Depuis 3 ans, le Maghreb se prépare à recevoir la plus grande installation de production d’énergie renouvelable – mais la construction est au point mort.
Un projet pharaonique
Il y a trois ans, l’Initiative Industrielle Désertique (DII), une alliance de 21 grosses entreprises européennes, a dévoilé ses plans pour installer un réseau d’usines solaires, thermales, photovoltaïques et éoliennes dans le Maghreb pour y générer de l’électricité. Ce système d’énergie intégrée pour l’Europe, le Moyen orient, et le Nord de l’Afrique s’appelle Desertec.
D’un coût de 400 milliards d’euros, Desertec devrait générer 100 gigawatts d’ici à 2050. Il permettrait à l’Europe d’atteindre son objectif de réduction des émissions de dioxyde de carbone (CO²) de 95 %, économisant ainsi 33 milliards d’euros par an. Le projet permettrait aussi aux pays du Moyen Orient et d’Afrique du Nord de répondre à leurs propres besoins d’électricité de manière propre. Ils pourraient ainsi réduire de 50 % leurs émissions de CO² dans le secteur de l’énergie en dépit d’une énorme augmentation de la demande. Les exports de la région bondiraient à 63 milliards d’euros par an.
Un potentiel gigantesque
Le potentiel du Sahara dépasse les besoins. Selon des instituts de recherche allemands et le Club de Rome : « Pour chaque kilomètre carré de désert, jusqu’à 250 gigawatts d’électricité peuvent être produits chaque année ».
Autrement dit, chaque kilomètre carré de terre de la région reçoit en énergie solaire l’équivalent de 1,5 million de barils de pétrole non raffiné. Un champ de panneaux solaires de la taille du Lac Nasser en Égypte (6 000 km²) pourrait produire l’équivalent de la production du pétrole du Moyen Orient.
Des obstacles infinis
Cependant, depuis que le projet a été annoncé, il y a 3 ans, le rêve Desertec est encore au point mort et l’euphorie des débuts a disparu. Des accusations d’incompétence et de mauvaises décisions circulent. Le Maroc, qui avait de grandes attentes de création d’emplois dans le secteur renouvelable se prépare avec des sous-traitants et des formations depuis 2009.
Les difficultés sont apparues en novembre pendant la présentation officielle des installations prévues dans la province de Ouarzazate, qui devaient livrer de l’électricité d’ici à 2014. Bien que les plans de construction soient finis en théorie, ils dépendent toujours de la participation espagnole qui doit aider à transporter l’électricité vers l’Europe. Or, le gouvernement espagnol est occupé à lutter contre la récession économique. De plus, l’Espagne est un exportateur d’électricité au Maroc et craint de voir cette activité réduite par l’installation du projet pilote de Ouarzazate.
Le directeur de DII, Van Son, espère qu’on saura faire pencher l’Espagne :
“Les autres partenaires de cette négociation, comme le Maroc et l’UE seront capables de persuader l’Espagne car elle a aussi beaucoup à gagner”.
Les épreuves sont politiques, techniques et financières. Le géant Siemens qui était un des membres fondateurs s’est retiré de l’alliance, ce qui n’est pas une bonne publicité.
« D’autres participants comme Deutsche Bank, UniCredit, RWE et SCHOTT Solar attendent toujours de voir un cadre politique dans lequel Desertec pourrait se développer. La révolution verte est en marche mais Desertecn’en fait pas encore partie” déclare l’expert Fuehr.
Source de l'article Greenetvert
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