Coupures d'eau, barrages vides, végétation assoiffée: le pays a connu un été difficile en raison d'un important déficit pluviométrique. Une pénurie qui a renforcé les tensions sociales dans plusieurs régions. Et la situation ne s'arrange pas.
Cet été, les pluies ont été si rares en Tunisie que le ministre de l'Agriculture, Saad Seddik, a même affirmé le 17 août, dans l'émission de radio Midi Show que la situation pouvait devenir «catastrophique» s'il ne pleuvait pas d'ici la fin de l'été. Inquiet face à la baisse de la pluviométrie depuis deux ans, il avait également constaté que le pays était en dessous du seuil de pénurie hydraulique; avec 460 m3 par habitant et par an. Or, les quelques orages ont été insuffisants et les barrages, comme les nappes phréatiques, essentiels pour puiser et conserver l'eau, sont toujours quasiment vides. Le barrage de Sidi Salem, près de Béja, dans le nord du pays, est fortement touché. Le barrage de Nabhana, au nord-ouest de Sbikha, était si peu rempli qu'il a dû être fermé provisoirement en juin dernier.
«Révolte de la soif»
Du côté des habitants, la colère gronde. Mi-août, l'Observatoire tunisien de l'eau s'est alarmé d'un «sérieux problème de soif» des Tunisiens. Dans de nombreuses régions du pays, les habitants sont confrontés très régulièrement à des coupures.Dans un communiqué sur sa page Facebook, l'Observatoire déclare craindre «une révolte de l'eau». En outre, la Société Nationale de l'Exploitation et de la Distribution de l'Eau n'est pas exempte de reproches, d'après lui. Cet organisme est notamment accusé par l'Observatoire de manquer à ses devoirs envers les citoyens, en n'intervenant pas, ou du moins pas à temps, pour résoudre les problèmes.
Durant l'été, plusieurs manifestations de protestation d'habitants en colère, ont été rapportées par des médias locaux.
Vitale, l'eau est d'autant plus précieuse en Tunisie qu'elle se trouve vite limitée. Un constat qui ne date pas d'hier puisqu'en 2009 déjà, la Banque mondiale prédisait «pour les prochaines décennies, d'importants problèmes d'accès à l'eau, découlant d'une demande grandissante et d'une diminution de l'approvisionnement». Cette année, ce petit État a vu son taux de précipitations chuter de 30 %. Conséquence: le manque se fait sentir dans tous les domaines. En effet, l'agriculture représente 82 % des demandes en eau en Tunisie. La seconde demande provient des besoins en eau potable, pour l'usage domestique, industriel ou touristique et s'élève à 17%.
L'Union tunisienne de l'agriculture et de la pêche a tiré la sonnette d'alarme début septembre en expliquant sur son site que 793 millions de dinars avaient été perdus pour le secteur des céréales pour l'année 2015/2016. Du fait de cette sécheresse, les pertes agricoles atteignent près de deux milliards de dinars (plus de 800 millions d'euros) en 2016, d'après l'Union tunisienne de l'agriculture et de la pêche, le principal syndicat du secteur.
Face à la sécheresse persistante, même le ministère des Affaires religieuses a appelé à des prières «pour la pluie».
Par Ella Micheletti - Source de l'article Le Figaro
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire