Le premier ministre turc Recep Tayyip
Erdoğan a annoncé que son pays allait demander l'adhésion au « Shanghai Five »,
organisation regroupant la Russie, la Chine et les pays d'Asie centrale.
C'est
peut-être un tournant dans l'histoire houleuse des relations entre la Turquie
et l'Union européenne. Le premier ministre turc, Recep Tayyip Erdoğan, a, dans
une interview télévisée a annoncé son intention de demander l'adhésion de son
pays au « Shanghai Five », officiellement connu comme l'association de Shanghai
pour la coopération, qui regroupe la Chine, la Russie et quatre pays d'Asie
centrale (Kazakhstan, Ouzbékistan, Kirghizie et Tadjikistan).
En finir avec l'UE ?
Recep
Tayyip Erdoğan a clairement présenté cette adhésion comme un virage stratégique
majeur. Pour lui, il convient désormais de tourner le dos à l'Union européenne.
Les pays du « Shanghai Five » sont « meilleurs et plus puissants » que les pays
de l'UE, a-t-il affirmé. Et d'ajouter que si l'adhésion de la Turquie au «
Shanghai Five » est acceptée, « alors nous dirons au revoir à l'UE. » Une UE
qui, conclut-il, ne « veut pas d'un pays musulman en son sein. » Autrement dit,
Ankara tournerait le dos à 50 ans de flirt avec l'Europe.
Démonstration de force
Les
déclarations du premier ministre ne doivent sans doute pas être surestimées.
Elles entrent plutôt dans un rapport de force que la Turquie tente d'établir
avec l'UE. Depuis 2005, les négociations d'adhésion sont au point mort. « Recep
Tayyip Erdoğan a voulu dire aux Européens : « nous n'avons pas besoin de vous »
», explique ainsi le politologue Beril Dedeoğlu au quotidien autrichien Die
Presse. La Turquie peut se permettre cette provocation : son économie est
clairement plus dynamique que celle de l'UE. Sur la période 2020-2011, la
Turquie a connu une croissance annuelle de 5,2 %, soit plus que le Brésil, la
Russie ou la Corée du Sud.
Menace vaine ?
Pour
autant, une adhésion au « Shanghai Five » ne remplacera pas une entrée dans
l'UE. Cette organisation, fondée en 2007, est en effet une organisation assez
lâche dont les principales réalisations sont militaires et concernent des
manœuvres communes. Un aspect de peu d'intérêt la Turquie, membre de l'OTAN et
qui entend le demeurer. La menace du premier ministre est donc un « tigre de
papier », mais elle a pour vocation de rappeler cette menace : si l'UE ne veut
pas de la Turquie, Ankara pourrait se tourner vers d'autres régions : le monde
arabe ou l'Asie centrale...
Source
l’article LaTribune
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