L’Union pour la Méditerranée, qui comprend 44 membres dont les 28 Etats membres et l’Union Européenne, avait été lancée en 2008 pour prolonger le processus de Barcelone, destiné à rapprocher l’UE des pays méditerranéens.
Après avoir souffert du chaos politique dans la zone, la structure tente désormais de développer des projets collaboratifs locaux plutôt que de grandes politiques régionales. Les 44 ministres des affaires étrangères de l’UpM se retrouveront aussi, en janvier prochain, pour évoquer les grands enjeux.
Fathallah Sijilmassi est un diplomate marocain, secrétaire général de l’Union pour la Méditerranée.
Où en est l’Union pour la Méditerranée ?
Il a été décidé de lancer une action sur plusieurs niveaux. Politique d’une part avec les rencontres de ministres, notamment des affaires étrangères en novembre 2015 et janvier 2017 à Barcelone. Mais aussi des questions plus techniques : le climat et l’environnement, les jeunes, les femmes. L’UpM n’est pas une enceinte de négociation, mais de coopération régionale.
Est-ce que les pays qui ont été le théâtre des révolutions arabes participent à l’Union pour la Méditerranée ?
Bien sûr, à l’exception de la Syrie, qui s’est autosuspendue du processus en 2011. La Libye a un statut d’observateur, parce que juridiquement le pays n’a pas pu rejoindre l’organisation. Autrement, tous ces pays sont présents.
Sur la question des réfugiés, on a vu intervenir beaucoup d’acteurs, mais pas l’Union pour la Méditerranée, comment se fait-il ?
L’UpM c’est une plate forme qui évoque ces questions, où l’on coopère et on peut éventuellement échanger. Mais ce n’est pas l’endroit où gérer ces enjeux. Nous avons la possibilité de pouvoir structurer des plates-formes ouvertes à la société civile, aux universités, aux collectivités locales, parce qu’il faut avoir une approche inclusive pour que les gens s’approprient le projet de l’UpM.
Les enjeux politiques représentent toutefois des obstacles ?
Si l’on n’arrive pas à résoudre des questions politiques lourdes, comme des conflits, nous pouvons néanmoins tenter d’avancer en favorisant des échanges au niveau local. Par exemple on a beaucoup d’activités où Palestiniens et Israeliens sont présents. Les acteurs vont au-delà des questions politiques en tant que telles, simplement pour être présents sur des enjeux concrets. Parce qu’il y a beaucoup de choses où les intérêts sont convergents.
Concrètement, en quoi consiste votre action ?
Nous coordonnons des projets régionaux. Nous avons besoin de démontrer que la coopération régionale a des effets bénéfiques à la situation dans la région. La dimension régionale facilite la compréhension des enjeux, et puis nos projets labellisés on un accès facilité aux financements.En tout, nous avons 47 projets en cours pour un montant de plus de 5 milliards d’euros, comme par exemple la dépollution du lac de Bizerte en Tunisie pour 90 millions d’euros.
Comment êtes-vous financé ?
Nous n’avons pas de financements directs, mais des financements de partenaires comme la Berd, la BEI, l’UE. Au secrétariat de l’UpM, nous nous consacrons surtout à l’ingénierie technique. Par exemple nous avons des scientifiques, des financiers qui préparent la connexion et l’éligibilité des projets aux exigences de bailleurs de fonds, mais aussi des membres de la BEI et de la BERD maison. Enfin il y a un enjeu d’ingénierie politique.
Que rapporte l’UpM, et à qui ?
Le label UpM est recherché par des investisseurs, parce qu’il n’y a aucune thématique qui ne peut trouver sa solution dans un cadre strictement national ou bilatéral.
Quels que soient les enjeux. Par exemple un réfugié qui part d’Iran et qui va en Suède, en Allemagne ou au Royaume-Uni traverse de nombreuses frontières. Il y a donc beaucoup de pays concernés par le sujet.
Et c’est la même chose pour le changement climatique. Il serait illusoire de penser qu’un pays seul pour faire face au défi du changement climatique. Intervenir au niveau régional donne déjà plus de sens qu’au niveau d’un pays.
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Par Aline Robert - Source de l'article Euractiv
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