Maghreb : une
démographie à double tranchant
Le chômage et l’insécurité
menacent la paix sociale
Des mesures sont à prendre
Alors que l’instabilité politique
arrive à son paroxysme en Egypte et en Tunisie, la situation économique est
dramatique. Le recul de l’autorité de
l’Etat dans ces pays pousse les investisseurs étrangers à plus de méfiance et
les IDE, tout comme les recettes touristiques, sont en constante baisse depuis
le début des bouleversements politiques.
L’ampleur
de ce choc économique sur le budget et la balance des paiements des pays
concernés a induit un ralentissement de la croissance, une accélération de
l’inflation ainsi qu’une remontée du chômage. Invitée au Forum de Paris -
Casablanca Round, Claire Spencer, spécialiste de la région Mena, estime que la
donne démographique de la région (75% de la population a entre 18 et 30 ans)
est un «atout énorme», qui peut constituer une base pour son décollage
économique. «Il s’agit certes d’une
opportunité que les pays européens, vieillissants, recherchent, mais il s’agit
aussi d’une arme à double tranchant».
En
effet, l’essentiel des difficultés
structurelles auxquelles les économies de la zone étaient confrontées avant les
évènements perdurent: chômage de masse chez les jeunes, fortes inégalités
interpersonnelles et interrégionales, tensions inflationnistes. En Tunisie,
chaque année 80.000 diplômés arrivent sur le marché du travail, alors que
l’économie dans sa structure actuelle ne peut pas offrir plus de 40.000
nouveaux emplois par an. En 2011, le ralentissement de la croissance (0 à 1% ,
contre 5,4% initialement prévus) dû à la période post révolutionnaire, cumulé
aux conséquences de la crise libyenne, au rythme élevé de sortants de
l’enseignement supérieur, à l’augmentation démographique de la population
active et aux difficultés du secteur
privé, est potentiellement de nature à porter le nombre de demandeurs d’emploi de
500.000 à 750.000 personnes. Une réalité qui, à quelques chiffres près, peut
être retranscrite sur le reste de la région.
L’accompagnement
des processus de transition par les bailleurs de fonds est donc crucial.
Parallèlement à des appuis financiers de court terme, la communauté des
bailleurs pourrait proposer aux gouvernements de transition de partager le
fruit des expériences internationales sur les mesures sociales d’urgence ainsi
que des dispositifs de solidarité plus pérennes. En effet, les gouvernements de
transition en Tunisie et en Egypte devront rapidement donner des gages à une
population dont les attentes sont fortes.
Pour
les analystes, des mesures sociales sont à prendre. «Pour pouvoir capitaliser
sur cette donne, les gouvernements se doivent de répondre aux revendications
sociales de cette frange de la population, laquelle peut soutenir, à court et
moyen terme, une croissance exceptionnelle», affirme Spencer. La période
révolutionnaire passée, les nouveaux gouvernements élus sont confrontés aux
mêmes difficultés économiques et sociales que leurs prédécesseurs, à savoir des
inégalités «horizontales» et «verticales», une forte vulnérabilité à
l’évolution du prix des denrées alimentaires, la faiblesse de la croissance des
emplois, la trop faible compétitivité des économies de la zone ou le défi de la
«montée en gamme» nécessaire à l’emploi des jeunes diplômés.
Par Abdessamad NAIMI _ Source
de l’article L’Economiste
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