Le projet de Promotion des organisations et des mécanismes de l’économie sociale et solidaire (Promess) vient d’être lancé en Tunisie.
Le lancement de ce projet a été annoncé lors d’un atelier organisé, mercredi 21 décembre 2016, par l’organisation internationale du travail (OIT), en collaboration avec le ministère de la Formation professionnelle et de l’Emploi, le ministère des Affaires sociales, l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat (Utica) et l’Union tunisienne de l’agriculture et de la pêche (Utap).
Impulser l’emploi dans les régions du nord-ouest
C’est dire l’importance de la collaboration étroite entre les acteurs institutionnels et de la société civile, appuyés par un organisme international, pour la concrétisation d’un projet financé par les Pays-Bas pour une période de 4 ans (2016-2019).
L’atelier, auquel ont pris part des experts nationaux et internationaux en matière d’emploi et des représentants d’associations actives dans le domaine des initiatives sociales et solidaires, a été consacré à la présentation du projet Promess, ses objectifs et ses composantes, ainsi que sur l’identification des activités clés répondant aux besoins directs de la société et des partenaires nationaux.
L’objectif assigné à ce projet est de mettre en place un environnement juridique et institutionnel favorable à une économie sociale et solidaire, structurée et organisée, pour en faire un moteur de développement d’emplois directs en faveur des jeunes. Il consiste également à booster les initiatives permettant de dynamiser le marché de l’emploi dans les quatre gouvernorats du nord-ouest de la Tunisie : Béja, Jendouba, Siliana et le Kef.
«Un budget de 3 millions de dollars US (7 millions de dinars tunisiens, MDT) est alloué à la réalisation de ce projet, qui vise à soutenir l’effort du gouvernement et de ses partenaires nationaux et internationaux pour la création d’emplois décents en faveur des jeunes, hommes et femmes, et à mettre en place un écosystème favorable au développement de l’économie sociale et solidaire», nous a confié Karim Toumi, coordinateur national principal du projet, qui n’a pas manqué d’évoquer les nombreux obstacles rencontrés dans la mise en œuvre de ce projet, notamment l’absence du cadre juridique réglementaire et des mécanismes financiers nécessaires.
Déplorant l’absence également d’une vision commune permettant de coordonner les efforts et de faire participer toutes les parties prenantes, Karim Toumi appelle à l’élaboration d’une stratégie de communication ciblant les mentalités, qui doivent évoluer pour effacer, dans le subconscient des Tunisiens, l’effet néfaste de l’ancienne expérience des coopératives qui a échoué dans les années 60 du siècle précédent.
Une économie sociétale inclusive
Le concept d’économie sociale et solidaire (ESS) reposant, essentiellement, sur les associations, les mutuelles et les coopératives, tel que défini depuis 1920 par l’OIT, a été présenté par Guy Tchami (OIT-Genève), qui a mis en relief la vocation participative en économie sociétale et inclusive et les expériences internationales de l’OIT en matière de micro-finance, un secteur déjà relativement développé en Tunisie et qui connaît actuellement un grand engouement.
Le succès de l’économie sociale et solidaire suppose aussi une bonne gouvernance, une gestion saine et une relation équilibrée avec l’économie informelle, l’économie verte, le développement local et les mécanismes de financement.
Pour Halim Hamzaoui, directeur par intérim de l’OIT-Maghreb, le but de ce projet est d’apporter le soutien financier et technique pour le gouvernement tunisien en vue d’aller de l’avant pour enraciner ce concept en conformité avec les principes du pacte social signé entre le gouvernement et les partenaires sociaux tunisiens et qui appelle à la révision du modèle de développement jusque-là en vigueur, en axant l’effort sur l’économie sociale et solidaire.
Tout en confirmant le soutien de son pays à la transition démocratique en Tunisie, sur les plans bilatéral et européen, Hans Van Vloten Disservelt, ambassadeur des Pays-Bas, a indiqué que la coopération tuniso-hollandaise en matière d’économie sociale et solidaire est basée sur un travail d’exploration de terrain permettant d’orienter les priorités vers les régions du nord-ouest qui disposent d’un important potentiel de compétences avec un intérêt particulier pour la femme eu égard à son esprit d’initiative et à sa présence accrue sur le terrain.
Se félicitant de la coopération constructive entre les différentes parties prenantes du projet Promess, le diplomate hollandais a exprimé son souci quant à la situation sécuritaire prévalant dans le pays et qui est en étroite corrélation avec la situation socio-économique du pays. Traduire : la stabilité est une condition de la réussite des programmes de développement et de la relance économique. «La Tunisie peut toujours compter sur notre appui et notre soutien pour mener à bien sa stratégie de développement avec toutes ses dimensions», a-t-il cependant insisté.
Outre la vulgarisation du cadre logique et du plan de travail du projet Promess, ainsi que des objectifs et de la méthodologie de travail de groupe adopté, les participants ont débattu, au sein de 3 workshops, du cadre législatif et institutionnel adapté, de la mise en place d’une plateforme nationale d’échanges sur l’ESS et du lancement des initiatives de l’ESS dans les gouvernorats du Kef et de Siliana, puis dans ceux de Béja et de Jendouba.