Le Parlement européen a émis le 14 septembre à Strasbourg une résolution sur les relations de l'Union avec la Tunisie dans le contexte régional actuel. Cette résolution vient d’être rendue publique et mise à jour hier, lundi 19 septembre.
Elle compte 70 points qui touchent les réformes politiques et les institutions, le développement économique et social, la sécurité et la défense, la mobilité la recherche, l’éducation et la culture.
A la lecture des points, on voit quelles sont les « conditions » (le mot n’est pas mentionné, raisons diplomatiques obligent) pour l’exécution d’un Plan Marshall en Tunisie. L’Union européenne va carrément dans les détails de certains sujets, comme par exemple la nécessité d’abroger l’article 230 relatif à l’homosexualité, de réformer le CSP ou encore de réformer les services du renseignement en Tunisie.
Ce que l’on constate de prime abord est que le Parlement européen ne parle pas de révolution en Tunisie. En aucun moment, le mot « révolution » n’est évoqué. On parle juste de manifestations populaires de masse en 2011.
Quant à la résolution, elle se présente sous la forme d’un document d’une bonne quinzaine de pages qui revient en 70 points sur les principaux sujets qui devraient être traités rapidement par la Tunisie et/ou par l’Union européen pour leurs relations d’avenir et en vue d’aider la Tunisie à mieux dépasser son étape de transition actuelle.
La résolution du Parlement européen part du principe, et ceci est mentionné dès le tout premier point, que la Tunisie constitue l'un des pays prioritaires de la politique européenne de voisinage de l'Union et que le processus de transition démocratique pacifique en Tunisie a valeur d'exemple dans le monde arabe. Sa consolidation est donc cruciale pour la stabilité de l'ensemble de la région et, partant, pour la sécurité en Europe.
En 70 points, on voit donc ce que le Parlement européen préconise de faire et de ne pas faire pour que l’on puisse dépasser cette crise. Un point de vue strasbourgeois qui n’engage naturellement la Tunisie en rien, mais parions que ces 70 points seront exécutés à la lettre par nos dirigeants. Il est vrai, qu’en dépit de l’ingérence apparente, il y a beaucoup de bon sens dans la réforme ou l’abrogation de plusieurs textes de loi.
Certaines recommandations du Parlement européen risquent cependant de heurter un pan de l’opinion publique comme ce point 16 qui préconise de réformer le code pénal et, en particulier, d'en abroger l'article 230, qui sanctionne l'homosexualité par une peine d'emprisonnement de trois ans et est contraire aux principes constitutionnels de non-discrimination et de protection de la vie privée.
D’autres se distinguent par leur ambiguïté comme le point 16 qui regrette la forte polarisation au sein de l'Instance vérité et dignité et fait observer que la croissance et la réconciliation nationale ne devraient pas être des priorités contradictoires. La présidente de l’IVD, grande et unique responsable de cette polarisation au sein de l’IVD, est pourtant une grande amie (pour ne pas dire salariée) de l’Europe et ses institutions.
D’autres points arrivent à surprendre les observateurs les plus avisés comme ce point 24 qui se félicite que la Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle (HAICA) ainsi que son successeur, l'Autorité de la communication audiovisuelle (ACA) bénéficieront d'une aide de l'Union au titre de l'actuel programme d'appui à la réforme des médias, doté de 10 millions d'euros. Une ACA qui n’existe pas encore…
D’autres points enfin vont satisfaire amplement la masse citoyenne à l’instar des points 61 et 62 relatifs à l’octroi des visas et de la mobilité des personnes, notamment les entrepreneurs, les étudiants et les chercheurs.
Le parlement européen se montre carrément sensible aux doléances d’une large partie des Tunisiens en adoptant les points 68 et 69 recommandant l’usage de l’arabe par les institutions européennes et particulièrement la délégation de l’Union en Tunisie.
Dans son ensemble, la résolution du Parlement européen peut être considérée à elle seule comme un véritable programme politique d’un candidat à la présidentielle. Exécutée à la lettre, cette résolution placera la Tunisie et ses citoyens dans le train des pays développés avec des relations bien privilégiées avec l’Europe.
Source de l'article Businessnews
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