L’Union
européenne est le premier partenaire économique de la Tunisie , son premier
client et son principal fournisseur, sachant qu’ environ 70% des échanges de la Tunisie se font avec ses
voisins du nord, et principalement la France , L’Allemagne et l’Italie.
L’impact du statut de partenaire privilégié de l’Union européenne, qui est en
cours de réalisation et dont l’accord politique a été signé à Bruxelles en
novembre 2012, donne naissance à des positions controversées chez les
économistes et politiciens tunisiens.
Lors
d’une conférence organisée lundi 17 décembre
à Tunis par l’UGTT, l’ATFD et le Réseau des ONG arabes pour le
Développement, l’économiste Azzam Mahjoub s’est étalé sur cette coopération
renforcée qui à, son sens, n’est pas équilibrée, et qui mérite une sérieuse
préparation. «Notre relation avec l’Union Européenne est caractérisée par deux
choses : l’asymétrie et la divergence. Le cadre qui régit les relations entre
les pays arabes et l’Union européenne,
est mis en place par l’Union européenne, comme la politique européenne
de voisinage, le partenariat privilégié ou l’Union pour la méditerranée, qui
sont toutes des initiatives européennes.
Nous sommes dans le rôle de celui qui «subit» ou réagit positivement ou
négativement…Il faut que nous ayons notre propre conception du modèle de
coopération, que nous arrêterons après une opération de diagnostic», a constaté
le professeur Mahjoub.
D’après
lui, la situation actuelle de la
Tunisie en période de transition, est instable, c’est pour
quoi aucun gouvernement de transition ne devrait prendre de décisions au sujet
des coopérations régionales ou internationales, qui engageraient le pays sur le
long terme. : «C’est ce qui inquiète certains partis politiques et organismes
au sujet du partenariat privilégié : tant que nous n’avons pas atteint la
stabilité et élaboré un plan stratégique pour le moyen et long terme, il est préférable de prendre son temps avant
d’entreprendre des négociations dans ce sens. C’est aussi valable tant que nous
ne nous sommes pas mis d’accord sur un modèle des rapports à l’échelle
internationale, et que nous n’ayons pas authentifié nos besoins pour passer du
rôle de celui qui subit, au rôle de celui qui entreprend», a expliqué
l’économiste.
Il
a proposé l’idée d’organiser un consensus, qui serait inspiré du consensus de
Washington mais qui réunirait tous les pays arabes qui vivent des changements
socio-politiques. «Il serait appelé le consensus de Tunis, dont le rôle est
d’imaginer un modèle alternatif», a dit Azzam Mahjoub.
Il
a évoqué l’exemple de l’accord de libre échange, signé en 1995, entre la Tunisie et son principal
partenaire économique, et qui concerne les produits industriels : «L’objectif
de départ de la libéralisation du commerce, était de créer une dynamique de
développement chez les deux peuples, pour en arriver à la convergence et
combler le gap du pouvoir d’achat entre les citoyens des deux rives. C’est ce
qui était écrit dans l’accord et c’est ce qu’on appelle la prospérité partagée.
Entre 1995 et 2008, les résultats ont été très minimes, et le pouvoir d’achat
ne s’est amélioré que de très peu, comparé aux Européens», a-t-il indiqué.
Azzam Mahjoub met en cause l’absence d’un dialogue national qui fait participer
toutes les parties concernées dans cette coopération, à savoir la centrale
syndicale, le patronat, les régions, la société civile, etc. «Il faut pousser vers le dialogue au sujet du
libre échange et son rôle dans la création de l’emploi. Car le souci majeur de la Tunisie est le chômage,
mais aussi la précarité de l’emploi. D’après les dernières statistiques, 70% de
la population active est salariale. 50%
d’entre eux travaillent sans contrat», a-t-il expliqué.
Ce
qui entrave le bon déroulement de ces accords bilatéraux est également le
manque d’information et de détails concernant ses textes. Souvent les
différentes parties des pays du Sud, travaillant dans le cadre de ces
engagements, ignorent tout de ses détails, de son fonctionnement ou de son
impact sur la société et l’économie.
Par
Chiraz Kefi – Source de l’article GNet
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