Après trois jours de
dialogue et de débat constructif animés par de hauts responsables
internationaux, des universitaires, des académiciens, des penseurs, des
politiciens, des praticiens, des acteurs économiques, des hommes d’affaires et
des représentants des médias internationaux des cinq continents, la 9ème édition du Forum
de Fès sur l’Alliance des Civilisations,
la diversité culturelle et le Partenariat Euro-Méditerranéen,
organisé, sous le Haut patronage de SM
le Roi Mohammed VI, par le Centre marocain
interdisciplinaire des études stratégiques et internationales et la Commune urbaine de Fès, en
collaboration avec plusieurs partenaires marocains et étrangers, les participants ont exprimé leur
vision partagée dans une déclaration qui met l’accent sur le fait que les
changements politiques vécus par les pays arabes sont un processus qui
s’inscrit dans la durée, nécessite une réponse démocratique qui donne aux peuples leurs droits et permet
à l’espace politique de progresser et mener les peuples vers le développement
et la prospérité.
Le champ politique national arabe doit être consolidé par des
mesures et des décisions démocratiques, tout en focalisant sur les priorités
qui intéressent la population arabe, et à leur tête la recherche scientifique
et la réforme des méthodes d’éducation et d’enseignement depuis le primaire
jusqu’à l’Université.
Selon la déclaration rendue publique par les organisateurs, les
défis économiques et les défis de construction des Etats, après les changements
politiques, peuvent constituer de réelles menaces pour la transition
démocratique. Pour cela, les gouvernements actuels doivent déterminer les
domaines dans lesquels il sied d’opérer de réels changements, et à leur tête la
recherche scientifique et les méthodes d’enseignement, afin de combler le vide
en la matière. Les systèmes nationaux d’enseignement supérieur et de la
recherche scientifique et technique ont certes des acquis et des atouts, mais
ils souffrent également de dysfonctionnements qui les inhibent et les bloquent,
les empêchant de jouer leur rôle moteur et ainsi d’asseoir une société du
savoir et d’agir comme levier de création de richesse.
Pour remédier à cela, il
est nécessaire de mobiliser les ressources humaines, de revoir le statut des
enseignants chercheurs et des chercheurs en mettant la trilogie
évaluation-excellence-reconnaissance du mérite comme base et socle de carrière,
à même de dynamiser les chercheurs, de redonner un nouveau souffle au système
de recherche nationale et d’assurer la relève pour combler le retard accusé par
notre pays dans ce domaine. De même, est-il nécessaire de réviser de fond en
comble le mode de gouvernance concernant la planification et la gestion du
système national de recherche, en lui assurant cohérence, pertinence et
efficience.
Il s’agit, en particulier, de mettre en place une stratégie globale
et une vision à long, urt termes en privilégiant une programmation
en adéquation avec les priorités nationales et en la dotant de mécanismes
proactifs et simplifiés encourageant les chercheurs et facilitant la gestion
des fonds de recherche (notamment un contrôle de gestion a posteriori) et
l’ouverture sur le monde.
Par ailleurs, les participants ont accueilli avec joie et grand
intérêt la constitution du cadre légal de la nouvelle université et ont salué
avec respect et déférence la
Présidence d’Honneur du Souverain. Ils ont également apprécié
le caractère multi et interculturel de la nouvelle université et ses ambitions
quant au rôle moteur qu’elle envisage de jouer
à l’échelle Euro-méditerranéenne, tant au niveau culturel, dialogue et
échange entre les cultures, qu’au niveau scientifique, technique et
technologique. Pour cela, il faut doter l’Université de moyens adéquats lui
permettant d’atteindre ses nobles objectifs et d’être un modèle d’enseignement
supérieur, de création et de recherche scientifique et technique de haut
niveau.
La déclaration souligne la pertinence d’aider l’Université par une
diplomatie pro active lui permettant de conclure des partenariats bénéfiques à l’échelle
Euro-méditerranéenne et aussi d’attirer des professeurs-chercheurs de très haut
calibre de la diaspora marocaine et de l’étranger, de même que de recevoir les
meilleurs étudiants du Maroc, de l’Europe, de la région MENA et de l’Afrique. La connaissance est la base de développement
humain, pour cela, le besoin de l’acquérir devient plus grand, étant donné les
répercussions en termes de développement des pays arabes.
Les participants ont relevé le sous-développement relatif de la
région arabe dans le domaine de l’acquisition et la production de la
connaissance. Pour cela, ont-ils recommandé, chaque Etat arabe doit chercher et
développer la ressource humaine nécessaire. Ils ont souligné la nécessité de
revoir les différents systèmes nationaux d’enseignement et les modèles de
connaissance dominant dans le monde arabe, afin de réaliser le développement
humain.
Ces systèmes souffrent du sous-développement de la société qui les
soumet à de nombreux obstacles, aussi a-t-il été préconisé que les sociétés arabes doivent récompenser
l’acquisition de la connaissance et son utilisation à travers l’enseignement et
l’apprentissage, la recherche, le développement culturel et tous les types
d’expression littéraire et artistique. Il est donc nécessaire de développer les structures
sociales existantes : culturelles, sociales, économiques et politiques, afin
d’accroître les chances de la société d’acquérir une connaissance exacte, et
pour établir une société productrice d’un mode correct du savoir.
Pour les participants au forum, les acteurs politiques des pays
arabes doivent lutter contre la faiblesse du système de connaissance. Cette
lutte permettra la propagation de mécanismes sociaux alternatifs pour résoudre
les problèmes sociétaux comme le népotisme et le clientélisme. Il faut
également lutter contre la fausse idée de l’incapacité de la connaissance à
résoudre les problèmes sociaux, économiques et sociaux.
Les participants saluent l’obtention par
Les participants appellent à la génération d’un enseignement de
qualité et à la création de capacités
propres dans le domaine de la recherche et du développement culturel ; à
l’élaboration d’un mode de production de la connaissance dans la structure
sociale et économique arabe ; à la création d’un modèle de connaissance arabe
original, ouvert et éclairé. Ce sont là les cinq piliers pour réformer le
contexte social en faveur de l’acquisition de la connaissance, et ainsi
renforcer le système d’acquisition des connaissances dans le monde arabe afin
d’y établir une société de la connaissance.
Les participants appellent à la consolidation des lois suprêmes et
des Constitutions dans les pays qui ont connu des changements politiques, ainsi
que les règles juridiques qui reconnaissent le gouvernement du peuple par le
peuple, une justice intègre, compétente, indépendante basée sur le respect de
la loi.
Ils exhortent à encourager le plus rapidement possible
l’acquisition des capacités fondamentales d’auto-apprentissage, ainsi que les
facultés d’analyse et de critique qui sont à l’origine de toute création et de
toute innovation. Nécessité donc de transformer la finalité de l’enseignement
supérieur dans les pays arabes d’une simple formation dont l’objectif est de
voir naître des personnes ayant beaucoup d’informations qui deviennent
obsolètes, en un moyen de préparation de
citoyens capables de se métamorphoser en des personnes capables d’utiliser le
sens de la critique, de l’analyse savante et créatrice. Il faudrait, selon la
déclaration, penser d’autres moyens vers une nouvelle économie visant la
réduction de la pauvreté et la croissance économique pérenne, en créant un
équilibre entre le capital humain, le capital naturel et le profit, participer
au développement d’une économie propre et postindustrielle digne du 21ème
siècle à travers la création des métiers de demain dans des nouveaux domaines
tels que : la production et l’installation des énergies alternatives (par
exemple : énergie solaire et géothermale), agriculture écologique, transport «
propre », et enfin logement à faible empreinte écologique et à faible coût,
promouvoir et soutenir des opportunités de collaboration et d’expression pour
les jeunes, en vue de créer des espaces multiculturelles pour le dialogue et
l’échange et afin de discuter des problématiques communes et des solutions
potentielles qui pourraient mener à des actions ciblées.
Pour les participants au forum, l’apprentissage politique, le
processus d’internalisation de la responsabilité civique et de l’activisme
politique doivent se faire le plutôt possible, en tant que composantes
essentielles de la démocratie participative, elle-même élément du développement
durable. Ils appellent à initier une publication, électronique ou sur papier,
bimensuelle intitulée « Fez Papers » (les papiers de Fès) qui servira comme
plateforme interactive de réseautage parmi les membres du Forum de Fès pour
débattre et aborder les développements internationaux et régionaux.
Il est essentiel, selon la déclaration de Fès, que les dirigeants, et en particulier les
gouvernants, les ONG et les industriels, jouent un rôle déterminant afin de
créer des sociétés inclusives pour la mobilisation de la jeunesse et le
développement de son capital politique dans le but de renforcer la capacité de
la société au sens large et à fin de faire face aux défis du 21ème siècle. Les responsables gouvernementaux et les
enseignants doivent travailler main dans la main afin de renforcer le processus
d’éducation et d’optimiser les résultats pour une population de plus en plus
jeune et diversifiée. Il est nécessaire de préparer les jeunes dans les
économies émergentes à faire face à certains problèmes urgents auxquels
l’humanité est confrontée, en particulier ceux liés à la science, à la
technologie et à l’éducation environnementale, de former et habiliter les
jeunes à comprendre les défis posés par les conséquences du réchauffement
climatique, le changement climatique et leurs impacts sur les écosystèmes.
Il est nécessaire de
participer à la création d’une nouvelle compréhension plus profonde du rôle de
l’Etat, du secteur privé et de la société civile pour garantir la mobilisation
des moyens aussi bien des générations actuelles que futures afin de protéger
l’environnement et l’écosystème contre la dégradation.
La déclaration souligne qu’une meilleure collaboration
interculturelle, interreligieuse et intergénérationnelle qui privilégie le rôle
du dialogue est nécessaire pour trouver des solutions aux problèmes de
l’humanité et aspirer à un humanisme mondial.
Enfin, les participants demandent à ce que la Ligue des Etats Arabes crée
une Assemblée arabe pour la
Recherche scientifique
et le développement. Le CMIESI et le Conseil Egyptien des Affaires
Etrangères peuvent élaborer un projet de proposition qui pourra être soumis à la Ligue des Etats Arabes.
Notons que cette édition du forum a été marquée par la
cérémonie de création de l’Université
Euro- Méditerranéenne à Fès, placée sous la Présidence d’honneur de
SM le Roi Mohammed VI. Cette université est appelée à devenir un haut-lieu de la science et de la pensée,
et un outil de développement du Maroc et de l’espace méditerranéen, étant donné
le rôle que jouent la recherche scientifique avancée et l’investissement dans
le capital humain en matière de développement.
Source de l'article l'Opinion du Maroc
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