"Marseille a un rôle à jouer dans une stratégie méditerranéenne affirmée", André Jeannerot, French Tech

André Jeannerot, président de Medinsoft et de Aix-Marseille French TechLe président de Medinsoft est aussi à la tête d'Aix-Marseille French Tech (AMFT). Deux ans après la labellisation, il continue d'encourager le travail en commun afin de renforcer l'attractivité du territoire.

La Tribune - Vous gérez le mouvement Aix-Marseille French Tech depuis 2015. Comment se porte la filière numérique sur le territoire ?

André Jeannerot - Avec 44000 emplois dans le numérique, nous sommes une filière d'excellence reconnue par la Chambre de commerce et d'industrie Marseille-Provence. Nous créons chaque année plus de 1.000 emplois sur le territoire, et nos partenaires, Pôle Emploi et l'Apec, sont ravis de trouver une filière qui tire l'économie sur ce secteur d'Aix-Marseille French Tech. Le numérique représente plus de 80% des contrats en CDI avec un bon niveau de rémunération. Nous contribuons modestement au développement économique de ce territoire.

Justement, quelles ont été les conséquences concrètes sur le territoire ?

Huit accélérateurs emblématiques reconnus et réalisés, troisfablab créés et un showroom sur les objets connectés que tout le monde nous envie nous ont placés en tête des « Place To Be For The Business ». Il y a un réel intérêt pour notre territoire. s de ne pas gâcher cet investisent collectif et de transformer ai, comme dirait un certain prént dynamique du rugby club de ce [Denis Philipon, PDG de com, ndlr] ! Plus de 170 startups ées par Marseille Innovation, Netangels et 37 millions d'euros de levée de sont les résultats concrets.

AMFT a été confirmée au début de l'été dans sa labellisation. Comment avez-vous travaillé depuis presque deux ans ?

Les collectivités territoriales ont écrit une feuille de route lors du dépôt du dossier. Cette feuille de route était portée par des structures associatives, des investisseurs privés et des collectivités territoriales qui ont toutes réalisé le parcours défini. Nous avons simplement accompagné cette belle réussite collective. Mais nous avons surtout permis à l'ensemble de l'écosystème de se regrouper devant une bannière unique « AMFT ». La réussite collective est primordiale pour nous, et seul le succès collectif nous satisfait. Si AMFT réussit, ce sera notre plus belle récompense.

Aujourd'hui, quelle est la feuille de route d'AMFT ?

Nous avons obtenu le renouvellement du label pour deux ans et c'est le fruit des collectivités qui ont joué collectif. Je veux remercier tous ceux qui oeuvrent au quotidien (politiques et agents administratifs), afin d'obtenir cette reconnaissance. Ce sont eux qui vont préparer les dossiers pour les atouts de ce territoire. Ils vont écrire la feuille de route et le schéma directeur que nous serons chargés de déployer sur les deux années à venir.

AMFT a été confirmée sur certaines thématiques. En quoi cela est-il important d'être référent sur ces sujets ?

Nous avions déposé six dossiers et nous sommes reconnus sur cinq thématiques. C'est extrêmement important, car cela signifie que nous disposons sur ce territoire de cinq domaines d'excellence qui vont pouvoir s'exprimer dans un projet international. Cela ne change rien pour eux dans leur quotidien, mais lorsque la France va partir à l'international en disant que nous sommes référents et compétents dans ces secteurs - Smart City, IoT objets connectés, big data/cloud, e-santé et marketing digital -, alors la dynamique nationale va jouer à fond et ils vont se retrouver propulsés sur le devant de la scène. Cela va être un véritable succès !

La labellisation, les réseaux thématiques et autres... favorisent-ils une meilleure visibilité du savoir-faire français à l'international ?

Effectivement, car nous nous adressons à un marché international. Si nous prenons les objets connectés, nous sommes sur la région avec le connectware, spécialiste de l'industriel et Angers est spécialiste du grand public. Nous sommes donc complémentaires : en allant ensemble à l'international nous couvrons l'ensemble du périmètre marché. Ainsi, la France est reconnue dans son expertise globale. Elle est surtout visible pour décrocher de nouveaux marchés !

Vous avez postulé pour organiser un CES européen ici. Qu'en est-il ?

Vu de l'Amérique, la place d'un CES Europe c'est Paris ! Nous pensons que Marseille a un rôle à jouer dans une stratégie méditerranéenne affirmée. Il faut pour cela un consensus politique national et régional que nous essayons de préserver, car seul l'intérêt économique prévaut sur ce genre de projet. Malheureusement, il y a tellement d'ego à préserver que chacun joue sa partition. Nous invitons tous les acteurs à jouer la discrétion devant l'intérêt public. Quand nous réussirons à placer Marseille comme tête de pont sur la Méditerranée, il sera temps de se réjouir et nous ne serons pas devant. Pour l'instant, la discrétion est de mise comme toujours en affaires, car la concurrence est rude pour séduire les Américains !

Demain, à quoi ressemblera AMFT ? Qu'est-ce que le mouvement French Tech peut et doit devenir ?

Nous sommes dans une compétition internationale et nous devons montrer l'excellence et notre savoir-faire afin d'inciter des grands groupes à s'implanter sur notre territoire. Nous avons commencé avec le film The European Digital Place To Bequi met en avant les atouts du territoire. Nous devons passer à la vitesse supérieure avec les thématiques réseaux : sur les objets connectés nous sommes la place de référence et le CNRFID est prêt à accompagner les acteurs qui veulent développer cette activité. Sur la e-santé, nous avons un pôle de compétitivité international qui est précurseur en la matière avec des startups d'excellence. Et avec le sport, nous avons encore de belles pages à écrire, de même qu'avec les biotech ou les greentech. Nous devons juste le faire savoir ! Nous avons tous les atouts de la réussite entre nos mains, il faut jouer gagnant ! Le monde nous observe, soyez fiers de cette belle Provence et de ce territoire qui constitue la plus belle porte de conquête de l'Europe pour l'économie numérique.

Par Laurence Bottero - Source de l'article La Tribune

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