espace méditerranéen est un lieu idéal où, dans certaines
filières, il est possible de partager - des ressources humaines, de la
formation, des technologies et des capitaux - pour créer de la richesse
ensemble », a-t-il expliqué, indiquant qu’un rapport sur le sujet,
commandé par la France ,
lui serait remis en janvier 2013.
Ce
« pacte de coproduction », nécessite, selon lui, la possibilité d’une
réciprocité : « Alors que Total ferme des raffineries en France où
que Shell réduit le nombre de ses stations-service en Europe, je rêverais
qu’ils soient remplacés par des compagnies maghrébines ! », a fait valoir
le ministre.
De
son côté, Martin Schulz, du parti social-démocrate allemand, a dit craindre que
l’Union européenne rate à nouveau « une chance historique » créée par
le printemps arabe. « Lors des révolutions, les ministres des Affaires
étrangères européens sont venus en Tunisie et en Égypte, affirmant qu’ils
allaient renforcer leurs projets de coopération économique. Et puis, rentrés au
pays, devant leurs ministres des finances, ils ont revus leurs ambitions à la
baisse. C’est la triste réalité de l’Europe actuelle », a regretté le
président du parlement de Strasbourg.
« Dans
les relations avec le sud de la méditerranée, au lieu de privilégier les
relations bilatérales traditionnelles, il faut plutôt que l’Union européenne se
dote des instruments, - de financement, de circulation des personnes, de
formation, pour que la coproduction soit possible », a estimé Martin
Schulz, dans un français parfait. Pour l’Allemand, les filières des
infrastructures, de la gestion de l’eau, de l’agriculture et de la production
d’énergie sont les plus adaptées pour un partage de production « gagnant
gagnant ».
«
La route est longue, mais il est encore possible que l’Union européenne et les
pays du sud et de l’est de la méditerranée prennent leur destin commun en
main », a-t-il conclu.
Par
Christophe le Bec – Source de l’article Jeune Afrique
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire