Un nouveau rapport analyse les dommages présents et à venir causés par
l’évolution rapide du climat dans la région et appelle les autorités à préparer
les pays et les populations à faire face à la menace
Washington, 5 décembre 2012 – Selon un nouveau rapport du Groupe de la Banque mondiale, les effets du changement climatique seront particulièrement marqués dans la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA).
Il faut agir sans tarder pour éviter
que ne se concrétisent les conséquences annoncées, à savoir une augmentation
des pénuries d’eau et de l’insécurité alimentaire. Intitulé Adaptation to a
Changing Climate in the Arab Countries (adaptation à l’évolution du climat dans
les pays arabes, en anglais uniquement), le rapport propose une évaluation
complète de la menace que la gravité croissante des phénomènes météorologiques
fait peser sur la région et propose diverses mesures de politique publique pour
faire face sans plus tarder aux effets actuels et renforcer la résilience aux
répercussions futures.
« Une action concertée à
plusieurs niveaux sera nécessaire pour réduire la vulnérabilité au changement
climatique, déclare Rachel Kyte, Vice-présidente de la Banque mondiale chargée
du développement durable. Il est aujourd’hui indispensable qu’il y ait une
volonté politique si l’on veut faire du changement climatique une priorité
nationale et régionale. »
Le monde arabe s’adapte depuis
des siècles au changement climatique. Cette région possède une longue histoire
et une grande tradition d’adaptation aux problèmes qu’il entraîne, comme les
variations de température et de précipitations. De nouveaux risques
apparaissent néanmoins à un rythme beaucoup plus soutenu, avec notamment la
perspective d’une hausse de 4 °C
de la température mondiale, de sorte que la résilience bâtie au fil des années
est mise à rude épreuve.
Élaboré en partenariat avec la
Ligue arabe, et faisant appel à des spécialistes, des chercheurs, des décideurs
et des organisations de la société civile de toute la région, ce nouveau
rapport sur le climat identifie et évalue ces risques. Il insiste sur le fait
que plusieurs décennies d’efforts de lutte contre la pauvreté pourraient être
réduites à néant, abondant sur ce point dans le sens de la récente publication
de la Banque mondiale intitulée Baissons la chaleur : pourquoi il faut
absolument éviter une élévation de 4°C
de la température de la planète.
Au cours des 30 dernières années,
les catastrophes climatiques ont touché 50 millions de personnes dans le monde
arabe, représentant un coût direct d’environ 12 milliards de dollars et un coût
indirect bien plus élevé encore. Les tendances récentes laissent à penser que
l’aridité des régions arides s’accentue, de même que la fréquence des inondations
soudaines. En 2006, l’inondation du bassin du Nil a fait 600 morts et touché
118 000 personnes. Jusqu’en 2008, le bassin du Jourdain a connu, quant à lui,
un record de sécheresse, qui a duré cinq années consécutives.
À l’échelle mondiale, l’année 2010 a été la plus chaude depuis que
les températures sont officiellement relevées, c’est-à-dire depuis la fin du
XIXe siècle, 19 pays ayant atteint des records cette année-là. Cinq d’entre eux
étaient des pays du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (MENA). Dans cette
région, les températures devraient atteindre de nouveaux sommets et les
précipitations diminuer si bien que, cette partie du monde étant celle où les
réserves d’eau douce sont les plus limitées, cette précieuse ressource
naturelle pourrait devenir encore plus rare.
Un climat plus rude menace les
moyens de subsistance dans toute la région. Des conditions météorologiques
extrêmes pourraient affecter à la fois le secteur du tourisme, qui génère
chaque année 50 milliards de dollars, et l’agriculture, déjà mise à rude
épreuve par le climat. La conjonction de l’élévation des températures, de
pluies plus sporadiques et de sécheresses plus fréquentes pourrait induire une
multiplication des mauvaises récoltes et une baisse des rendements, avec à la
clé des difficultés croissantes pour la population rurale de la région MENA,
qui représente près de la moitié de ses habitants. Les migrations vers des
villes déjà bondées et des zones côtières vulnérables pourraient s’accélérer.
Partant, le changement climatique pourrait avoir encore une autre conséquence :
le bouleversement des rôles sociaux traditionnels. En effet, ce sont
généralement les hommes qui migrent à la recherche d’un emploi peu qualifié et
mal rémunéré, les femmes restant seules pour assumer toutes les responsabilités
agricoles et communautaires.
« Le changement climatique est
tout ce qu’il y a de plus concret pour les populations des pays arabes, fait
observer Inger Andersen, Vice-présidente de la Banque mondiale pour la Région
MENA. Il concerne tout le monde, mais surtout les pauvres — qui sont les moins
à même de s’adapter. Et plus le climat devient extrême, plus ses effets sur les
moyens de subsistance et le bien-être des populations le sont aussi. L’heure
est venue d’agir sur le plan national et régional si l’on veut renforcer la
résilience face au changement climatique. »
Le rapport souligne que
l’adaptation doit être intégrée dans toutes les politiques et initiatives
nationales afin que celles-ci permettent une meilleure résilience aux aléas
climatiques. Il s’agit aussi bien de déployer des efforts pour recueillir des
données sur le changement climatique que de renforcer les services de base. Il
est essentiel de disposer d’informations météorologiques exactes pour pouvoir
se préparer à des événements extrêmes. Un meilleur accès à des services tels
que l’éducation, la santé ou l’assainissement, conjugué à des filets de
protection sociale efficaces qui permettent de compenser la perte soudaine des
moyens de subsistance, donnera aux citoyens les compétences et les ressources
nécessaires pour surmonter les difficultés que pose le climat.
Actuellement, le Groupe de la
Banque mondiale s’investit dans toute la région, s’efforçant d’aider les pays
et les populations à faire face aux effets délétères de l’évolution du climat.
Un projet lancé au Maroc finance l’intégration des mesures d’adaptation dans la
stratégie agricole nationale, tandis qu’au Yémen, on met l’accent sur une
gestion foncière plus efficace, tout en favorisant la recherche sur des
cultures résistantes à la sécheresse. Dans l’ensemble des activités qu’elle
exerce au sein de la région, la Banque se donne en outre comme objectifs
prioritaires le développement durable, l’amélioration de l’inclusion économique
et sociale et le renforcement de la gouvernance, autant d’ingrédients
essentiels à la mise en place et à la pérennisation de la résilience.
Source Banque Mondiale
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