La France défend au Maghreb le concept de "colocalisation"


La france défend le concept de Le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, a vanté jeudi au Maroc la "colocalisation" industrielle, un partenariat qui permettrait à la France de faire au Maghreb ce que l'Allemagne a réalisé avec les pays de l'Est après la chute du Mur de Berlin.

Ce sujet en vogue à l'heure de la mondialisation a fait l'objet d'un accord à l'issue d'une "réunion de haut niveau" rassemblant à Rabat le chef du gouvernement français, huit ministres, et leurs homologues marocains.
Dans une déclaration commune, France et Maroc s'engagent à développer des "projets spécifiques" et promettent de se concerter "sur les thématiques et projets à privilégier, notamment dans les secteurs des infrastructures de l'aménagement et des transports urbains, de l'agro-alimentaire, des énergies renouvelables, de l'automobile et de l'aéronautique".
Pendant sa visite de deux jours dans le royaume, Jean-Marc Ayrault a répondu aux inquiétudes nées de la volonté affichée de son gouvernement de défendre l'emploi en France, au détriment des entreprises basées à l'étranger.
Le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, a eu l'occasion de revenir devant les Marocains sur ses propos de l'été dernier évoquant un possible rapatriement des centres d'appel téléphoniques basés en Afrique du Nord.
Bousculé ces dernières semaines dans l'affaire du sauvetage du site d'ArcelorMittal de Florange au point de mettre sa démission dans la balance, le ministre s'est refusé à toute déclaration officielle à la presse sur le sol marocain.
Jean-Marc Ayrault a, de son côté, vanté le concept de "colocalisation" dans un pays dont la France est le premier partenaire économique.
"Notre objectif, c'est d'éviter ce que souvent on craint en France, les délocalisations", a-t-il déclaré mercredi devant des patrons réunis en forum à Casablanca.
"On est dans une démarche 'gagnant-gagnant' où la coproduction industrielle bénéficie aux deux pays et c'est essentiel", a-t-il ajouté le lendemain devant la communauté française de Rabat.
Cette "approche nouvelle", à rapprocher de l'idée de "Méditerranée de projets" voulue par le président François Hollande permettra des investissements bénéfiques pour la France et le Maroc "en termes d'emploi, de recherche, de développement ou de pénétration de marchés émergents" comme les pays du Golfe, l'Afrique subsaharienne et le Proche-Orient.

"Se tendre la main"
"La colocalisation, c'est bon pour l'export marocain comme pour l'export français a renchéri devant la presse la ministre du Commerce extérieur, Nicole Bricq. "La colocalisation, c'est ne pas se faire la guerre, c'est ne pas parler de délocalisation parce qu'on produit ici".
"Ce que les Hongrois, les Polonais, les Allemands, les Tchèques ont fait au lendemain de la chute du mur de Berlin, les Français et les pays du Maghreb sont capables de le faire", a dit à Reuters Pouria Amirshahi, député des Français de l'étranger pour l'Afrique du Nord.
"Plutôt que de se tourner le dos, c'est se tendre la main et avoir des partenariats stratégiques", a-t-il ajouté.
L'Union pour la Méditerranée (UPM) lancée par Nicolas Sarkozy en 2008 avait le même objectif, mais son caractère global euro-méditerranéen et la persistance du conflit israélo-palestinien ont jusqu'à présent freiné son travail.
Outre le texte sur la "colocalisation", France et Maroc ont signé une vingtaine d'accords de coopération et 280 millions d'euros de contrats.
L'un d'eux, d'une valeur de 57 millions, implique EDF et l'Office national de l'électricité et de l'eau potable pour des installations dans le solaire et l'éolien.
La signature d'accords concernant la poursuite de la construction de la ligne ferroviaire à grande vitesse Tanger-Casablanca a été reportée à une date ultérieure.
Au chapitre éducatif, une feuille de route concerne l'installation au Maroc de succursales de l'université française, délivrant de diplômes français dans les domaines comme l'architecture, l'ingénierie et la santé.
Le système de visas a quant lui été allégé, notamment en faveur des hommes d'affaires, des sportifs de haut niveau, des journalistes et des artistes.
Par Elizabeth Pineau –Source de l’article Reuters & RMC

Aucun commentaire: