Mi-août, nous apprenions que les ministères de la Culture de Tunisie et de France travailleraient communément.
Une mission confiée à la rue de Valois pour accompagner les services tunisiens, dans une « démarche de modernisation et d’adaptation aux nouvelles attentes de la société civile et du monde culturel ».
crédit : Foire internationale du livre de Tunis |
Le jumelage des deux ministères s’étendra sur une période de 24 mois, avec pour objectif de renforcer le ministère de la Culture et de la Sauvegarde du patrimoine tunisien. Avec un million d’euros d’enveloppe, apportée par la Commission européenne, la collaboration permettra à des experts des deux pays d’entretenir des échanges spécifiques.
Quant au jumelage, il « permettra au ministère tunisien de se renforcer dans l’animation du secteur culturel et dans la mise en œuvre de sa politique de démocratisation et de décentralisation ».
Ce dispositif de coopération européen est une première pour le ministère français. Il illustre l’importance pour la ministre de renforcer le partenariat franco-tunisien et marque également son engagement en faveur d’une Europe ouverte au dialogue des cultures, en particulier avec ses voisins méditerranéens.
Pour l'heure, le ministère de la Culture n'a pas apporté de complément d'informations sur le secteur de l'édition ni les échanges qui pourraient découler de ce jumelage.
Des échanges franco-tunisiens complexes
Le marché tunisien représente surtout, pour le monde du livre un secteur en devenir. À ce jour, le pays pèse pour 12 % des livres de marché des trois pays du Maghreb. En 2015, 5,2 millions € de livres français ont été importés, avec sept cessions de droits vers l’arabe et une cession de droit vers le français.
Cette approche pourrait apporter des solutions intéressantes. Elle permet en effet de proposer des ouvrages qui sont entre 30 et 35 % du prix du livre français, contre un prix de 130 % du tarif français, du fait des coûts de transports, douanes et taxes diverses.
Le pays dispose toutefois d’un tissu éditorial assez faible : si quelques maisons sont aujourd’hui intéressantes dans leur capacité d’échanges internationaux de droits, la forte instabilité, tant politique qu’économique, rend les échanges complexes. Il en va d’ailleurs de même avec le secteur de la librairie : on peut envisager les développements à venir, mais difficilement considérer le marché tunisien comme solide.
Plusieurs initiatives ont toutefois été portées : voilà quelque dix-huit mois, la France et la Tunisie ont entamé des discussions. Il s’agissait de créer un Centre national du livre similaire à ce que la France a pu mettre en place. « Le territoire est porteur, mais les échanges avancent à un rythme assez lent », nous précise un observateur.
En outre, si le territoire est assez réduit en terme de population – moins de 11 millions d’habitants – il fait face à d’autres problématiques en termes d’exportations. « Il reste très complique de faire circuler des marchandises entre les pays du Maghreb, et tout particulièrement des livres. La complexité est à ce point que l’on préfère transiter par la France pour y parvenir », nous précise un observateur.
Des groupes comme Editis ou Hachette Livre sont pourtant bien implantés, mais avant tout dans le domaine scolaire.
- “En Tunisie, il n’y a quasiment plus de médias qui présentent la critique d’un livre” Elizabeth Daldoul, Editions Zlyzad
- “La race des éditeurs qui avait à cœur de tisser des liens culturels est quasiment éteinte”Karim Ben Smail, Editions Ceres
- Actes Sud et Madrigall : regards croisés sur l'édition tunisienne
Par Nicolas Grady - Source de l'article Actualitte
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